Santé et bien-être

Votre enfant plisse les yeux pour voir loin ? Votre ado a du mal à lire au tableau ? Ce sont peut-être les premiers signes de la myopie, un trouble de la vue qui pourrait toucher une personne sur deux d’ici quelques décennies. On fait le point avec Lavinia Postolache, ophtalmologue pédiatrique à l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (HUB.), et Hadrien Verboomen, opticien spécialisé.
La myopie est un trouble de la vision dû, dans la majorité des cas, à un défaut de l’œil : celui-ci étant trop long, les rayons lumineux ne convergent pas correctement et l’image des objets éloignés se forme avant la rétine plutôt que sur la rétine. Avec pour conséquence que l’on voit net de près, mais flou de loin.
Le degré de myopie est indiqué en dioptries :
- myopie légère = dioptries entre 0 et -3
- myopie moyenne = dioptries entre – 3 et -6
- myopie forte = dioptries au-delà de - 6
Ça concerne qui ?
La myopie est de plus en plus courante. Si les causes de la myopie peuvent être génétiques, l’environnement joue également un rôle très important, surtout chez les enfants. Il y avait environ 312 millions d’enfants myopes dans le monde en 2015 (1) et 50% de la population mondiale pourrait être myope en 2050 (2). Pourquoi une telle augmentation ? Nos modes de vie changent. Les petit·es citadin·es sont de moins en moins exposé·es à la lumière du soleil, qui régularise la croissance de l’œil en stimulant la production d’une molécule appelée dopamine. L’omniprésence des écrans et des activités sollicitant la vue de près n’arrange rien. Les confinements semblent d’ailleurs avoir accentué la progression de la myopie chez les plus jeunes.
(1) World report on vision, Organisation mondiale de la santé, 2019.
(2) Global Prevalence of Myopia and High Myopia and Temporal Trends from 2000 through 2050, Holden & al., Ophtalmology, 2016.
Quand et comment la dépiste-t-on ?
Un premier dépistage des troubles de la vision est proposé par l’ONE pour les tout-petits. Mais la myopie due aux facteurs environnementaux apparaît en général entre 6 et 8 ans, voire plus tard. C’est pourquoi un dépistage est organisé à l’école, lors de la visite médicale.
« Pour éviter un faux diagnostic lors du premier examen, il faut absolument se tourner vers un·e ophtalmologue qui utilisera des gouttes pour paralyser l’accommodation des yeux », souligne Lavinia Postolache.
Que peut-on y faire ?
- Porter des lunettes (ou des lentilles de contact, pour les ados les plus soigneux) est essentiel pour voir bien et éviter des difficultés scolaires, mais aussi pour freiner l’évolution de la myopie. Il existe d’autres moyens de ralentir la myopie (gouttes, verres spéciaux…), à discuter avec l’ophtalmologue. Quant à la chirurgie, elle n’est envisagée qu’une fois la myopie stabilisée, après 18 ans.
- Rendre visite à l’ophtalmologue six mois après le diagnostic, et une fois par an ensuite.
- Passer du temps dehors pour profiter au moins une heure par jour de la lumière naturelle.
- Faire des pauses dans sa lecture pour regarder quelques minutes par la fenêtre et limiter son exposition « récréationnelle » aux écrans.

« Il ne faut pas que les parents s’inquiètent trop, ni qu’ils freinent leurs enfants dans leurs études ou lectures. La myopie n’est pas une maladie grave et il existe des solutions ! »
Comment choisir ses lunettes ?
- Des montures de qualité, car elles risquent d’en voir de toutes les couleurs.
- Des verres adaptés mais sans options superflues ou trop onéreuses, car ils seront renouvelés plus souvent que ceux d’un adulte.
- Un look qui plaît à leur jeune propriétaire, qui n’en sera que plus motivé·e à les porter.
- Un·e opticien·ne qui propose un bon service après-vente !
« La qualité du conseil et du travail technique est encore plus importante pour un enfant que pour un adulte, parce que l’enfant risque de ne pas se plaindre si ses lunettes ne sont pas parfaitement adaptées », note Hadrien Verboomen, opticien spécialisé à Ixelles
Combien ça coûte ?
- 12€ : coût d’une consultation chez un·e ophtalmologue conventionné·e à l’hôpital, après remboursement par l’INAMI.
- 50 € : prix moyen d’un verre avec une correction simple. Pour les enfants, ces verres peuvent être en grande partie remboursés par l’INAMI, sur base d’une prescription médicale émise par un·e ophtalmologue et d’une attestation de délivrance établie par un·e opticien·ne agréé·e.
- 100 - 150 € : prix moyen d’une monture de qualité. Une intervention forfaitaire de base est prévue par l’INAMI, mais elle est limitée et ne peut être utilisée que deux fois par enfant.
Renseignez-vous auprès de votre mutuelle pour connaitre les conditions exactes de remboursement des verres et montures, ainsi que les éventuels avantages supplémentaires auxquels vous avez droit.
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