Loisirs et culture

Cloé Du Trèfle : de l’enfant à la co-maman

Musicienne, Cloé Du Trèfle vit de son art et multiplie les expériences. Une des dernières en date, Brûler Danser l’a vue collaborer lumineusement avec Lisette Lombé. L’occasion de brosser un portrait entre chance et vision réfléchie.

Intérieur jour. Années 80. Touches blanches et noires. Une petite fille de 7 ans joue au piano. Dans sa tête déjà, les notes stimulent l’imaginaire. La petite Cloé s’est trouvé un moyen d’expression. Perso. Riche. Elle invente des chansons qu’elle interprète devant sa grand-mère. Elles sont notées dans un petit carnet. Début d’une vocation.
« Quand j’étais petite, j’étais dans ma bulle. Inventer des chansons me procurait des émotions fortes et intenses ». Vient la première guitare offerte à 12 ans. Puis l’enregistrement de ses compositions sur un petit magnéto à K7. Une logique se met en place. Écrire. Expérimenter. Composer.
Après les secondaires, voyage aux États-Unis et petits boulots. Ensuite rentrée à l’Ihecs, l’institut des hautes études en communications sociales, à Bruxelles, rue de l’Étuve. La vocation s’engage dans une voie plus concrète. Les ami·es poussent la jeune fille, « J’étais plutôt réservée », à se produire en concert. À l’Ihecs, il y a comme une émulsion de groupes. Sur les bancs de l’école, ces dernières années, on a vu passer des membres de Mud Flow, Glauque, Girls in Hawaii, Lucy Lucy, Balimurphy, Ulysse… Et Cloé ? Son groupe s’appelait Clover’s Cloé. Clover comme trèfle. Logique imparable.

Rencontres et opportunités

Fin des années 90, un concours permet à son band de figurer sur l’affiche du festival de Dour. Les envies et le culot sont dopés. Un CD est autoproduit et gravé. Cloé en prend une petite caisse et s’invite dans les couloirs de la RTBF. « On est en juin, en plein blocus et je fais ma pub ». Elle ne le sait pas, mais parmi les personnes qui prennent son disque, il y a Rudy Léonet qui anime une émission le soir. Cloé téléphone à une copine, elle écoute la radio en sourdine, puis entend un de ses morceaux diffusé sur antenne. Émotion intense.
Lorsqu’elle raconte tout cela, Cloé conserve une belle humilité. Pas de forfanterie. Elle égraine son parcours cohérent, émaillé de rencontres et d’opportunités saisies. Chanceuse ? « Oui, je m’estime chanceuse, mais je suis aussi une bosseuse ». 

« La musique est assez sacrée pour moi. Artistiquement, humainement, je suis très sélective dans les projets que je prends »
Cloé Du Trèfle

Après Dour, le groupe s’est séparé assez vite. « J’ai eu besoin de me retrouver toute seule avec une autre couleur sonore », concède Cloé. Cela lui permet d’aller plus loin. D’entendre les conseils et de les incorporer à son univers. « La musique est assez sacrée pour moi. Artistiquement, humainement, je suis très sélective dans les projets que je prends ».
Son label lui conseille de sortir un album en français. Ce sera Sapristi ! Exclamation de surprise en 2004 pour ce défi relevé. Il sera suivi de Microclimat qui lui permet d’ajouter à son tableau d’honneur le prix Coup de cœur de l’Académie Charles-Cros, en France.

Voix de parent

Entre l’infime et l’infini, c’est le titre d’un album qu’elle partage avec sa compagne, la violoncelliste Céline Chappuis. Cette connivence artistique se double d’une autre aventure en duo. Celle de la parentalité. « Nous sommes en couple depuis sept ans et là, maintenant, nous avons un petit Léon qui a 1 an et quelques mois. C’est ma compagne qui l’a porté ».
Au départ, être co-parent n’était pas le projet de vie de Cloé. Mais la réflexion a fait son chemin dans ce couple « où on se soutient beaucoup ». Elle a fait une reconnaissance prénatale de Léon qui aujourd’hui aime déjà composer en tapant sur les casseroles familiales.
« Personnellement, d’un point de vue musical, l’arrivée de Léon a surtout changé mon rapport à la voix. Durant le confinement, je ne chantais plus. Là ce n’est plus le cas. Quand je chante, ça l’apaise, où ça le fait danser. On est loin du processus où je chantais pour raconter une émotion personnelle. »

Une trajectoire chamboulée

Comme beaucoup, la crise sanitaire a chamboulé la trajectoire de cette musicienne aux talents multiples. Des projets sont oubliés, d’autres naissent. Insolites. Elle imagine et commercialise des vinyles recyclés où se découpent des silhouettes citadines. Elle met en musique des Apéros-Gym virtuels de Virginie Hocq.
Mais la période de confinement a aussi permis de développer un des projets artistiques phare de 2023 en Fédération Wallonie-Bruxelles, Brûler Danser, avec la plume slameuse de Lisette Lombé. Tournée, sortie d’un vinyle. « Cela a été super inspirant. ‘Du travail épaule contre épaule’, comme dit Lisette ». Collaboration marquante, aussi, avec Marie Darah, autre voix emblématique du slam. Ce sont des projets, sur la durée, mûrement pensés.
« Aujourd’hui, tu dois quasiment proposer l’image pour donner aux gens l’envie de cliquer avant d’avoir composé un morceau. Moi, j’aime les projets artistiques réfléchis sur plein d’angles différents. »
Et le public ne s’y trompe pas. À l’heure d’écrire ces lignes, plus de trente dates sont déjà réservées dans l’agenda de Cloé, de mars à décembre, rien que pour ces deux collaborations.

EN SAVOIR + : biographie, concerts, extraits, liens, etc. sont à retrouver ici

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