Développement de l'enfant

Les pleurs sont, pour votre bébé, un moyen d’exprimer que quelque chose ne va pas. De votre côté, vous décodez de mieux en mieux les raisons de ses pleurs. Vous ne vous demandez plus (avec angoisse) ce qu’il veut vous signifier par là, vous vous dites juste parfois que vous n’arrivez pas à le consoler…
Il y a toujours les pleurs de faim – des pleurs de revendication. Mais ce ne sont plus les hurlements désorganisés du début de vie, votre bébé chuine plutôt. Il devient plus patient grâce à vos paroles rassurantes : « Je t’ai entendu, j’arrive… » Il pleure parce qu’on le dérange ou qu’il est dans une position inconfortable : là, il râle. Il y a les pleurs de fatigue : vous le déposez dans son lit, il pleure un peu, c’est comme une plainte, puis ça passe. Bien sûr, si cela ne passe pas, sachez qu’il n’y a aucune vertu éducative à laisser pleurer un si petit enfant. Si vous pouvez l’apaiser en le prenant dans vos bras, faites-le ! Il pleure aussi parce qu’il s’ennuie. Proposez-lui une petite balade (dans la maison ou à l’extérieur), mettez-le sous un mobile, installez-le dans un relax près de vous pour qu’il vous voie et entende. Il a besoin de changement.
Face aux coliques, des petits trucs et remèdes
Et puis, au chapitre des pleurs, on trouve les fameuses coliques et les non moins célèbres pleurs du soir. Explications avec Micheline Cleeremans, sage-femme à domicile.
Les coliques sont souvent liées à l’immaturité du tube digestif ; d’où des crampes intestinales, des gaz, des selles difficiles à émettre… Attention, le mot « colique » a tout du mot fourre-tout. Dès qu’un bébé pleure beaucoup en se tortillant et n’est pas consolable, on a tendance à conclure qu’il a des coliques. Il a peut-être juste besoin d’un peu de calme, d’être porté, bercé, réconforté ou encore d’être nourri (si sa courbe de poids est satisfaisante, c’est qu’il mange à sa faim !).
Le mot « colique » a tout du mot fourre-tout. Dès qu'un bébé pleure beaucoup en se tortillant et n'est pas consolable, on a tendance à conclure qu'il a des coliques
Si votre bébé est sujet à des coliques, des petits trucs existent pour essayer de les prévenir. Si vous biberonnez, voyez avec le pédiatre s’il ne serait pas judicieux de changer de lait. Veillez à ce que le biberon ne soit pas pris trop vite : un repas devrait durer de dix minutes à un quart d’heure minimum. Si nécessaire, changez la tétine. Éventuellement, faites une pause à mi-biberon. Si vous donnez le sein, pensez à limiter fortement la prise de café et de boissons excitantes, qui augmenterait les coliques chez les bébés. Que vous allaitiez ou que vous biberonniez, veillez à une ambiance sereine, calme, sans écran (télévision, internet…) ni téléphone donc. Et, à la fin du repas, gardez votre bébé redressé, contre vous, une dizaine de minutes. Voilà pour la prévention !
Si, malgré toutes vos précautions, aucune amélioration n’est constatée, consultez votre pédiatre. En effet, les coliques peuvent avoir une origine qui nécessite une prise en charge ; par exemple, une allergie aux protéines de lait de vache (situation rarissime).
Et quand les coliques se déclarent, comment soulager votre bébé ? Dans la pénombre, vous pouvez vous coucher sur le dos et coucher votre tout-petit sur vous, son ventre contre le vôtre. Il va vite se calmer, bercé par votre rythme respiratoire. Et vous aussi. Vous pouvez lui faire téter une sucette ou votre doigt. Ou essayer une balade en porte-bébé, dans la maison ou dehors. Au rayon des petits remèdes, pensez aux probiotiques aux effets bénéfiques prouvés (ce sont ces micro-organismes qui favorisent le bon fonctionnement de l’intestin), à la tisane de fenouil ou à l’huile « digestive » (à base de fenouil et de cumin).
Pleurs du soir : mettez-vous en mode nuit
Un bébé qui a des coliques peut les avoir à tout moment de la journée. Par contre, les pleurs du soir surgissent… le soir ! Le bébé est alors débordé par l’abondance de stimulations reçues pendant la journée, même s’il semble avoir beaucoup dormi. Et pleure davantage. Avec ses antennes hypersensibles, il sent combien ses parents sont, à ce moment-là, fatigués et, éventuellement, agacés et tendus : il en est contaminé, s’agite… et contamine à son tour ses parents. Et puis, de retour du travail, le papa, frustré de ne pas s’être occupé de son petit, joue avec lui plutôt que de l’apaiser, et c’est reparti pour un tour de stimulations…
Des aménagements sont possibles pour prévenir ces crises du soir. Un : ne pas avoir une vie trop agitée en fin de journée (ce qui ne veut pas dire vivre cloîtré !). Quand votre bébé s’endort, diminuez le bruit autour de lui. Ne lui imposez pas un emploi du temps dément. Deux : entre 18 et 20 heures, mettre toute la maisonnée en mode nuit. Changez votre bébé, nourrissez-le, donnez-lui le bain dans une ambiance sereine et apaisante. Ne le laissez pas s’endormir sous un mobile qui tourne, clignote et gazouille. Petit à petit, il va se laisser gagner par le calme ambiant. Cette mise en mode nuit facilite, par ailleurs, l’acquisition par votre bébé du rythme jour-nuit qui a débuté, en général, à 6 semaines. Trois : on prend souvent pour des pleurs du soir ce qui est juste des pleurs de faim. Si vous allaitez votre bébé, rappelez-vous que dormir fait augmenter le taux de prolactine, l’hormone qui stimule la production de lait maternel. D’où l’intérêt de faire une sieste l’après-midi pour améliorer la lactation du soir qui est souvent moins généreuse. Le bébé bien nourri est plus satisfait et dort mieux. Autre moyen d’atténuer les pleurs du soir de votre bébé : le promener, dans un endroit calme et sombre, dans un porte-bébé ou dans un landau.
BON À SAVOIR
Le sommeil à 2 mois
Quelques éléments bons à se rappeler sur le sommeil à 2 mois, selon Micheline Cleeremans, sage-femme.
- Les bébés ne sont pas tous pareils : il y a des petits et des gros dormeurs.
- Au-delà des variations individuelles, le bébé de 2 mois a un sommeil qui n’est pas très différent de celui du bébé de 1 mois. Ses cycles de sommeil sont constitués d’une phase de sommeil agité et d’une phase de sommeil calme. Ne prenez pas une séquence de sommeil agité pour un réveil : en prenant votre bébé dans les bras, vous le réveillez tout à fait ! De quoi le rendre fou parce qu’il n’a pas alors la possibilité de « faire » des cycles de sommeil complets.
- Souvent, le bébé de 2 mois (mais cela est vrai dès ses 6 semaines) commence à dormir cinq-six heures d’affilée, ce qui est une très bonne nouvelle !
- Déposé dans son lit, il peut pleurer quelques minutes : il a peut-être juste besoin de ce temps de pleurs pour trouver son sommeil. Si c’est le cas de votre enfant, sans doute que vous l’acceptez mieux maintenant que quand il avait 1 mois…
- Les rituels d’endormissement existent, bien sûr. On en a parlé à propos des coliques et des pleurs du soir. Il est très important de plonger le bébé dans une ambiance calme et sereine au moins une ou deux heures avant d’espérer qu’il s’endorme. Ce n’est donc pas le moment de jouer avec lui ou de le faire passer de bras en bras… Donnez-lui (éventuellement) un bain apaisant, chantez-lui une berceuse, parlez-lui de la nuit et du sommeil : « C’est la nuit, tout le monde va dormir. Les petits lapins vont dormir, les petits castors vont dormir… » Et les petits parents espèrent dormir aussi !
LES PARENTS EN PARLENT…
Elle s’agite dans tous les sens
« Les coliques et pleurs du soir ont commencé chez Suzanne il y a plusieurs semaines. Elle pleure tous les jours de 16 heures à passé 20 heures 30. Au début, je ne comprenais pas ce qui se passait. Quand elle a des coliques, elle plie fort ses petites jambes et ses bras s’agitent dans tous les sens. Nous nous sommes renseignés auprès du pédiatre, il nous a dit de ne pas nous inquiéter. Par rapport aux pleurs du soir, liés au stress de la journée, on fait ce qu’il faut : on marque bien la différence entre le jour et la nuit et on apaise Suzanne en la prenant dans nos bras. Ce qui la calme quand elle a des coliques ? Des gouttes homéopathiques, un coussin de noyaux de cerises sur son petit ventre, et puis son papa la tient le ventre posé sur son avant-bras et je la porte en écharpe et la balade comme cela. »
Gabrielle, maman de Suzanne
Il a besoin de contact
« Mon bébé pleure pour exprimer ses besoins. Soit il a faim, soit il a mal au ventre. Avantage : la lecture de ses pleurs est assez simple. Ses douleurs digestives sont bien présentes depuis ses 6 semaines. Il a besoin de contact, de corps à corps. Alors, je le mets dans le porte-bébé et on se promène dans l’appartement. »
Céline, maman de Marius
HELP
Si vous avez l’impression de ne pas parvenir à consoler votre bébé ou que ses pleurs vous submergent, faites appel au pédiatre, à la sage-femme ou à la consultation de l’ONE.
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