Développement de l'enfant

La mort d’un proche fait partie des évènements de la vie que les parents aimeraient ne pas avoir à traverser, ni à devoir annoncer à leurs enfants. Et pourtant, un jour ou l’autre, ils y sont tous contraints. Quelle serait la bonne manière d’annoncer une si mauvaise nouvelle à son enfant ? Le psychologue et psychopédagogue Maurice Johnson Kanyionga nous éclaire à travers cet entretien.
À peu de choses près, tous les parents éprouvent des difficultés à annoncer la mort d’un proche à leurs enfants. Au fond, pourquoi ?
Maurice Johnson Kanyionga : « D’abord, un décès reste douloureux pour tout le monde. Par ailleurs, le parent veut, en plus, préserver son enfant de la mort et du mystère qui l’entoure. Il a peur d’annoncer un décès, car lui non plus ne sait pas très bien ce que c’est et manque d’outils pour rassurer totalement son enfant. »
Entre un enfant de 7 ans et un autre de 11 ans, on peut imaginer que la compréhension et les réactions face à la mort ne vont pas être les mêmes ?
M. J. K. : « À 7 ans, l’enfant commence à concevoir la mort comme quelque chose de définitif. Avant, il la considérait comme quelque chose d’existentiel, mais pas forcément d’irréversible. À 7 ans, le mythe d’avoir des parents invulnérables ou immortels se brise. L’enfant exprime et ressent des peurs, comme celle de perdre un proche ou de mourir lui-même. Par ailleurs, à 7 ans, l’enfant est encore très égocentrique. Un décès peut dès lors entraîner chez lui de la culpabilité : il peut s’en estimer responsable. Le parent devra donc le rassurer immédiatement en lui expliquant au mieux ce qu’est la mort. En revanche, vers 10 et 11 ans, l’enfant sera plus à même de comprendre que, parfois, la mort peut être salvatrice pour certaines personnes, voire un soulagement pour d’autres (dans le cas d’une maladie, par exemple). Après, indépendamment de l’âge et en fonction du caractère de l’enfant, les réactions varient, allant de rien à la tristesse, à l’agressivité, à la colère, au sentiment d’abandon ou de culpabilité… »
Y a-t-il une de ces réactions qui pourrait inquiéter le parent ?
M. J. K. : « Il y a autant de réactions possibles qu’il y a d’enfants. Le parent doit rester attentif à certains signes, comme les troubles du sommeil, les angoisses, une hyperactivité, la perte d’appétit, une démotivation, des envies de mort (l’enfant qui veut rejoindre la personne perdue), l’enfant qui ne veut plus aller en classe, qui refuse qu’on l’abandonne ou qui somatise certaines choses par des maux de ventre, des nausées, des maux de tête, etc. En fonction de l’ampleur de la réaction, le parent doit encourager son enfant à s’exprimer afin de repérer si celui-ci a besoin d’une aide supplémentaire externe à la famille ou pas. Si l’enfant ne communique absolument pas, s’il semble être indifférent au décès alors qu’il était proche de la personne défunte, le parent devra peut-être songer à faire appel à un·e professionnel·le également. »