Développement de l'enfant

Des lunettes, pas si nul pour voir net

Contrôle visuel à la crèche ou à l’école, le verdict tombe : votre loupiot doit aller voir un ophtalmologue. Déjà ? Oui, oui, dès quelques mois, on peut corriger la vue d’un bambin. Heureusement, il existe aujourd’hui de jolies paires de lunettes colorées et très solides, parfois même toutes molles. Et porter des lunettes, ce n’est pas toujours définitif.

« Ma fille porte des lunettes depuis trois semaines. Elle était super-contente de devoir en porter comme sa grande copine. En plus, elle a flashé sur un modèle rouge et fuchsia qui lui va bien », nous confie Virginie, sa maman. « Elle m’a beaucoup aidée à accepter ses lunettes. Pour moi, c’était dur. Je trouvais son visage complètement changé avec ses lunettes. Maintenant, je m’y suis habituée. C’est quand elle les enlève que ça me fait bizarre », ajoute la maman d’Éloïse, 5 ans.
Fini, la période des enfants terrorisés à l’idée d’être le binoclard dont tout le monde se moque en classe. Aujourd’hui, porter des lunettes, c’est fun et même joli. « Quand un enfant doit porter des lunettes, je constate que ce sont surtout les parents qui sont mal. Certains pleurent dans le magasin alors que l’enfant joue ou dessine tranquillement. Mon boulot d’opticien, c’est parfois de détendre les parents, de rendre les choses agréables et ludiques », confie Didier Wauters, opticien chez Wauters-Serpieter à Laeken.

Merci qui ? Merci Harry !

« Il y a vingt ans, porter des lunettes, c’était la galère pour les enfants, car c’était moche. Et puis, il y a eu Harry Potter. Il portait des lunettes rondes et il était adorable comme ça. Dans la foulée, on a vendu plein de lunettes qui transformaient les enfants en magiciens. Parallèlement à ce phénomène, la technologie verrière a évolué et propose des choses très jolies (et d’autres plus moches, avouons-le). Aujourd’hui, un enfant qui a du + 10 dans une petite monture en cellulose peut avoir des verres avec une épaisseur de + 2. En plus, on est dans une ‘bonne’ mode qui favorise les lunettes avec un grand champ de vision. Donc les enfants voient bien, partout, sans devoir regarder au-dessus de leurs verres. On a beaucoup de clients enfants ici et c’est un plaisir chaque fois. Les gosses deviennent nos potes, on se tape la main », raconte encore cet opticien passionné.

Cache-cache œil

Mais comment savoir si nos petits choux doivent porter des lunettes ? « Si l’enfant louche dès la naissance, il a peut-être un strabisme. Parfois, la peau de la paupière d’un tout-petit cache le blanc de son œil quand il regarde sur le côté. Les parents croient qu’il louche mais ce n’est pas le cas, explique l’ophtalmologue Serge Bervoets. Il existe un test simple pour savoir si un œil voit ou pas : il suffit de cacher un œil de l’enfant avec une main. S’il accepte cette main, c’est qu’il voit bien. Si au contraire, l’enfant essaye de tourner la tête ou d’enlever la main, on peut fortement suspecter que l’œil caché est le bon et que l’autre ne voit pas bien. »
Et si l’enfant ne voit pas bien, on prend rendez-vous chez un ophtalmologue pédiatrique. Oui, chez un vrai ophtalmologue qui donnera une prescription à présenter à l’opticien. Car les opticiens ne sont pas équipés pour tester la vue des enfants. Une fois la prescription reçue, on peut agir. Et dans la plupart des cas, le plus tôt, c’est le mieux.
« Aujourd’hui, il n’y a plus d’ado strabique, car les enfants qui louchent sont pris à temps. Les parents sont inquiets et actifs très vite, précise l’ophtalmologue. Mais s’il n’y a qu’une petite différence de dioptrie entre les deux yeux, on peut attendre les 3 ans de l’enfant avant de corriger. Il n’est pas nécessaire de traiter très tôt les enfants hypermétropes. Leur cristallin est tellement élastique qu’ils peuvent compenser eux-mêmes. Si un enfant hypermétrope ne louche pas et qu’il ne se plaint pas, il n’est pas urgent de le prendre en charge », précise-t-il encore.
« L’avantage de l’hypermétropie chez les enfants, c’est qu’elle s’estompe avec le temps. Donc il est fréquent que des enfants mettent des lunettes quelques années, puis plus du tout à partir de 8-9 ans. Pour les myopes, par contre, c’est différent. On reste myope à vie », témoigne Sara Duarte, de chez XL Optique.
Si le strabisme diminue, la myopie reste assez répandue dans nos contrées. La faute à qui ? Aux écrans, entre autres, ça a été maintes fois démontré. Mais aussi au manque d’exposition à la lumière naturelle. On connaît la recette : moins d’ordi et de console au profit de jeux d’extérieur ou de balades en plein air. Allez, hop, tous dehors !



E. W.

LA QUESTION

Les lunettes toutes molles pour petit, une bonne idée ?

OUI : « Pour les petits, les lunettes qu’on vend le plus sont en silicone et sans partie métallique. Elles sont très modulables et ont un élastique qui peut remplacer les branches, en cas d’activité sportive, par exemple. C’est très pratique ». Sara Duarte, de chez XL Optique.

BOF : « Pour les premières lunettes de mon fils, on avait opté pour des lunettes flashy en silicone. Très souples et incassables. Mais les verres sautaient tout le temps et elles se mettaient parfois de travers sur son visage, tellement elles étaient molles. Ça n’avait pas l’air de déranger Arthur, mais ça lui faisait une tête de clown. Maintenant il a 3 ans et comme il est devenu plus soigneux, on lui acheté une paire de lunettes de ‘grand’ ». Maëlle, maman d’Arthur, 3 ans

BON À SAVOIR

Quelques conseils pour bien choisir des lunettes pour enfants

Proximité et sympathie : « Choisissez un opticien à proximité de chez vous. Pratique pour réajuster ou faire réparer les verres. Le service après-vente aussi est important. Le premier opticien visité me parlait de faire jouer mon assurance familiale en cas de lunettes abimées ou cassées. Le second m’a dit qu’il réparait et réajustait gratuitement la paire… ça fait une énorme différence ». Virginie, maman d’Éloïse, 5 ans

Attention au nez : « Vérifiez que les lunettes sont bien adaptées au nez de l’enfant, qu’elles tiennent bien et ne laissent pas de traces ». Didier Wauters, opticien chez Wauter-Serpieter.

Des lunettes rondes : « Les lunettes rondes englobent bien l’œil des petits. Avec des montures rectangulaires les enfants sont tentés de tricher et de regarder au dessus de leurs verres quand ils regardent des adultes, par exemple. Les lunettes rondes évitent de tricher ». Sara Duarte, de chez XL Optique.

Demandez à l’opticien : « Les montures en acétate sont pas mal pour les enfants. Les montures en métal sont un peu plus dangereuses en cas de chute, mais elles conviennent mieux à certaines formes de visage ». Didier Wauters, opticien.

En pratique

Dépistages visuels gratuits

Pour tester la vue de nos petiots, rien de plus simple aujourd’hui. L’ONE organise chaque année des consultations dédiées au dépistage visuel des bambins de 15 mois à 3 ans. Un médecin spécialisé se déplace dans tous les lieux de consultations ONE et même directement dans les crèches agréées ONE. Les parents sont informés à l’aide d’affichettes ou d’invitations.
Pour les plus grands, il y a la visite médicale scolaire qui teste la vue des élèves. Si un problème est détecté, vous recevrez un courrier vous conseillant de vous rendre chez un ophtalmologue.
Mais parfois ces tests ne suffisent pas. Certains enfants veulent tellement être performants qu’ils arrivent à tricher en croyant bien faire. Si vous avez un doute, filez chez un ophtalmologue. Il a le temps et les appareils nécessaires pour évaluer correctement la vue de l’enfant.

Nous utilisons des cookies pour améliorer votre expérience. Par exemple, pour vous éviter de devoir indiquer à nouveau vos préférences lors de votre prochaine visite.
Cookies