Développement de l'enfant

Les vacances, c'est l’occasion de se prélasser sur la plage ou à la piscine. Le hic : votre enfant ne sait pas encore nager. Entre cours à l’école, cours privés et techniques maison, on fait le point sur les possibilités pour apprendre à vos enfants à nager. Allez, tous à l’eau !
Pour beaucoup de parents, apprendre aux enfants à nager est une mission qui revient à l’école, tout comme celle d’apprendre à lire ou à écrire. Le cours d’éducation physique fait en effet partie de la formation commune obligatoire dans l’enseignement primaire.
La circulaire de la Fédération Wallonie-Bruxelles précise que des cours de natation sont normalement régulièrement donnés et fixe des objectifs : « Au terme de la 6e primaire, les élèves doivent être capables de flotter, de se propulser et de nager. Cet apprentissage est assuré par un maître spécial d’éducation physique ».
Dans les faits, malheureusement, ces cours de natation sont souvent supprimés. Nathalie Camus, professeure d’éducation physique, explique : « Les écoles sont libres d’organiser comme elles le souhaitent les deux heures d’éducation physique hebdomadaires. D’un point de vue pratique, organiser des cours de natation n’est pas toujours réalisable. Où j’exerce, nous avons la chance d’être situés à quelques centaines de mètres d’une piscine, mais ce n’est pas le cas de toutes les écoles. Il n’y a pas toujours de piscine à proximité (par exemple, dans les villages) et s’y rendre prend trop de temps. Si, sur l’heure de sport, les élèves ne passent que dix minutes dans l’eau, cela ne vaut pas la peine. Parfois, même quand il y a des piscines pas trop loin, celles-ci sont bien souvent surchargées et il n’est plus possible de réserver des couloirs pour les écoles. Enfin, les règles d’assurances, tant pour les écoles que pour les piscines, sont de plus en plus strictes, ce qui complique encore l’organisation des cours de natation ».
Des freins multifactoriels
Autre point d’attention : le manque de personnel pour encadrer les élèves. Le SeGec recommande la présence de deux adultes accompagnants de l'école au bord de la piscine en plus du professeur d’éducation physique et du maître-nageur. « Avec la pénurie de personnel dans l’enseignement, c’est impossible pour beaucoup d’écoles qui préfèrent alors, par mesure de sécurité, supprimer le cours », commente Nathalie Camus.
Côté parents, il y a aussi des freins. « Financièrement, d’abord, pour les familles moins favorisées », précise l’enseignante. Ensuite, parce que certains parents ne font pas le suivi nécessaire. « Chaque semaine, des enfants viennent au cours sans leurs affaires et c’est à nous, professeurs, de prévoir des maillots et des serviettes en supplément, puis de les laver nous-mêmes. Enfin, au moindre petit rhume ou dès qu’il fait un peu froid, certains parents demandent à ce que leur enfant soit dispensé de cours. »
Pour toutes ces raisons, on n’apprend plus à nager à l’école comme il y a vingt ans. Pour l’enseignante, même si cette situation est regrettable, jeter la pierre uniquement aux écoles est un peu trop facile. « Bien sûr, les écoles ont un rôle à jouer, mais apprendre à nager aux enfants est une responsabilité à partager avec les parents ».
Muriel Deneys, professeure de natation au club de sport de Strombeek-Bever, estime pour sa part que les cours de natation avec l’école sont mal organisés. « Les cours de natation devraient être organisés par niveau et non par classe. Un enfant de 6 ans n’est pas l’autre. Selon qu’il a été familiarisé avec la piscine ou pas, son rapport avec l’eau et donc ses capacités d’apprentissage seront différentes. Par ailleurs, les leçons devraient être données par des enseignants spécialisés, ce qui n’est pas toujours le cas. Enfin, les groupes sont beaucoup trop grands et les élèves les moins doués sont souvent mis à l’écart car on ne peut pas ‘ralentir’ toute la classe pour trois ou quatre élèves ».
L’alternative : prendre des cours
Pour que leurs enfants apprennent à nager, de nombreux parents optent donc pour des cours de natation privés. Selon Bénédicte Ferrière, professeure d’éducation physique dans un établissement scolaire et professeure de natation dans le privé, l’âge idéal pour commencer les cours, c’est 5 ans. « À cet âge, la coordination des mouvements est optimale. Plus tard on s’y met, plus c’est difficile car les peurs sont amplifiées ».
« En 3e maternelle, les enfants sont capables d’écouter, de suivre des instructions et ont envie de montrer ce qu’ils savent faire. Ils sont capables d’apprendre en groupe et pas uniquement de façon individuelle », ajoute Muriel Deneys.
Certains facteurs facilitent également l'apprentissage de la natation. « Plus l’enfant sera familiarisé avec l’eau, plus l’apprentissage sera facile », précise Bénédicte Ferrière. Aller régulièrement à la piscine avec son enfant est très positif. S’y rendre deux ou trois fois par mois dans l’année précédant les cours permet à l’enfant de s’habituer au bruit, à l’odeur, à la température de l’eau, à son étendue, etc. ».
Muriel Deneys confirme : « Les premiers contacts avec l’eau doivent avoir un caractère ludique. On joue dans l’eau, on saute dans la piscine, on se lance une balle, on va sur le toboggan… autant d’éléments qui permettront à l’enfant d’être en confiance ».
Pour les parents qui n’ont pas eu l’occasion de le faire, Muriel Deneys conseille de préparer l’enfant à son premier cours : « L’idéal est de venir visiter la piscine quand il n’y a pas trop de monde, que l’environnement est calme et qu’il n’y a pas trop de bruit ».
Cours particuliers ou cours collectifs, que choisir ?
Pour nos expertes, cours particuliers et cours collectifs présentent chacun des avantages différents. Les cours particuliers sont très efficaces car l’enfant est suivi individuellement. « Au niveau rapidité d’apprentissage, c’est le top », assure Bénédicte Ferrière. « Si l’enfant a très peur, mieux vaut aussi opter pour un cours privé. Le prof s’adaptera alors au mieux aux capacités de l’enfant ».
Toutefois, les cours collectifs ont aussi des avantages. En groupe, la motivation est parfois plus forte. « On veut se surpasser, être le meilleur, faire comme les copains », explique Muriel Deneys. Notons toutefois que pour que l’apprentissage en groupe collectif soit efficace, il faut que celui-ci ne soit pas trop grand. « Six à huit élèves, c’est la taille maximale. Au-delà, on ne peut pas suivre suffisamment les enfants », assure Bénédicte Ferrière. Enfin, autre point à ne pas négliger, financièrement, c’est aussi beaucoup plus accessible que les cours particuliers.
Dans tous les cas, il vous faudra être patient pour obtenir des résultats. Bénédicte Ferrière confirme : « Il faut compter une bonne année, à raison d’un cours par semaine, pour s’accoutumer à l’eau (respirer sous l’eau, souffler, flotter, faire de bons battements de jambes). Après, seulement, on passe à la nage de survie (sauter dans l’eau, se mettre sur le dos et retourner au bord), puis seulement à la brasse qui est plus compliquée car les mouvements des bras et des jambes sont différents et doivent être coordonnés ».
Les élèves sont classés par niveau et, trois fois par an, des tests sont organisés pour voir si les enfants peuvent passer dans le groupe suivant. « Il faut prendre le temps, poursuit-elle. À Pâques, la demande pour les cours particuliers de natation explose car les parents veulent que leur enfant sache nager pour les vacances. Mais il faut être réaliste, on n’apprend pas à nager en trois mois. C’est aussi valable pour les stages de natation où l’on vous promet que votre enfant saura nager à la fin de la semaine : là, j’ose dire que c’est carrément de l’arnaque ».
Bref, pour les parents qui ont le temps et les moyens, inscrire ses enfants au cours de natation semble être une bonne solution. Toutefois, ne nous réjouissons pas trop vite, il y a aussi un hic. « Comme les enfants n’apprennent plus à nager à l’école aussi bien qu’avant, la demande dans les clubs privés explose. Pour les cours collectifs, la liste d’attente est parfois de deux ans, assure Muriel Deneys. Pour les cours particuliers, la liste d’attente est moins longue, mais ce n’est pas forcément accessible à toutes les bourses ».
Ton prof, je serai !
Il vous reste alors comme option d’apprendre vous-même à nager à votre enfant… bien que nos deux expertes ne soient pas trop favorables à cette méthode. « Tout d’abord, la casquette de parent n’est pas la même que celle de professeur. L’enfant va sans aucun doute moins bien écouter, plus se plaindre, vouloir arrêter, etc. », argumente Bénédicte Ferrière.
Par ailleurs, les risques sont réels. La flottaison, ça ne s’apprend pas n’importe comment. On risque aussi d’apprendre des mouvements incorrects aux enfants qu’il sera très difficile de corriger par la suite. « Apprendre à un enfant à nager nécessite de suivre une vraie méthode, confirme Muriel Deneys. On apprend d’abord à mettre la tête sous l’eau et à souffler par le nez. La respiration est très importante. L’une des erreurs les plus fréquentes est de vouloir apprendre les mouvements trop rapidement sans laisser à l’enfant le temps de s’accoutumer à l'eau. Par ailleurs, beaucoup de parents tentent d’enseigner directement la brasse à leurs enfants alors qu’il faut commencer par apprendre à faire la planche, à faire la flèche, à battre des pieds et ensuite, on continue par le dos crawlé ».
Nos expertes conseillent plutôt aux parents de se contenter de favoriser l’apprentissage de la nage. Par exemple, si l’enfant a suivi des cours toute l’année, on peut le laisser nager sans bouée tout en le surveillant de très près. Pour un enfant qui n’a encore jamais suivi de cours et qui ne connaît pas ses limites, le mieux est de se limiter à la familiarisation avec l’eau via le jeu. L’astuce de Bénédicte Ferrière : pour encourager votre enfant à faire des mouvements, vous pouvez légèrement dégonfler ses bouées.
Patience et prudence
Bien sûr, si vous vous sentez d’attaque, que vous avez le sens de la pédagogie et que vous êtes ultra motivé, rien de vous empêche d’essayer. « Si vous souhaitez profiter des vacances pour apprendre les bases de la nage à vos enfants, quelques accessoires seront nécessaires. Notamment une ‘frite’, une planche et des petits cerceaux qui coulent au fond du bassin pour encourager l’enfant à mettre sa tête sous l’eau », déclare Muriel Deneys.
La spécialiste conseille aussi de limiter les sessions d’apprentissage à une heure avec une pause tous les quarts-d’heure : « Quand l’enfant s’est bien concentré sur un exercice, on le laisse jouer quelques minutes ». Une petite récompense qui lui permet de rester motivé pour la suite.
Muriel Deneys invite surtout à la patience et à la prudence : « Ne vous énervez pas et ne soyez pas trop exigeant, au risque de dégoûter votre enfant. Enfin, soyez extrêmement prudents. Si votre enfant n’a pas ses bouées, ne le quittez pas des yeux, même dans la petite profondeur. On peut mourir noyé en moins d’une minute. C’est encore plus vrai si vous vous baignez dans un lac ou dans la mer », conclut-elle.
G. H.
Des parents en parlent...
Hyper à l’aise
Chloé va à la piscine avec l’école tous les quinze jours depuis la 2e maternelle. Depuis son plus jeune âge, je l’emmène à la piscine régulièrement et elle est hyper à l’aise dans l’eau. Je pense donc que les cours dispensés à l’école suffiront.
Maëlle, une fille de 5 ans
Pour la sécurité
Mes enfants n’ont jamais eu de cours de natation car il n’y a pas de piscine publique dans notre commune. L’année de leurs 6 ans, ils ont tous suivi des cours collectifs, avec des résultats très concluants. Pour moi, c’était primordial car ça permet de profiter des sorties en famille et des vacances l’esprit tranquille.
Coralie, trois garçons
Responsabilité et finances
Les cours de piscine ont été supprimés à l’école de mon fils à cause de la question de la responsabilité en cas d’accident. Je trouve cela vraiment dommage et cela m’oblige à payer des cours privés qui n’étaient pas vraiment prévus dans mon budget.
Aurélie, un fils de 7 ans