Développement de l'enfant

Les ados sont confrontés au tabac dès le début des secondaires. D’après une enquête menée par le Service d’Information Promotion Éducation Santé (Sipes) près de 30 % des jeunes âgés de 12 à 19 ans fument plus ou moins régulièrement. Comment les protéger et les informer des risques alors que les campagnes-chocs de prévention les laissent indifférents ?
Le tabagisme chez les jeunes commence souvent de façon bien innocente. Les ados fument pour ressembler à leur entourage, s'intégrer dans un groupe ou épater la galerie. À cet âge, la cigarette est encore souvent liée à la séduction et à la réussite. La preuve : à 13 ans, moins de 5 % des ados fument alors qu’ils sont plus de 50 % à 19 ans.
Une particularité chez les jeunes consommateurs : la consommation de tabac est très hétérogène. Les difficultés pour accéder au produit (achat, « emprunt » dans le paquet des parents fumeurs...) et les moments de consommation (un ado fume dans la journée ou en fin d'après-midi, rarement au cours de la soirée en famille...) atténue la perception de dépendance des ados au tabac. Raison pour laquelle ces derniers n'ont généralement pas conscience de la difficulté du sevrage. Ils tiennent tous le même discours : « Je m'arrête quand je veux, je ne fume pas beaucoup, je ne suis pas accro… ». Pas si sûr !
En effet, dans bien des cas, c’est le début d’une dépendance qu’ils traîneront une grosse partie de leur vie. D’après l’enquête citée plus haut, 80 % des adultes fumeurs ont « grillé leur première clope » à l'adolescence. Et quand la prise de conscience apparaît, il est souvent déjà trop tard : 75 % des jeunes fumeurs entre 15 et 19 ans qui souhaitent arrêter de fumer n'y parviennent pas...
Pour qu’il ne commence pas à fumer
La meilleure arme pour éviter que votre ado devienne accro est donc sans aucun doute la prévention. « Si vous ne commencez pas, vous n'aurez jamais besoin d'arrêter », disent les militants anti-tabac. En tant que parent, vous pouvez prendre des mesures pour aider votre enfant à rester non-fumeur. Il n'y a pas d'âge idéal pour en parler, le plus tôt sera le mieux. Cependant, en fonction de son âge, son écoute sera différente. Vous devez donc adapter vos arguments.
Jusqu’à 12 ans, la position des enfants sur le tabac est assez tranchée. Ils estiment que le tabac est dangereux pour la santé, sent mauvais, pique les yeux. L'image des quelques membres fumeurs de la famille témoigne à leurs yeux de la difficulté d'arrêter. Mais dès l’entrée dans l’adolescence, le dialogue devient plus difficile.
L'argumentation scientifique et rationnelle trouve moins d'écho (les mises en garde contre les risques de crises cardiaques, d'accidents vasculaires et de cancer ne les troubleront probablement pas). Les jeunes commencent à fumer pour des raisons différentes des adultes. C'est pourquoi des interventions adaptées spécialement au profil des adolescents ont de meilleures chances de réussir. Il vous sera probablement plus utile de jouer la carte de l'orgueil et d’utiliser les arguments suivants :
► le tabagisme donne mauvaise haleine ;
► le tabagisme donne une mauvaise odeur aux vêtements et aux cheveux ;
► le tabagisme rend les ongles et les dents jaunes ;
► le tabagisme donne à la peau un aspect gris et malsain ;
► le tabagisme peut provoquer des quintes de toux et des glaires, ce n’est pas très attirant ;
► le tabagisme enlève l'énergie nécessaire pour faire du sport ou d'autres activités ;
► l'impuissance est deux fois plus fréquente chez les fumeurs de sexe masculin.
Pour l’aider à cesser de fumer
Votre ado fume déjà ? Il convient alors d'analyser les raisons qui le poussent à fumer et l'amener à se demander s'il en a vraiment besoin. Certains jeunes fument pour se faire accepter, d'autres pour perdre du poids, certains encore pour avoir l'air dans le coup ou indépendants… Demandez à votre adolescent de vous exposer son point de vue sur la cigarette et écoutez-le attentivement et activement, en essayant de ne pas poser de jugement.
Beaucoup de jeunes commencent à fumer parce qu'ils sont angoissés ou déprimés, ou parce qu'ils n'ont pas la confiance en soi nécessaire pour prendre leurs distances avec le groupe. Ensuite, discutez avec lui de la possibilité d’arrêter et de la façon dont vous pourriez l'aider. Demandez-lui si un de ses amis a déjà tenté d'arrêter de fumer et, le cas échéant, comment il y est parvenu. Laissez votre ado vous expliquer les moyens qu'il préconise pour cesser de fumer, puis faites-lui part de vos propres idées. Suggestions…
► L’aider à se fixer une date butoir. Aidez votre adolescent à choisir la date à laquelle il arrêtera de fumer. Évitez les moments stressants comme la période des examens ou la rentrée scolaire.
► Lui proposer de dresser une liste. Encouragez-le à noter sur une feuille les raisons qui le motivent à arrêter de fumer et qu’il pourra relire à tout moment, si la tentation se fait sentir.
► L’entraîner à dire non. Proposez-lui de préparer une phrase simple qu'il pourra répéter à ses amis chaque fois que la pression de fumer se fera sentir.
► Lui proposer de faire appel aux médicaments. Vérifiez auprès de votre ado si le recours aux patchs de nicotine ou à un autre type de médicament pourrait être utile et conseillez-lui d’en discuter avec votre médecin de famille
► Chercher un groupe de soutien. S’il est d'accord, dressez la liste des groupes de soutien pour les jeunes qui cherchent à arrêter de fumer. Puis, laissez-le faire les démarches.
► Le préparer aux rechutes. Prévenez-le que le sevrage s'accompagne de moments de manque intense, difficiles à passer et d'effets secondaires additionnels. Encouragez-le à ne pas revenir sur sa décision. Mais rappelez-lui que, dans l'éventualité d'une rechute, vous serez toujours là pour lui et qu'il pourra toujours essayer à nouveau d'arrêter.
Et si vous fumez ?
Tenir un discours anti-tabac quand aucun parent ne fume, c'est facile. Quand l'un des deux ou les deux sont des fumeurs, difficile alors d’être crédible. D’après les statistiques, le tabagisme est d’ailleurs plus fréquent chez les adolescents dont les parents fument. Vous êtes dans ce cas-là : que faire ?
► Essayez autant que possible de limiter, voire d’arrêter de fumer devant votre ado.
► Parlez-lui de votre dépendance et dites-lui comment, d'après votre propre expérience, il peut être dur de se priver de la cigarette.
► Expliquez-lui les nuisances que le tabagisme a sur votre vie. Il serait en effet illusoire d'espérer dissuader un adolescent de fumer si son milieu familial associe la cigarette à la notion de plaisir !
Gaëlle Hoogsteyn
La question
Faut-il interdire la cigarette à son ado ?
Selon le Fonds des Affections Respiratoires (Fares), interdire la cigarette à un adolescent produit souvent l’effet inverse : il fume de plus belle pour transgresser l’autorité. Mieux vaut dialoguer avec lui, essayer de comprendre comment la dépendance s’est installée et chercher ensemble des solutions pour réduire sa consommation.
Help !
- Tabac Stop est un service gratuit auquel vous pouvez vous adresser si vous
désirez de l'aide pour arrêter de fumer. En plus d’une ligne d’aide gratuite (0800 111 00) ouverte tous les jours de 15 à 19h, Tabac Stop propose aussi un service d’iCoaching et un test de dépendance que vous pouvez faire avec votre ado.
Autre outil qui devrait lui parler : un simulateur lui permettant de calculer combien il économiserait en arrêtant de fumer. - LeFares est une association qui se consacre à la prévention du tabagisme, à la prévention et au suivi de la tuberculose et des affections respiratoires chroniques. Sur leur site, vous pourrez notamment trouver une brochure très complète pour aider vos ados à arrêter de fumer ainsi que d’autres outils de prévention.
Ils en parlent...
Maëlle, 17 ans, extraterrestre
« Je passe un peu pour une extraterrestre à l’école, mais je n’ai jamais fumé une seule cigarette de ma vie. Mon père a des problèmes pulmonaires et, du coup, ça m’aide à me rendre compte que la santé, ce n’est pas acquis. Puis, je me dis que si je ne commence pas, je n’aurai jamais à arrêter. »
Cédric, 16 ans, cool
« J’ai commencé à fumer pour être accepté par un groupe. Chez nous à l’école, ceux qui fument sont ‘les Cools’, ceux qui ne fument pas ‘les Paumés’. Facile de décider quel groupe est le plus sympa. Mais je crois que je pourrais arrêter quand je veux. »
Camille, 14 ans, économe
« À la maison, mes deux parents fument et à l’école, plein d’amis aussi. J’ai essayé quelques fois en soirée, mais ça m’a surtout fait tousser. J’ai trop peur de me faire choper par mes parents. Et puis, ça coûte cher. Je préfère garder mon argent pour m’acheter des fringues. »