Crèche et école
On est convaincu d’une chose : plus les parents s’impliquent, plus la démocratie à l’école s’entretient. Comme un muscle, elle se travaille. Mais tout cela n’est pas acquis. Voyons comment s’en tirent les un·es et les autres.
Commençons par une initiative qui n’est pas parentale, quand bien même alimentée par les parents : l’espace-parents, un projet de la Fapeo mené sur plusieurs écoles. L’objectif consiste à faciliter les relations, celles avec l’école, celles entre parents eux-mêmes et, au passage, pourquoi pas, créer de la cohésion entre les habitant·es du quartier, en repensant la communication.
Le local du projet est situé à côté de l’école, pas à l’intérieur. Il s’agit d’un espace neutre où les enseignant·es peuvent rencontrer certains parents dans un cadre singulier. Dans cet espace-parents, on discute différemment des relations à l’enfant. « On ne se convoque pas. On se rencontre. Il y a l’idée de casser un rapport hiérarchique encore très prégnant chez certains parents ».
L’idée de rencontre ne s’arrête pas là, puisque, dans le futur, des intervenants extérieurs, tels que le planning familial ou encore les CPMS, seront invités pour aborder des sujets plus spécifiques dont les parents aimeraient discuter entre eux. On aime beaucoup l’idée de ce qui ressemble à un vrai café-parent scolaire. D’ailleurs, le Ligueur s’y invite à la rentrée pour vous en dire plus.
Du café plutôt que des messageries
Autre dimension qui fausse pas mal le dialogue, les trop nombreux outils numériques à disposition des parents. Plateforme en ligne, mails, groupes WhatsApp comme évoqué plus haut… « De quoi devenir dingue », déplore François, le papa du comité des fêtes en début de dossier. Lui-même entouré d’écrans à longueur de temps, il a décidé d’insuffler un peu d’hygiène numérique.
« Vous vous retrouvez, pour un enfant, avec une multiplicité de groupes WhatsApp. Celui pour la classe, celui pour l’AP, un groupe par type de groupe ! Ajoutez à ça les mails, les réseaux sociaux, plus les gens qui sont sur Signal, d’autres sur Telegram… », cette sur-communication engendre indubitablement une incommunication. « On a signé une charte entre nous. Jamais de discussion. Une info. Point. Et un café institué tous les vendredis avant de déposer les enfants pour discuter de visu. Fort de ça, maintenant, on a des profs et des accueillant·es qui se mêlent à nous ». Réalité 1, sur-communication 0.
La conclusion des différent·es intervenant·es à tout cela est à chaque fois la même. « Finalement, le but de l’affaire, c’est de se comprendre ». Voilà donc ce que l’on vous souhaite pour cette nouvelle saison à vous toutes et à vous tous, parents, professeur·es, enfants, membres du trinôme, capables du meilleur. De vous unir. De vous comprendre.
ZOOM
CP bien ou c’est pas bien ?
Sur le papier, le Conseil de Participation est un formidable outil démocratique qui permet aux parents d’avoir leur mot à dire sur différents aspects du fonctionnement de l’école qui doivent se construire en fonction des échanges ou des retours. Puis les points abordés sont ensuite discutés et débattus lors de réunions avec l’AP (association de parents).
Les CP comprennent des parents membres, la direction de l’école, des profs, des représentant·es des élèves – obligatoire en secondaire, facultatif dans le fondamental –, puis un·e représentant·e du personnel ouvrier et administratif de la commune. Tout cela se déroule comme tel sur le papier, dans un monde idéal.
« En réalité, tout le monde est pris dans ses urgences de temps. Et c’est tuant de réunir tout le monde », commente Nele, professeur. Il cite l’exemple du plan de pilotage, soit le contrat d'objectifs que l'école va mettre en œuvre pour une durée de six ans. « Nous bossons comme des dingues en amont dessus. C’est long. Puis, on le soumet aux parents qui le découvrent d’un bloc. Ils vont soulever quelques points. Si le temps le permet, ils vont en débattre avec le reste de l’école et là, toutes et tous reviennent vers nous avec tout autre chose. Ce qui n’est pas efficace. D’où les passages en force de certains établissements. Au final, le parent est cantonné à un rôle uniquement consultatif ».
Comment dépasser ça ? Certain·es proposent de faire du CP un engagement à plus long terme. Que les parents élus participent de A à Z aux projets énoncés. Une idée défendue par Élizabeth*, la directrice d’établissement que l’on a retrouvée dans les pages précédentes. « Il faut repenser notre façon de fonctionner. C’est très frustrant pour un groupe de travail de se sentir jugé ou évalué par des personnes qui n’ont pas fourni le même investissement de travail. Comme ça l’est pour les parents d’être confrontés à des modalités d’approbation qui n’ont de démocratiques que le nom. On leur dit d’écouter, d’éventuellement faire des remarques et de signer. Je comprends que ça frustre. À mon avis, il faut un dispositif moins lourd à organiser, plus régulier et plus efficace. Mais ça demande davantage d’implication. Est-ce que ça ne va pas décourager les familles ? ». Non, car comme on l’a vu dans ce dossier, elles peuvent être pleines de ressources.
* Prénom modifié
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