Développement de l'enfant

Quand l’enfant a 1 mois, les sorties sont en général limitées : la consultation de l’ONE, le pédiatre, les grands-parents, la pharmacie du coin. Ensuite, après avoir construit son petit nid, surgit l’envie, plus ou moins vive selon les personnes, de retrouver une vie sociale, de rouvrir sa maison, de sortir voir comment le monde tourne, parce que, comme le dit une maman, « tout ne se résume pas aux couches et aux tétées » !
Cette envie est personnelle. Impossible de généraliser à son propos. Certains parents se ressourcent au contact des autres ; d’autres, dans l’intimité de leur cocon.
« En journée, c’est dur d’être seule avec son bébé, confie Leïla. Je suis passée d’une vie sociale riche à des moments de grande solitude. Le retour du papa ou une visite, cela devient important. On est adulte, on a besoin de contacts avec des adultes. » « Je ne laisse mon bébé à personne, sauf à ma mère quand je suis obligée, reconnaît Pauline. Ce n’est pas une question de confiance. "Si t’as une activité, vas-y", me dit le papa. Non ! Je veux passer un max de temps avec ma puce, je veux profiter de chaque seconde avec elle. » « J’avais des échos d’amies : "Ne t’isole pas, c’est parfois étouffant, la vie avec un bébé…", raconte Christelle. J’aime mon indépendance. J’ai besoin de faire des choses pour moi, avec mon fils et sans mon fils, avec mon compagnon et sans mon compagnon. Je pense avec un peu d’anxiété au jour où Matthias entrera à la crèche, mais ça me permettra de respirer à nouveau. » À chaque maman ses envies, ses besoins, son rythme…
Le regard des autres n’est pas anodin : supporter les pleurs de son enfant en public, ce n’est pas comme les supporter en privé
Des contraintes… plus ou moins contraignantes
La vie sociale reprend ? Ah, le bonheur de présenter votre bébé autour de vous ! On l’entoure d’une attention bienveillante. Quand vous sortez avec lui, c’est souvent aussi avec armes et bagages : quel déménagement ! Tant pis pour les contraintes ? Oui, répondent des parents. Si vous n’aimez pas spécialement allaiter en public, vous y êtes parfois forcée. À chaque maman allaitante ses pudeurs. Osez-vous un dîner avec des amis ? C’est que votre bébé risque de l’alimenter de ses pleurs… Le regard des autres n’est pas anodin : supporter les pleurs de son enfant en public, ce n’est pas spécialement comme les supporter en privé.
« On avait un très bon couple d’amis, sans enfant, et là c’est comme si on s’était perdus… » Vous vous sentez peut-être en complet décalage avec des amis ou connaissances qui n’ont pas d’enfant ? Un tel côtoiement peut en effet être compliqué. Parce que, ces premières semaines, voire ces premiers mois, votre attention est concentrée sur votre bébé, votre préoccupation, c’est lui, votre principal sujet de conversation aussi. Et eux, immanquablement, ont d’autres centres d’intérêt. La connexion entre vous peut alors ne plus bien se faire…
ZOOM
Se raconter… et se conforter
Reine Vander Linden, psychologue en périnatalité, revient sur ces paroles de maman : « On est adulte, on a besoin de contacts avec des adultes… »
« Le besoin de liens sociaux peut être ressenti de manière plus accrue par certaines mères que par d’autres, observe-t-elle. Vous êtes confrontée à un bébé qui vous apporte beaucoup de bon mais qui peut aussi vous mettre à mal. Notamment, parce que vous avez cette responsabilité énorme à son égard. À certains moments, vous avez simplement besoin de pouvoir exprimer cette expérience qui est quand même très décalée par rapport à ce que vous avez toujours vécu.
On dit que 90 % de la communication sert à s’auto-confirmer ! Il s’agit vraiment de cela pour des jeunes parents. Ils ont besoin de parler de ce qu’ils vivent avec leur bébé pour mieux se confirmer qu’ils sont dans le bon et qu’ils ont droit à des hésitations. Rendre explicites ses questions et ses hésitations, c’est déjà y répondre. On le voit bien avec le courrier des lecteurs ou la rubrique questions/réponses. Je pense à ces femmes qui vous expliquent : "Quand je me suis mise à écrire ma question, le problème a disparu…", parce qu’elles le regardent autrement, qu’elles l’énoncent et qu’elles ne le vivent plus au premier degré de leurs émotions. Faire cela leur apporte déjà une solution… »
LES PARENTS EN PARLENT…
Quelles solutions ?
« À la maternité, Milla hurlait la nuit. Quand, le lendemain, j’expliquais à mon homme la nuit que j’avais passée avec elle, il ne me croyait pas. "Mais c’est horrible !", m’a-t-il dit un jour quand il s’est rendu compte qu’elle pouvait si bien hurler la nuit. Nos réalités à lui et à moi se confrontent tout le temps. Il revient crevé de sa journée de boulot, alors que, moi, j’attends son retour pour qu’il prenne le relais. Je n’en peux plus d’être seule avec mon bébé, alors que, lui, putain, il a eu toute une journée pour voir du monde. Et puis, si on n’était que nous deux, cela irait. Mais, les soirs, après une journée difficile, des copains viennent à la maison. Je suis hyper-contente de les voir mais je suis fatiguée. Il n’y a pas de solution… »
Agnès, maman de Milla
Plonger les amis dans le noir ?
« Ces temps-ci, il y a beaucoup de visites à la maison. Je stresse un peu pour le sommeil d’Élias. Le soir, je veux qu’il retrouve le calme dans l’obscurité. Mais, comme l’appart est petit, ce n’est pas évident. Je ne vais quand même pas demander à nos amis qui viennent nous dire bonjour de se taire et les plonger dans le noir… Comment faire pour tout à la fois veiller au sommeil d’Élias et profiter des bons moments avec les amis ? »
Yaëlle, maman d’Élias
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