Développement de l'enfant

Des pleurs à toutes heures

A-t-il faim ou froid ? Est-il mal dans sa couche ou en manque de câlins ? Les pleurs sont le premier moyen d’expression des nourrissons. Et ce n’est pas toujours simple de les déchiffrer. Vers 17 h, quand les parents rentrent du boulot, qu’ils vérifient les devoirs et le bain des plus grands ou préparent le souper, les mystérieux pleurs du soir débutent et durent, durent… sans aucune explication apparente. Petit guide de survie dans ces torrents de larmes qui désarment.

« Dans notre société, les pleurs ont une connotation négative. Or, chez le nourrisson, les pleurs sont le reflet d’une trajectoire développementale normale. Pleurer, c’est une façon de se décharger », explique d’emblée la pédiatre Luce Carouy. Voici déjà de quoi nous rassurer. Un bébé qui pleure est normal. N’empêche, on se demande souvent pourquoi il pleure et comment l’aider.
« Chez nous, c’est la nuit que Léon pleure le plus souvent. Pour ne pas réveiller les voisins, je le prends très vite et le mets au sein. Je ne sais pas si c’est normal qu’il pleure toutes les nuits ou s’il a des coliques », s’inquiète Romane, la maman de ce petit bonhomme de presque 2 mois.
Les coliques, ce redoutable ennemi d’une digestion sereine, qui hantent de nombreux parents. « C’est vrai qu’on parle souvent de coliques, mais aucune étude ne prouve la douleur des coliques. Il est important de garder en tête que les pleurs ne sont pas une maladie, ils servent de signal pour entrer en interaction. D’ailleurs, les pleurs sont mieux admis dans certaines cultures », ajoute encore la pédiatre.
Cultures, habitudes, caractère des parents et du bébé… les familles ont chacune leurs particularités et leur propre réaction face aux pleurs. « J’ai des copines hyper zen avec leur bébé. Moi, je ne peux pas m’empêcher d’angoisser chaque fois que ma petite Maïsa pleure ou grimace. J’ai l’impression qu’elle souffre et je me sens tellement impuissante. En tant que maman, je croyais que je saurais comment faire avec mon bébé. Mais parfois, je me sens juste perdue », explique Daniella, maman d’une petite fille de 1 mois.
Au fil des jours, bébé et parents s’apprivoisent. Mais les débuts ne sont pas toujours simples. Un tout petit pleure pour des raisons très diverses. « La première chose à vérifier quand un bébé pleure, ce sont ses besoins de base : chaud, froid, faim, confort. Mais les pleurs peuvent également refléter des troubles digestifs, une douleur ou une maladie, un sommeil agité, une surstimulation pendant la journée ou encore une immaturité neurologique. Les pleurs sont en effet une réponse neurologique. Avec le temps, le système nerveux devient plus mature et les pleurs diminuent. Certains pleurs peuvent être dus à une séparation, à une perte de repère, refléter la souffrance ou l’épuisement d’un parent. D’autres pleurs sont ceux des bébés intenses, qui pleurent énormément durant les premiers mois de leur vie. Et puis, il y a la dysrythmie du soir qu’on appelle souvent coliques. Quoiqu’il en soit, on observe très souvent une amélioration spontanée des pleurs entre les 4 et les 9 mois du bébé, parfois sans explication », précise la pédiatre.

« La première chose à vérifier quand un bébé pleure, ce sont ses besoins de base : chaud, froid, faim, confort. Mais les pleurs peuvent également refléter des troubles digestifs, une douleur ou une maladie, un sommeil agité, une surstimulation pendant la journée ou encore une immaturité neurologique. »
Luce Carouy

Pédiatre

Plus mature grâce aux pleurs

Parmi toutes ces causes, la dysrythmie du soir attire particulièrement notre attention. Parce qu’elle est mystérieuse, que de nombreux parents se demandent pourquoi leur bébé se met à pleurer au moment des retrouvailles et, surtout, ils s’interrogent sur la façon de réagir face à ces pleurs quotidiens.
« La dysrythmie du soir commence lorsque le bébé a 3-4 semaines, explique Luce Carouy, pas avant. Le bébé est éveillé, souvent agité et pleure entre 17 et 22 heures. Les parents se demandent si l’enfant a faim, s’il a des douleurs abdominales… mais avoir mal au ventre tous les jours à la même heure, c’est plutôt étrange. En fait, cette dysrythmie du soir est un moment-clé pour la maturation neurologique du bébé. Elle correspond à une période de sommeil agité. »
Évidemment, on veut tous savoir comment réagir lors de ces pleurs du soir ! « La seule solution, c’est que l’enfant s’endorme, répond la pédiatre. Le parent doit rester calme et éviter toute surstimulation pour son bébé. On évitera donc de secouer, promener ou nourrir un bébé qui pleure à cette heure-là car cela risque de l’exciter davantage. La solution est de laisser le bébé pleurer, immobile sur le ventre de sa mère par exemple, dans l’obscurité, sans même lui parler. Le prendre en kangourou dans un endroit calme avec peu de lumière. L’enfant doit sentir que son parent est avec lui et qu’il le laisse traverser cette vague. »
Ces expériences de pleurs « accompagnés », pleines de réconfort, serviront longtemps à votre enfant. « Et côté parent, on apprend qu’on ne peut pas tout pour son enfant. Il viendra un moment où on pourra lui dire ‘Je t’aime et je te fais confiance pour te sortir de là’ », ajoute avec douceur la pédiatre.

EN PRATIQUE

Comment le consoler ?

« Quand un bébé de 1 mois pleure, sa maman peut lui donner tout de suite le sein. Mais quand il est plus grand, elle peut d’abord essayer les techniques de Thomas Brazelton », conseille Luce Carouy.
Voici donc les pistes proposées par le célèbre pédiatre américain pour consoler un bébé : 

  • Montrer son visage
  • Montrer son visage et faire entendre sa voix
  • Poser sa main sur le ventre du bébé
  • Lui tenir les bras
  • Le prendre dans ses bras
  • Le bercer
  • L’emmailloter
  • Lui donner la tutte ou le sein (si la maman, est là).

HELP !

Quel accompagnement ?

Pour accompagner au mieux les larmes d’un bébé, deux soutiens à solliciter :

  • Des relais (et en premier lieu l’autre parent !). Faire appel aux proches ou créer un réseau de parents solidaires.
  • Un livre : Pleurs et colères des enfants et des bébés, d’Aletha Solter (Jouvence).

ZOOM

Les pleurs, un moyen de communication

  • Il a faim. Votre bébé dort, beaucoup et paisiblement. Quand il a faim, il pleure et vous le nourrissez. Sa faim, impérieuse comme son cri, il la manifeste sans le moindre doute, en cherchant le sein ou la tétine, et vous savez qu’il faut le rassasier au plus tôt. Vers 3-4 semaines, le bébé peut attendre avant d’être nourri et vous pouvez prendre le temps de lui parler et d’échanger sourires et tendresse.
  • Il est fatigué. Votre bébé a besoin de dormir ou veut se reposer d’un excès de stimulations : le retour de l’école de ses frères et sœurs, le passage dans trop de bras… Ses pleurs, bien rythmés, ne présentent pas de caractère d’urgence. Il souhaite juste se retirer, trouver un peu de calme.
  • Il s’ennuie. Lors de ses moments d’éveil, le bébé découvre le plaisir d’être avec ses parents, ses frères et sœurs. Il manifeste son ennui d’être seul trop longtemps dans un lieu ou une même position par des pleurs un peu vagues. Il attend d’être pris dans les bras, d’être rapproché des autres, en dialogue avec eux…
  • Il a mal. La faim, la soif, la chaleur, le froid, la solitude, l’envie d’être bercé sont les hypothèses qui défilent quand votre bébé pleure. Et vous tentez de l’apaiser en fonction de vos suppositions. Des pleurs inexpliqués, des cris perçants ou des gémissements liés peut-être à une douleur doivent vous conduire chez le médecin.

DES PARENTS EN PARLENT...

Tout tenté
« Oh la la, je m’en souviens parfaitement de ces pleurs de bébé ! Justin était un pleureur de haut niveau… J’ai mis pas mal de temps à comprendre à quoi ça correspondait. Au début, je répondais dans la seconde au moindre sanglot, je tentais tout ce que je pouvais pour que ça s’arrête, pensant que mon bébé souffrait. Ça me rendait malade. C’est ma pédiatre qui m’a sauvée, vraiment. Elle m’a expliqué que c’était le seul moyen pour un bébé de s’exprimer, qu’il fallait prendre les choses avec calme, apprendre à distinguer les différents pleurs. Et ça a tout changé ! »
Diane, maman de trois enfants

Merci papa !
« Quand Louise pleurait le soir ou la nuit, c’est son papa qui gérait. Il est calme, posé, réfléchi… tout l’inverse de moi qui stresse pour un rien. Il a toujours su ‘comprendre’ les pleurs de notre fille et y répondre parfaitement. C’est une vraie chance pour moi, j’en suis bien consciente. »
Annabella, maman de Louise, 14 mois    

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