Vie pratique

Depuis 2015, la Ligue des familles donne à voir les tribus d’aujourd’hui à travers des informations chiffrées qui guident son action. C’est le Baromètre des parents, un outil précieux qui est aussi utilisé en dehors de l’association parentale. Il fait, par exemple, office de boussole lorsqu’il s’agit de mettre en place des politiques familiales au niveau des gouvernements.
Ce Baromètre livre des pourcentages*. Il permet ainsi de conclure qu’en Fédération Wallonie-Bruxelles, 54% des tribus sont des familles dites classiques. 20% sont recomposées. 26% sont monoparentales. Depuis sept ans, ces proportions sont relativement stables. Mais ce n’est pas le cas pour toutes les données.
Dans ce Baromètre 2022, un élément nous a frappés. Il est lié au budget des familles. Les crises successives ont, en effet, amené de la tension pécuniaire dans plusieurs tribus. Cela touche à de nombreux domaines, de la santé aux loisirs en passant par le paiement des contributions alimentaires ou encore la prise de congés.
Nous faisons le point ici, en prenant un peu de hauteur économique et psychologique.
*Cette enquête d’opinion a été réalisée par l’institut de sondage Ipsos, via un questionnaire en ligne, du 19 septembre au 5 octobre 2022. La durée moyenne de réponse était de quinze minutes. Ont été ainsi sondés 1 000 adultes de 18 ans et plus, vivant au moins à temps partiel avec au moins un enfant ou bel-enfant de 0 à 25 ans, résidant en Wallonie ou à Bruxelles.
« Cela ne m’étonne pas, on ressent une certaine inquiétude un peu partout, en tout cas dans notre entourage, explique Jean-Yves, papa trentenaire d’une petite Chloé. De notre côté, nous n’avons pas encore reçu le décompte de notre fournisseur d’énergie. On évite certaines dépenses, par précaution. On compte nos sous. On était moins regardant avant. »
En discutant avec vous, parents, des résultats de ce Baromètre des parents de la Ligue des familles, la surprise n’est pas vraiment au rendez-vous. Les finances familiales sont pour beaucoup d’entre vous une source de préoccupation, voire parfois d’inquiétudes. Quand vous dites « avant », c’était avant les crises successives, et surtout l’énergétique qui a fait flamber le coût de l’électricité et du gaz.
Un exemple ? Le télétravail. Celui-ci a reçu un fameux coup de boost depuis le confinement lié au covid. Les habitudes ont changé. Le boulot depuis la maison s’est établi de façon structurelle dans de nombreuses entreprises. Avec, pour celles et ceux qui l’ont choisi, un plus pour la conciliation entre vies privée et professionnelle. Mais voilà, ce télétravail a une conséquence, il faut chauffer la maison ou l’appartement aux heures de bureau. Résultat, 44% des papas et des mamans qui télétravaillent s’inquiètent de l’augmentation des charges.
Autre signe de cette tension budgétaire accentuée, la perte de rémunération due à la prise d’un congé parental. Il y a deux ans, cela représentait une difficulté pour 49% des parents qui y avaient recouru. Aujourd’hui, ce pourcentage grimpe à 57%. Ce n’est pas anodin. Surtout si on confronte ce chiffre à un autre, épinglé dans les raisons principales invoquées par les pères qui ne prennent par leur congé de paternité, pas assez rémunéré selon la Ligue des familles. Il y a deux ans, la perte de revenu n’était avancée que par un papa sur dix. Aujourd’hui, c’est le cas pour un père sur cinq. Soit deux fois plus.
De plus en plus de familles seraient donc fragilisées dans leur budget. Au point de reporter des soins à un enfant ? Oui, et de plus en plus. Plus d’une famille sur quatre (28%) est concernée. Ce pourcentage donne raison à la Ligue des familles qui réclame un maximum à facturer de 500€ par an pour l’ensemble de la fratrie (contre 732€ par enfant actuellement). Ou encore de mieux rembourser lunettes, appareils dentaires, ou autres semelles orthopédiques qui coûtent cher aux familles.