Loisirs et culture

Demain, il/elle chausse ses baskets

Pour l’accompagner au mieux dans son choix, quelques points de repères et explications d’encadrant·es

Votre enfant a envie de faire un sport ? Tant mieux. C’est tout bon pour sa bonne forme physique, mais aussi pour sa santé mentale, la gestion de son humeur, ses capacités d’analyse et de concentration ou encore l’estime de soi. Pour l’accompagner au mieux dans son choix, voici quelques points de repères et explications d’encadrant·es.

► Sur la ligne de départ

S’il n’y avait qu’un seul repère à garder, ce serait celui-ci : on ne stresse pas le corps avant 18 ans. Ou, dit autrement, à chaque enfant correspond un volume horaire idéal. Difficile pour autant de donner des valeurs fiables, tant les enfants sont différents. Alors qu’il faudra sans cesse pousser un peu certain·es, il faudra tempérer les ardeurs d’autres (voir encadré ci-dessous).
Néanmoins, il existe quelques points de repères spécifiques à l’athlétisme qui sont de bons indicateurs. Ils sont valables à la fois pour donner un cadre niveau chrono et pour éventuellement prendre conscience de la forme physique de l’enfant. « On dit généralement que le nombre d’années correspond au nombre de minutes qu’un enfant doit pouvoir courir sans s’arrêter, explique Anna, athlète de niveau national et animatrice brevetée en athlétisme. Par exemple, à 9 ans, il ou elle doit pouvoir courir neuf minutes. Ensuite, pour les 7-10 ans, on considère que l’effort de course maximal se situe à vingt minutes. Ce n’est pas un problème si on dépasse ce temps une fois de temps en temps, mais ce ne doit pas être la norme avec un enfant dont le corps et le système cardio-respiratoire sont encore en construction ».

► Le bon geste, la bonne attitude

« Dans tous les clubs sportifs, les encadrant·es suivent des formations tout au long de l’année, note Alain, entraîneur de basket à Bruxelles. Parfois le sujet est très spécifique à notre sport, mais on se retrouve aussi très souvent dans des formations plus généralistes, données notamment par l’Adeps, qui abordent des sujets transversaux. C’est important de savoir encadrer des enfants pour leur donner les meilleures bases techniques possibles, savoir faire le bon geste au bon moment, mais c’est tout aussi important de savoir éduquer au fairplay, de faire comprendre qu’une défaite permet de progresser, de prendre soin des autres et du matériel. Pour moi, le sport est donc autant une question de savoir-faire que de savoir-être et c’est ça que j’essaye de transmettre aux gamin·es. »

► Pas du sport occupationnel

« Ce que certains parents oublient parfois, c’est que derrière chaque séance proposée aux enfants, il y a un objectif pédagogique, avec une progression logique par rapport à la séance précédente et à la suivante, appuie Leïla, éducatrice brevetée en gymnastique. C’est pour cela qu’on demande aux enfants et à leurs parents un vrai engagement quand ils viennent dans notre club. Manquer un entraînement, c’est évidemment O.K., mais on attend de la constance, simplement pour que les éléments d’un groupe puissent évoluer avec les mêmes acquis, les mêmes chances. Ce genre de choses est une des grosses différences avec les activités scolaires ou parascolaires, cela fait partie des apprentissages de la vie d’un club. C’est une micro-société, avec ses règles qui doivent être respectées par tou·tes pour que cela fonctionne. »

« Courir avec son enfant, c’est son tempo, son allure, sa distance » Paula Radcliffe, sprtive anglaise multi-titrée en athlétisme

► Un sport pour toujours ou un sport tous les ans ?

« Il y a ici plusieurs points qui sont importants et qui correspondent assez à des critères d’âges, décrypte la psychologue Alexia Lesvêque. Entre 5 et 10-11 ans, le choix du sport est souvent dicté par les copains/copines, par la pratique des frères et sœurs ou des parents. Ce n’est pas immuable, mais c’est souvent plus tard que le choix définitif intervient, avec le développement du sport-passion. L’enfant investit alors son sport avec les collections, les livres, le matériel qui alimentent sa passion.
Là encore, ce n’est pas une règle exacte, mais jusqu’à 10-12 ans, il est tout à fait normal que son enfant veuille changer de sport régulièrement. C’est un âge de découverte à tout-va, les enfants ont envie de faire un maximum de choses. Cela explique aussi pourquoi ils abandonnent certains sports, notamment dans les disciplines de combat, qui demandent beaucoup de répétitions des mêmes gestes pour les maitriser parfaitement.
Les parents doivent prendre en compte ces aspects. Si on force l’enfant à pratiquer telle ou telle activité, il y a de grandes chances de l’écœurer. Pour les plus jeunes, il est important de toucher à tout. Des stages multisports leur permettent de découvrir par eux-mêmes ce qu’ils aiment. Entre sport individuel ou collectif, en intérieur ou dehors, avec une raquette ou un ballon, etc. »

► Misez sur l’équilibre

À tous les âges, il est conseillé de varier au maximum les activités pour développer de la façon la plus homogène toutes les qualités de l’enfant : force musculaire, souplesse, coordination, conscience corporelle dans son ensemble. Il ou elle ne pratique qu’un seul sport ? Pas grave dans la mesure où les entraînements sont variés. N’hésitez pas à demander aux adultes qui encadrent ce qui fait le contenu de leurs séances.
Pour les sports dits asymétriques, tous ces sports qui ne sollicitent qu’une seule partie du corps entre la droite et la gauche, comme par exemple les sports de raquette, une attention accrue est nécessaire. S’ils ne sont pas déconseillés dès le plus jeune âge, il est néanmoins recommandé de les associer à d’autres activités qui mobilisent les deux parties du corps. L’idée est de ne pas favoriser un surdéveloppement côté musculaire et une trop grande sollicitation des articulations de façon unilatérale, ce qui entraînerait à moyen et long terme des blessures ou des déformations qui peuvent être graves.
Par ailleurs, avant la fin de la puberté, il est totalement déconseillé aux enfants de faire des entraînements « monomaniaques », relatifs à une spécialisation. Par là, on entend tout ce qui est endurance ou vitesse pures, exercices avec des répétitions continues des mêmes gestes, musculation avec des barres, poids, haltères… Pourquoi ? Parce qu’avant cet âge, le corps des enfants est vraiment en pleine construction et que ces types d’entraînement font prendre des risques à un développement du corps harmonieux.

► Et chez les ados ?

Il ou elle est passionné·e et pratique à fond dans un club. Tant mieux. Pour les autres, le sport peut se faire en famille, mais aussi en se déplaçant le plus souvent possible à vélo, en fréquentant le skate-park voisin ou simplement le city-stade du bout de la rue. L’important, ici, c’est que votre ado se bouge de façon assez régulière. Et si jamais il vous en prend l’envie, demandez-lui de tester son skate, de faire un ‘un-contre-un’ au basket ou encore, pour les parents les plus hardis, de faire un paint-ball ou un laser game. On vous promet un beau moment de complicité, parfois agrémenté de quelques courbatures, juste histoire de vous rappeler que, pour vous aussi, le sport régulier favorise une bonne santé.

EN RÉSUMÉ

Les grands principes

  • Une journée off par semaine
  • Alternance entre sérieux et distraction
  • Attention aux sports asymétriques
  • Pas de spécialisation avant la fin de la puberté

Quelques grands repères pour accompagner votre enfant dans sa pratique

  • Avant 8 ans : c’est l’âge de l’instabilité de l’humeur, de l’impulsivité, du manque de contrôle émotionnel et moteur. C’est aussi le début de la compréhension de la notion de défaite. L’environnement familial a une grande influence sur l’enfant.
  • Entre 8 et 11 ans : les capacités d’apprentissage sont optimales, la latéralisation et le schéma corporel sont acquis. C’est un âge où l’enfant est infatigable et aime être sollicité. En revanche, c’est aussi l’âge où l’échec est mal ressenti, les règles du jeu imposées parfois mal comprises ou acceptées.
  • Après 11 ans : les automatismes deviennent plus durs à acquérir. Une moindre technique peut être compensée par la stratégie, le sens du jeu, la concentration, la motivation, qui sont alors à leur maximum.

À quoi faire attention ?

  • À l’état de fatigue de son enfant. Parfois il est bon de freiner les activités sportives et de se reposer un peu.
  • À la notion de plaisir. Sans plaisir, difficile d’être motivé·e, attentif/attentive, persévérant·e. C’est une des bases pour apprécier le sport et pratiquer tout au long de sa vie.
  • À l’adaptation au rythme de vie de la famille. Soyez vigilants à ce que les bons résultats ou la motivation extrême de votre enfant qui fait du sport ne viennent pas prendre toute la place et tout votre temps disponible en semaine pour les entraînements et le week-end pour les compétitions.
  • À la zone de risque. À partir d’un certain nombre d’heures de sport par semaine, il peut y avoir un risque de blessure, de trop-plein qui peut avoir des répercussions fortes sur la santé. On parle, en moyenne, de quatre à six heures pour un enfant de 8 ans, de six à huit heures pour un enfant de 12 ans et de huit à dix heures pour un ado de 14 ans.