Société

Il y a 27 ans, un dispositif novateur voyait le jour : le congé parental. Une avancée majeure pour les parents leur permettant de concilier vie de famille et vie de travail. Trois mois indemnisés, consacrés à la garde des enfants et à prendre avant que l’enfant n’ait atteint 4 ans, à l’époque. Depuis, le congé parental a connu quelques évolutions, principalement en termes de flexibilité. Pourtant, un aspect reste désespérément figé : la rémunération.
Depuis sa création, le montant de l’indemnité pour congé parental n’a pas évolué au-delà de l’indexation. Voilà 27 ans que le congé parental est très faiblement indemnisé : aujourd’hui, pour un congé parental à temps plein, la rémunération est de 914,67€ (1 558,28€ pour les familles monoparentales). Or, la rémunération du congé parental est la pierre angulaire de son accessibilité. Sans rémunération suffisante, le congé parental exclut, de fait, la majorité des familles.
Un fardeau financier pour les parents
Il ressort du Baromètre des parents 2024 (sondage mené par l’Institut Dedicated) que la prise du congé parental a mis plus de la moitié des parents en difficulté financière. Tous les profils de familles sont concernés par ces difficultés financières. Mais l’ampleur de l’impact financier pour les familles à bas revenus interpelle : 68% des familles ont eu du mal à nouer les deux bouts pendant leur congé parental. Et tant d’autres n’ont, tout simplement, pas pu se permettre d’en prendre un.
Un dispositif qui creuse les inégalités de genre
Sans rémunération suffisante, le congé parental contribue aussi à renforcer les inégalités entre les femmes et les hommes. Les femmes restent majoritairement en charge des tâches ménagères et des enfants, malgré leur arrivée massive sur le marché du travail. À la naissance d’un enfant, ce sont en grande partie les femmes qui supportent les ajustements nécessaires pour assurer la combinaison entre responsabilités professionnelles et familiales : elles interrompent leur activité professionnelle, réduisent leur temps de travail ou s’orientent vers des fonctions proposant plus de flexibilité.
En 2023, près de 6 000 pères ont pris un congé parental à temps plein ou à mi-temps alors que les mères étaient 21 435€ soit quatre fois plus nombreuses. L’écart se réduit pour le congé parental à 1/5e temps et disparaît presque pour celui à 1/10e temps, qui implique une moindre perte de salaire.
Une revalorisation urgente
Augmenter cette rémunération est donc une mesure indispensable pour permettre à chaque parent d’avoir accès aux dispositifs de conciliation entre travail et vie de famille.
Comme première étape vers une meilleure rémunération des congés parentaux, la Ligue des familles appelle à porter la rémunération du 1er mois de congé à 1 500€ (2 000€ pour une famille monoparentale) en cas de congé à temps plein, et au prorata pour les autres formes de congé.
Un engagement politique à concrétiser
Durant la récente campagne électorale, un consensus a émergé parmi les partis francophones. Sollicités par la Ligue des familles, tous se sont dits prêts à porter le premier mois de congé parental à 1 500€ net, marquant ainsi une première étape vers une meilleure rémunération des congés familiaux.
À l’heure où un nouveau gouvernement fédéral se met en place, la Ligue des familles appelle à concrétiser cet engagement.
REPÈRES
- 1996 : directive européenne obligeant les pays européens à prévoir un congé parental de minimum trois mois
- 1997 : la Belgique instaure un congé parental de trois mois, non transférable, consacré à la garde des enfants. Il est indemnisé et chaque parent peut en profiter avant que l’enfant ait atteint 4 ans
- 2002 : le congé parental peut désormais être pris à 1/5e temps et être fractionné par mois
- 2005 : le congé parental peut désormais être pris à mi-temps
- 2009 : l’âge maximum de l’enfant donnant droit au congé est porté à 12 ans (21 ans en cas de situation de handicap)
- 2010 : la durée du congé parental est augmentée de trois à quatre mois
- 2018 : possibilité de prendre le congé parental à 1/10e temps
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