Crèche et école

Tous les chemins mènent à l’après-secondaire

En 4e ou 5e secondaire, l’heure est largement venue de penser à la suite de son parcours scolaire

Votre ado est en 4e ou 5e secondaire ? Attention, sans que l’urgence ne soit absolue, l’heure est largement venue de penser à la suite de son parcours scolaire. Qu’il ou elle soit déjà sûr·e de ses envies, en pleine réflexion ou carrément au point mort, il n’est jamais trop tard pour se (re)questionner,  affiner son choix ou trouver la bonne piste à explorer.

► Il/elle sait déjà vers quoi s’orienter

Une passion depuis la petite enfance, une révélation il y a quelques mois, l’envie de perpétuer une lignée et de faire comme papa ou maman… Toutes les raisons sont valables d’avoir depuis longtemps ou quelques mois une idée bien arrêtée sur l’après-secondaire. Ici, pas de grandes réflexions à mener si le projet de votre ado tient la route. Par « tenir la route », on entend que ce projet soit réaliste. Envisager un métier scientifique si on se fait péter en maths tous les ans mérite sans doute des ajustements, par exemple.
Du côté des professionnel·les de l’orientation, pas vraiment de grandes lignes directrices à donner dans ce cas de figure. Deux conseils ressortent toutefois : multiplier les stages, les jobs de vacances, les expériences afin d’avoir une idée la plus concrète du métier et commencer à se créer un réseau professionnel qui pourra s’avérer extrêmement utile par la suite.

Lucas, 21 ans : « Depuis que j’ai 5 ou 6 ans, je suis passionné par les voitures. J’ai toujours voulu faire un métier qui tourne autour de cela. Ma première envie, c’était de faire de la mécanique dans un garage, donc de passer par une filière plutôt courte pour être le plus vite possible les mains dans les moteurs. Mais comme j’étais plutôt bon élève, particulièrement dans les matières scientifiques, sur les conseils de mes profs, j’ai décidé de continuer à l’unif en sciences de l’ingénieur. Après deux ans, j’ai passé un concours pour intégrer une école d’ingénieur à côté de Bordeaux, en France, qui proposait une spécialisation dans les métiers de l’automobile. Aujourd’hui, je suis dans la deuxième de mes trois années prévues. Pour moi, c’est vraiment l’idéal, j’adore ce que je fais, ça correspond complètement à ma passion et à la façon dont j’ai évolué intellectuellement. Ça a même renforcé mon projet de départ, puisque j’envisage une hyper spécialisation dans la compétition automobile, qui est pour moi ce qui se fait de mieux en matière d’innovation ».

► Il/elle a une vague idée

« J’aimerais bien faire un truc dans le sport ou dans le social, je sais pas trop ». Cette phrase, chers parents, vous serez sans doute nombreux à l’entendre. Pourquoi ? Tout simplement parce que si votre ado commence à se connaître un peu, il ou elle n’est pas encore capable de se projeter dans une profession, un domaine bien précis. D’où l’impossibilité de formuler concrètement une orientation.
« C’est le profil que nous recevons le plus souvent, indique-t-on chez Infor Jeunes. Très souvent, ce sont des jeunes qui ont commencé à réfléchir à leur orientation, mais en restant en surface. L’exemple le plus fréquent, ce sont celles et ceux qui se disent qu’ils ou elles veulent faire tourisme parce qu’ils et elles aiment voyager. Sauf que dans les métiers du tourisme, mises à part de rares exceptions, on ne voyage pas, on est au service de celles et ceux qui le font ».
Que faire alors ? Là encore, l’unanimité est de mise chez les pros de l’orientation : reprendre à zéro son projet en partant de ce que l’ado est, de ce qu’il ou elle aime en dehors de l’école. L’objectif : dégager de grandes lignes directrices qui permettront de choisir une voie non pas par défaut, mais parce qu’elle correspond déjà au profil de l’ado.

Marie, 19 ans : « Mon point de départ, c’était que j’aime les animaux. J’en ai toujours eu chez moi, que ce soient des chats, des chiens, des poissons, des canaris. J’ai toujours aimé m’en occuper. Donc, quand on me demandait ce que je voulais faire plus tard, je répondais toujours ‘Un métier en rapport avec les animaux’. Je suis arrivé en fin de secondaire avec toujours cette idée finalement assez vague… et surtout un niveau plus que moyen dans presque toutes les matières. Je suis allée dans un salon Siep pour essayer de voir ce que je pouvais faire. J’ai d’abord fait des tests de personnalité, puis pas mal discuté avec des conseillers et conseillères d’orientation. Avec tous les éléments que j’avais, j’ai pu construire un projet qui mêle à la fois mon amour des animaux, mon caractère tranquille, mon énergie naturelle et ma pratique d’un art martial. Mon choix : une formation pour devenir inspectrice de police, puis me spécialiser dans la brigade canine. Honnêtement, je n’avais jamais imaginé une seule seconde ce type de parcours, mais je dois avouer que ça me plaît terriblement pour le moment ».

► Il/elle ne sait pas du tout

Voilà peut-être ce qui est la plus grande inquiétude des parents dans le parcours scolaire de leur enfant. Unif, haute école, enseignement pour adultes (le nouveau nom de ce qu’on appelait la promotion sociale), entrée dans la vie active… arrivé·e en fin de secondaire, votre ado n’a absolument aucune idée de ce qu’il ou elle veut faire.
Ici, comme très souvent dans cette drôle de matière qu’est la parentalité, pas de recette miracle ou de cursus du genre prêt-à-porter. « Il y a des ados qui ont besoin de se planter pour trouver leur chemin, d’autres qui devront d’abord finir leur développement en tant qu’humain pour avancer et d’autres encore qui trouveront ce dont ils ou elles ont besoin dans le concret, à savoir un travail, pour peut-être se relancer dans des cours plus tard, souligne la psychologue Alexia Lesvêque. Ce n’est pas forcément toujours audible pour un parent, qui a des attentes, des projections pour son ado, mais, parfois, un parcours non linéaire peut être le bon parcours. Je dis souvent qu’il faut laisser sa chance à l’échec, aux hors-normes, aux dérapages, parce que c’est aussi une forme d’apprentissage ».

Nasser, 18 ans : « Après avoir eu mon CESS, j’étais nulle part. Pas de passion, pas d’envie, pas de projet. J’ai rien fait pendant trois mois et puis, j’ai eu la possibilité de partir six mois en Australie. Là-bas, j’avais des cours d’anglais le matin et je bossais dans l’Horeca l’après-midi et le soir. C’est un système très différent du système belge, très ‘marche ou crève’. J’en ai bavé les premières semaines, puis ça a été de mieux en mieux, au point que je suis finalement resté un an. Je suis rentré à Tournai il y a peu, je ne suis plus du tout le même. L’expérience m’a fait grandir, je suis plus mature, plus bosseur, plus conscient de la réalité de la vie, de ses contraintes. »

POUR ALLER + LOIN

Quel rôle pour les parents ?

Tiré de notre dossier Orientation en secondaire : l'avenir commence aujourd'hui de mars 2023, ce récapitulatif en quatre points reste tout à fait d’actualité.

  • Soutenir, motiver… sans mettre la pression : encourager ou inciter la prise d’initiatives en matière d’orientation est toujours une bonne idée. Votre ado a besoin de savoir qu’il ou elle peut compter sur vous pour se lancer en confiance dans ses projets. Ici, il n’est pas question de présence continue, mais plutôt de votre disponibilité à des moments clés.
  • Communiquer : maintenir une bonne communication entre parents et enfants reste un principe de base. Un principe qui va dans les deux sens. Vous avez des questions, des idées, des choses qui vous chiffonnent ? Parlez-en ensemble, éclaircissez les zones d’ombre en gardant simplement en tête que vous ne vous adressez plus à un petit enfant, mais à un quasi adulte. L’équilibre de la (bonne) communication réside beaucoup dans ce rapport.
  • Dissocier : votre parcours scolaire, vos choix professionnels, ce sont les vôtres, rien que les vôtres. Ceux de votre enfant lui appartiennent. Ce que vous avez envisagé pour lui, pour elle ne lui convient peut-être pas et c’est normal qu’il/elle cherche une autre voie, ce n’est pas un rejet de ce que vous êtes.
  • Accepter l’échec : certains parents refusent les erreurs d’aiguillage, les fausses routes ou encore le redoublement. Pourtant, l’échec peut aussi faire partie du processus : il aide à grandir, à reconsidérer son projet, à mieux savoir ce qu’on est prêt·e à faire ou pas. Tout cela à condition d’être accompagné·e pour que les éventuels échecs soient transformés en atouts et pas en boulets qu’on tire année après année.  
Pour retrouver plein d’infos sur celles et ceux qui sont là pour aider et conseiller votre ado, un article du Ligueur : L’orientation en pratique