Santé et bien-être

Dans l’assiette des familles

Côté alimentation, les familles se tournent vers deux nouveaux ingrédients : du local et du raisonnable

Le confinement a eu une incidence sur les repas familiaux. Certains parents ont (ré)appris à cuisiner maison avec des produits locaux pour leurs enfants, d’autres, contraints par un budget en baisse, ont revu leur façon de faire. Six mois plus tard, toujours pas de recette miracle, mais deux ingrédients qui s’imposent : du local et du raisonnable.

Gaëlle vit à Grimbergen avec sa fille Zoé, 8 ans. Alors qu’elle a toujours eu l’habitude de faire ses courses en ligne, pendant le confinement, elle s’est tournée vers un service traiteur qu’une de ses amies avait lancé. Au menu : produits locaux et de saison. Aujourd’hui, Gaëlle n’a pas pu continuer à consommer chez cette amie traiteur. « « J’étais heureuse de soutenir ce genre d’initiatives, mais, ensuite, j’ai subi une perte de revenus importante ».
La famille de Gaëlle est loin d’être la seule à avoir eu du mal à conserver ces nouveaux modes d’alimentation. Outre l’argument financier, celui du temps fait également pencher la balance. « Cela prend plus de temps de consommer local, car on n’a pas tous les produits sous la main comme dans les grandes surfaces », explique l’Ottintoise Aurélie, maman de deux enfants de 1 et 3 ans.

« La nourriture ne pousse pas dans les supermarchés »

Ce ressac des familles pourrait inquiéter. Mais il n’enlève en rien le fait qu’un changement a été amorcé. Thérèse-Marie Bouchat est présidente de la coopérative Paysans-Artisans qui se déploie sur le territoire de dix communes autour de Namur. Elle se veut rassurante.
« Les circuits courts ont vu leur clientèle augmenter avant de retomber, mais pas comme au point de départ. On a perdu une partie de ces nouveaux clients, mais pas tous. Ce qui compte, c’est que cela nous a permis de faire un saut. »
Dans le même ordre d’idée, Gaëlle cherche désormais des bons plans pour consommer local à bas prix. « À la fin du mois de septembre, je suis allée avec Zoé glaner 50 kg de pommes de terre dans un champ près de chez moi. Quand l’agriculteur fait sa récolte, beaucoup de patates passent à travers les mailles du filet. Nous les avons ramassées avec notre seau. C’était une belle façon de faire comprendre à ma fille que la nourriture ne pousse pas dans les supermarchés ».

Des courses plus intelligentes

Chez Manu, Nadège et leurs trois enfants de 5, 8 et 12 ans, le cheminement par rapport à la consommation alimentaire s’est fait en continu depuis le début du confinement.
« La norme, chez nous, avant le confinement, c’était les grosses courses du samedi dans une grande surface pour un budget global de 300€, explique Manu. Et le samedi suivant, rebelote. Il y avait une forme d’inconscience consommatrice, où on se laissait tenter par tout et n’importe quoi, par l’achat plaisir systématique. Résultat, on se retrouvait avec des tas de produits dont on n’avait absolument pas besoin. »
Au début du confinement, le papa a continué sur ce même mode. Et puis les habitudes ont commencé à évoluer doucement, notamment en raison des contraintes de temps imposées dans les magasins. La question de départ de Manu et de Nadège a été toute simple : avec cinq bouches à nourrir matin, midi et soir, comment faire mieux les courses dans ce temps réduit ?

Gain de temps, gain d’argent

« La première fois, on s’est dit qu’on allait se contenter de l’essentiel : pâtes, riz, semoule, lait, yaourts, fruits et légumes. Simple et efficace. Mais pour nous qui aimons bien cuisiner, on en a vite fait le tour et ça ne nous convenait pas. La solution, c’est ma femme qui l’a trouvée : faire les menus pour la semaine et, ensuite, faire notre liste de courses en fonction de nos besoins. Ça, ça a clairement été un changement très positif de nos habitudes, avec un gain tant au niveau du temps qu’économiquement. Et même d’un point de vue environnemental, avec beaucoup moins de gaspi. »
Le déconfinement arrivé, notre famille nombreuse a continué à ajuster son système. Aujourd’hui, la technique est bien établie et le budget hebdomadaire ne dépasse plus les 200 €. « Le week-end, on fait les menus pour toute la semaine, en essayant de penser des repas du soir qui peuvent servir pour les boîtes à tartines du lendemain. Pour les courses en elles-mêmes, les fruits, les légumes et la viande - dont on a réduit assez fort la consommation -, c’est en circuit court, en local. Pour le reste, nous le faisons en ligne dans les grandes surfaces. Le premier avantage, c’est qu’on a toujours un œil sur le budget et qu’on a zéro tentation, donc zéro achat compulsif. Le deuxième, c’est que les courses du samedi qui prenaient deux heures prennent aujourd’hui un quart d’heure. Ce qui est loin d’être négligeable au niveau vie de famille ».