Grossesse

On l’appelle « l’accouchement à domicile avec assistance ». Les mamans donnent naissance chez elles, tout en étant accompagnées d’une ou deux sages-femmes.
Mathilde est la maman de Mathis, 2 ans et demi, et d’Iris, 3 mois. Pour ses deux enfants, elle a accouché à domicile. « C’était évident que je ne voulais pas accoucher à l’hôpital. Je souhaitais être entièrement respectée quant à mes choix et mon autonomie. Et j’avais envie que mon intimité soit préservée ».
En Wallonie, en 2019, le Centre d’épidémiologie périnatale comptabilisait 113 accouchements à domicile programmés en présence d’un·e professionnel·le. À Bruxelles, il y en a eu 41. Additionnez : ça fait 154 naissances sur les 57 197 comptabilisées dans ces deux Régions cette année-là.
Ces chiffres sont infimes, mais néanmoins plus élevés que ceux des maisons de naissance. Murielle Conradt, vice-présidente de l’Union professionnelle des sages-femmes de Belgique (UPSFB), explique la motivation des mamans à accoucher chez elles. « Elles s’y sentent mieux et elles peuvent en plus intégrer leur famille à cette expérience. Les femmes ont besoin d’accoucher dans un lieu où elles se sentent en sécurité, que ce soit à l’hôpital, en maison de naissance ou à domicile ».
Se préparer à l’accouchement
Dès le début de leur grossesse, ces mamans commencent par chercher la sage-femme qui les accompagnera. Pour son premier accouchement, Mathilde l’a trouvée sur le site de l'UPSFB. Pour le second, elle a fait fonctionner le bouche-à-oreille.
Un travail de préparation se met ensuite en route. Rikke Qvist est sage-femme depuis vingt-cinq ans et exerce l’accouchement à domicile depuis dix-sept ans. « Durant les premiers mois de la grossesse, on voit les couples une fois par mois et, pour les dernières semaines, une fois par semaine. Avant le jour de l’accouchement, on va visiter au moins deux fois le domicile. On connaît les lieux, on sait où se parquer et on veille à ce que l'endroit de l’accouchement soit facilement accessible en cas de transfert à l’hôpital. Si, par exemple, la maison est composée d’un escalier en colimaçon, nous interdisons à la maman d’accoucher en haut ».
Le jour J
Au moment où Mathilde a senti qu’elle allait accoucher, elle a appelé sa sage-femme qui s’est rendue sur place pour commencer l’accompagnement. Rikke Qvist procède de la même manière avec toutes les mamans. « Quand le travail est lancé, j’appelle une autre sage-femme pour me seconder. Nous commençons le suivi. Nous écoutons le cœur du bébé, nous soutenons la maman pendant les contractions, nous l’informons quand c’est le moment de pousser, etc. ».
Certaines femmes enceintes ne sont pas autorisées à accoucher chez elles. Les critères pour l’accès à l’accouchement à domicile sont exactement les mêmes que pour celui des maisons de naissance (voir partie En maison de naissance : au naturel mais en dehors de l’hôpital) : la grossesse ne doit absolument pas être à risque. Nos interlocuteurs et interlocutrices le déconseillent pour les premiers bébés.
De la même manière, en cas d’imprévu ou de nécessité, un transfert vers l’hôpital est organisé. Rikke Qvist en a déjà vécus. « Nous préférons aller une fois de trop à l’hôpital qu’une fois trop peu. Nous sommes vigilantes et observons attentivement les micro-changements liés à l’état de la maman. Une chose que des sages-femmes en hôpital ne verraient pas forcément étant donné qu’elles ne sont pas en permanence aux côtés de la maman. En cas d’urgence, nous disposons du matériel requis pour éviter tout dégât. Par exemple, nous avons de quoi clamper le cordon, de quoi faire une épisiotomie ou rompre la poche si nécessaire, de quoi réanimer l’enfant ou suturer le périnée de la maman. Si la maman fait une hémorragie, nous mettons immédiatement une perfusion et appelons l’hôpital pour un transfert. Dans la majorité des cas, quand nous opérons un transfert, c’est par pure sécurité et pour des cas non urgents ».
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À domicile sans assistance, un accouchement « par hasard » ?
Parmi les accouchements extrahospitaliers, on retrouve les accouchements à domicile sans assistance. Ils sont comptabilisés, mais classés dans la rubrique « accouchements inopinés ». En 2019, le Centre d’épidémiologie périnatale en comptait 67 en 2019 et 36 à Bruxelles. Pourquoi « inopinés » ? Ces derniers sont rarement voulus et ont souvent lieu « par hasard ».
C’est le cas de Julie*, qui a accouché de son deuxième enfant, Arthur*, en février dernier. « Cela a été très vite, j’ai eu des contractions au milieu de la nuit et, le temps que je réalise que c’était bien un travail actif, que j’avais l’impression de pousser, mon compagnon voyait la tête de mon fils. Trois minutes plus tard, il était là ». Des cas rares, mais qui existent.
À côté d’eux, il arrive que des mamans choisissent délibérément d’accoucher seules. Florence Guiot, présidente de la Plateforme pour une naissance respectée, ne dispose pas d’études ou de statistiques sur leurs motivations. Elle constate néanmoins que ces dernières « ont souvent vécu des maltraitances au moment d’un accouchement précédent ou ont été traumatisées par l’hôpital pour d’autres raisons. Elles ont une trouille bleue de retourner en clinique et préfèrent coûte que coûte ne pas avoir affaire à un personnel de la santé. Nous respectons leur décision, mais ce n’est pas une solution que nous préconisons. Le suivi médical reste une plus-value à ne pas minimiser ».
* Prénoms modifiés
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