Développement de l'enfant

6 mois, le temps des roulés-boulés

6 mois, le temps des roulés-boulés

Votre bébé découvre qu’il peut se mouvoir par lui-même. 6 mois, c’est le temps des roulés-boulés pas croyables. « Couchée sur le dos, notre petite Emma, âgée d’un peu plus de 6 mois, parvient à se mettre sur le ventre mais, une fois qu’elle est dans cette position, la situation est bloquée, relève Tristan, son papa. Souvent, elle n’est pas contente de rester sur le ventre… et de ne pas contrôler les choses. On doit alors accourir pour la remettre dans une position qui lui convient : c’est fatigant pour les parents… »

Les temps d’éveil de votre bébé deviennent plus longs. Vous avez à « gérer » ces moments, en ajustant votre disponibilité pour lui. Car, bien sûr, vous ne pouvez pas être constamment auprès de lui et vous concentrer exclusivement sur ce qu’il fait : même à la maison, vous avez un programme d’occupations sans lui.

Prendre, attraper, agripper, c’est d’actualité !

Depuis quelque temps, votre bébé est capable d’une coordination œil-main, ses gestes lui permettent d’explorer son environnement immédiat. Attiré par un objet, il avance la main et essaie de le saisir, souvent pour le mettre en bouche. Il aime agiter ses mains devant ses yeux et cherche à attraper ses petits pieds par des mouvements de bascule du bassin. « Attraper et prendre des objets reste pour le bébé de 6 mois un exercice hasardeux et difficile, car ses doigts agissent encore comme un tout qui se resserre avec la paume de sa main sur la chose convoitée, explique Reine Vander Linden, psychologue clinicienne. Mais il progresse, c’est sûr ! Il parvient par exemple – certes, maladroitement – à mettre sa tétine en bouche. Attraper et prendre deviendra une activité de plus en plus intéressante au fur et à mesure que sa dextérité augmentera. On croirait en tout cas qu’il sait que c’est en s’exerçant qu’il va devenir plus compétent. Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne, a dit : "Les mains sont les instruments de l’intelligence humaine." Les utiliser pour découvrir le monde autour de lui est, pour le bébé, la confirmation de cette observation. L’usage de ses mains s’affinera de plus en plus. Elles témoigneront, au fil de son développement, d’une intentionnalité : je prends, je lâche, je trace, je caresse… »
À 6 mois, votre bébé n’apprécie pas qu’on lui ôte des mains ce dont il s’est emparé. « Il résiste ! Comme s’il s’accrochait à une rampe et que cet objet en main lui donnait une certaine sécurité… Le lui retirer serait peut-être déstabilisant : ce serait le forcer à lâcher la rampe, lui faire perdre la sécurité trouvée. Néanmoins, le "lâcher-prendre" peut devenir un jeu que parent et bébé partagent dans la souplesse et qui provoque bien des fous rires », suggère Reine Vander Linden.

Reine Vander Linden - Psychologue
« Maria Montessori, médecin et pédagogue italienne, a dit : "Les mains sont les instruments de l’intelligence humaine." Les utiliser pour découvrir le monde autour de lui est, pour le bébé, la confirmation de cette observation »
Reine Vander Linden

Psychologue

Si, au cours de ses explorations, votre bébé vous fait mal en vous pinçant la joue ou en tirant sur vos cheveux, ce n’est pas intentionnel. « Et s’il vous voit réagir à la douleur, cela risque de l’intéresser…. et il recommencera ! Ce n’est pas parce qu’il explore votre visage que vous ne devez pas lui signifier clairement que, pour vous, ce n’est pas agréable, que votre intégrité est mise à l’épreuve. Il comprendra à un moment que c’est quelque chose qui gêne l’autre, même si, pour lui, c’est amusant. Lorsqu’un petit s’agrippe à vos cheveux et que vous souhaitez vous dégager de son emprise, caressez-lui le dos de la main, il l’ouvrira. »

Tout le corps en rotation

Tout ceci, vous l’observez depuis plusieurs semaines déjà chez votre bébé. Comme vous le dites, 6 mois, c’est aussi le temps des roulés-boulés : dos-ventre et ventre-dos. Maintenant, c’est son corps entier qui est en rotation et, s’il ne se déplace pas encore, ses mouvements le font bouger. Un bras passe au-dessus de la ligne médiane de son corps – une façon pour lui de se donner un élan – mais il ne réussit pas à se retourner à tous les coups : il peut bloquer avec l’autre bras en dessous de lui. Tous les bébés n’arrivent pas à se retourner et certains y arrivent mais pas complètement. « D’où une frustration, liée à une position inconfortable : ils sont tendus dans l’effort d’avancer et ils n’y parviennent pas, mais ils ne pensent pas à revenir en arrière parce que l’effort est un but en soi, dit Reine Vander Linden. Par ailleurs, quand ils sont sur le ventre, ils n’aiment pas toujours… Coincés dans une posture désagréable, ils pleurent : cela suppose alors l’intervention d’un adulte. »
Votre bébé gigote avec force. En faisant ses expériences, il gagne en assurance. Se mettre soi-même dans une position inconfortable, ce n’est pas la même chose qu’être mis – artificiellement – dans une position inconfortable. C’est ce qui peut arriver à 6 mois quand, pour lui permettre d’aborder visuellement le monde autrement, on maintient vaille que vaille un petit assis, soit en le calant dans un amas de coussins, soit en l’immobilisant avec les mains. À 6 mois, les bébés ne tiennent en général pas assis tout seuls. Patience…

Le parc, c’est sa liberté !

Avec votre bébé libre de ses mouvements, la simple couverture posée par terre ne suffit plus : par ses basculements, il la fait bouger, et puis, il est susceptible de quitter assez facilement ce périmètre et risque de se retrouver sur un sol froid ou pas très propre, de se cogner à un meuble ou de se coincer quelque part – c’est vite fait… Il est temps de remplacer la couverture par un tapis de gym ou un tapis-puzzle, plus adapté à ses mouvements. Disposer d’un parc est aussi une bonne solution, celle choisie par pas mal de parents actuels. Dans cet espace circonscrit, l’enfant est mis dans des conditions où il ne se fait pas mal… même si la personne qui s’en occupe s’éloigne un moment.
Le parc est aussi un espace que le bébé peut investir et s’approprier. « Alix sait rester de plus en plus longtemps seule dans son parc, confie Stéphanie. Il y a plein de choses accrochées aux barreaux : un tableau d’activités, un petit livre en tissu… Elle les "gère" comme elle l’entend. On sent qu’elle s’amuse toute seule. »
Votre bébé manipule, bouge, se retourne… et peut, dès lors, vite se retrouver dans une mauvaise posture. Vous pouvez le laisser chercher par lui-même une solution ou l’aider (un peu, beaucoup) à sortir de ce mauvais pas dans lequel il s’est mis. « La façon de réagir des parents est liée à leur sensibilité, observe Reine Vander Linden. Certains parents supportent que leur bébé pleure quelques minutes dans son parc parce qu’il est dans une position inconfortable, ils se disent qu’il retrouvera bien à un moment une meilleure position (à la limite, par le fait du hasard). C’est comme cela qu’il progressera… D’autres – souvent, des parents d’un premier enfant – ne supportent pas de voir leur petit en position inconfortable, ils craignent qu’il ne se fasse mal et ils ne sont pas certains qu’il pourra trouver par lui-même une meilleure position : ils auront une attitude plus interventionniste. Certains vont se rapprocher de leur bébé pour l’encourager par des paroles : "Vas-y, tu vas y arriver." Certains, aussi, vont sembler indifférents à ce qui se passe… À chaque bébé son parent ! »
« Je ne savais pas que c’était si programmé, un bébé, s’étonne une jeune maman. Tout ce que je lis sur le développement des bébés dans Le Ligueur et mon bébé, ma petite le vit. » Vous ouvrez-vous davantage à l’observation de votre bébé parce que vous avez lu des choses sur le sujet ou ce que vous lisez confirme-t-il ce que vous observez chez votre bébé ? Sans doute, un peu les deux… En tout cas, cela vous fait du bien.

L'AVIS DE L'EXPERTE

Un enchaînement de mouvements

Reine Vander Linden, psychologue en périnatalité 

J’ai envie de rebondir sur ces paroles de jeune maman : « Je ne savais pas que c’était si programmé, un bébé. »
Le développement de l’enfant passe par des étapes qui sont repérables chez tous les enfants. Certains les franchissent très vite, d’autres plus lentement. Certains, aussi, les traversent de façon particulièrement lisible, perceptible.
On assiste, chez tous, à un enchaînement de mouvements qui vont progresser. Les mains vont s’affiner, en même temps que le corps va se déployer dans une activité toujours plus ample. Si on peut se tourner, on a plus de latitude pour regarder, explorer, expérimenter… Vous, parents, allez voir que votre bébé va, à un moment, tourner la tête de façon plus large. Ou vous suivre du regard quand vous passez d’un côté à l’autre d’un endroit.
Toute interaction est une stimulation au mouvement, à la poursuite visuelle, à la poursuite manuelle : on veut toucher, on veut attraper, on veut manipuler… C’est sûr que si on laisse un bébé dans son lit ou son Maxi-Cosi, il n’aura pas du tout la même gestuelle qu’un bébé qui est porté, déposé par terre, laissé libre de ses mouvements…
Les frères et sœurs plus grands sont, eux aussi, des invitations à « se tortiller » dans tous les sens : le bébé suit leurs frasques. Et pour l’heure, il ne les dérange pas trop : il le fera quand il commencera à attraper leurs jouets, c’est-à-dire quand il se déplacera plus efficacement…

LES PARENTS EN PARLENT…

Quelle force !
« "Il a une de ces forces, votre fils", me disent les puéricultrices de la crèche. Et c’est vrai : on le met sur ses jambes et lui pousse dessus pour se mettre debout. Il a commencé à faire cela vers ses 4 mois. »
Driss, papa de Bilal

Le parc : un espace sécurisant
« Pour nous, le parc n’est pas un espace archaïque où l’on parque les enfants. Quand Louise était tout bébé, je la déposais déjà dans son parc, pour qu’elle soit avec nous dans le séjour. Petit à petit, cela est devenu un lieu sécurisant où l’on pouvait la laisser sans inquiétude. C’est, par ailleurs, un espace de rangement où les jouets sont stockés. Maintenant qu’elle a 2 ans, c’est aussi devenu un endroit où Ben, son petit frère de 6 mois, est à l’abri de ses assauts. Il n’y a pas de parc chez mes beaux-parents et ça manque à Ben, il y a juste un tapis par terre, le relax… et nos bras à tous. »
Solange, maman de Louise et de Ben

EN BREF

Il aime, il n’aime pas

  • Votre bébé adore prendre, attraper, agripper…
  • Il n’aime pas trop qu’on lui enlève des mains ce qu’il a pris.
  • Si, en explorant, il vous fait mal, sachez bien que ce n’est pas intentionnel.
  • Même s’il ne se déplace pas encore, il gigote beaucoup. Ses mouvements le font bouger et se retourner. Alors, redoublez de vigilance !
  • Le parc : un meuble bien utile pour votre bébé et pour vous. La garantie qu’il est dans un espace sécurisé.