Loisirs et culture

Des premières impulsions de bébé à la ceinture noire de judo, tout est action. La vertu du sport, c’est plus qu’une simple suée une à deux fois par semaine. Elle permet de transmettre plein d’aptitudes à tout âge de la vie. L’éveil, la prise de conscience de son corps, le jeu, le geste, la précision, l’affrontement, le dépassement de soi, un mental en acier inoxydable, entres autres. Médecins, psychomotriciens, profs et parents nous coachent. On lustre son plus beau jogging, on fait chauffer ses baskets et on fonce.
Tous les sports à tous les âges ? Non ! Certaines activités ne peuvent être pratiquées qu'à partir d’un certain âge. Vous n’allez pas inscrire votre petit de 6 ans pour le Tour de Flandres tout de suite. Pourquoi ? Il est important de ne pas aller à contresens de sa croissance. Certaines pratiques entraînent un développement des muscles qui peut freiner la consolidation des os.
En revanche, il n'existe aucune restriction pour faire de l'exercice, s’étirer, se dépenser. Remuez-vous en famille, communiquez à travers les actions sportives, en fonction des âges et des aptitudes. On vous encourage, vous et vos enfants, à accomplir tous ces efforts importants qui se font finalement tout naturellement, au rythme de la vie.
De 6 mois à 2 ans
C’est là que tout commence
« Quoi ? Du sport à cet âge-là ? ». Oui ! On ne vous parle pas de Krav Maga, bien sûr, mais plutôt de stimuler les réflexes et la motricité de votre petit. C’est important pour une raison : faire prendre conscience de son corps au chérubin. Tout se fait par de simples petits gestes, à la maison ou en dehors - ça vous fait du bien également - avec des activités type bébés nageurs.
Dès ses 6 mois, n’hésitez pas à emmener votre petite chose dynamique à la piscine. Bébé en sera d’autant plus à l’aise avec l’eau et c’est aussi un excellent moyen d’établir un contact avec ses parents. Comment s’y prendre ? Commencez par des petits exercices ludiques. Familiarisez votre enfant à cet environnement. Bercez-le doucement au gré de mouvements calmes et rassurants. De lui-même, séance après séance, il se montrera plus familier et se risquera même à mettre la tête sous l’eau, la bouche fermée.
Une fois à l’aise et heureux, votre petit poisson va patauger comme un petit chien. Ne tentez pas de lui apprendre le dos crawlé ou le papillon tout de suite, ses mouvements et sa coordination des mouvements ne le lui permettent pas. S’il ne devait exister qu’une seule règle, ce serait de lui laisser le temps de découvrir et progresser naturellement. Ne soyez pas impatients.
Un zest de geste
On rappelle l’importance de stimuler le développement moteur de votre enfant. Pour cela, la qualité numéro un en tant que parent, c’est l’observation. Humez ses mouvements, ses aptitudes, sa motricité, son tonus, son calme, sa motivation, ses progrès. Comprenez et participez ensuite à ses gestes.
Comme pour la piscine, organisez quelques séances en présence d’un psychomotricien s’il n’en a pas dans sa crèche. Quelle joie de le voir ramper, marcher, courir, grimper, sauter, évoluer sous l’œil expert du moniteur et de son armada de matériel adapté. Le bénéfice de ces séances est précieux. Il va vous apprendre à porter et manipuler votre petit et vous délivrer quelques pépites pour l’apprentissage de la marche.
Oust !
Par la suite, dès ses premiers pas, en plus des séances de piscine et de psychomotricité, faites-lui prendre le large ! Baladez-le à travers les parcs, dans les aires de jeux, montrez-lui un nouveau petit monde et plein de nouveaux complices. Gageons que vous allez élargir le cercle de vos connaissances, vous aussi.
Un peu plus tard, autour de ses 18 mois, règne une ère nouvelle, celle du deux-roues. Son premier tricycle, sa première draisienne, sa première trottinette pour les plus casse-cou… chacun sa bécane ! La draisienne présente l’avantage de transmettre un véritable sens de l’équilibre. Très important pour l’apprentissage du vélo par la suite. Son seul inconvénient ? C’est que vous allez courir derrière. Et vite !
De 3 à 6 ans
Mode psychomot’
L’entrée en maternelle, un sport à part entière ? N’exagérons pas, mais à ce moment de leur vie, les petits se dépensent énormément. D’abord, pendant la récréation.
Aussi anodin que cela puisse paraître, les spécialistes interrogés insistent sur la façon dont est géré l’effort par les petits. Ne les noyez pas d’activités et rappelez-vous qu’un peu d’ennui est bénéfique. Ils bougent naturellement, guidés par une seule soif : l’apprentissage.
À cette période, stages et autres activités extrascolaires proposent des « multi-activités » ou « multi-sports » durant les congés ou dès que la cloche a sonné. Perdus dans les offres, certains parents ne savent plus à quel saint se vouer. Pour choisir, vous pouvez procéder par élimination. Évitez tout ce qui est judo, tennis ou sport collectif, les règles qui alimentent ces sports sont encore difficilement assimilables.
Privilégiez ce qui le fait jouer, lui permet de bien maîtriser ses mouvements. Il aime courir, il adore sauter, il chérit le lancer et il vénère le fait de se suspendre. Les maîtres mots sont équilibre, coordination des mouvements et orientation. Certains se montrent déjà très enclins à la danse, à la gymnastique ou aux activités circassiennes, ne les brimez pas, foncez !
Bullons et pédalons
Piscine, encore et toujours. À une nuance près, par rapport aux bébés : dès 3 ans, mieux vaut placer votre enfant dans les bras de maîtres-nageurs experts. L’idée n’est pas de remettre en question vos qualités de nageur ou vos dons de pédagogue, mais les gestes qui s’enseignent à ce moment-là de la vie doivent être précis. Et les mauvais réflexes peuvent s’imprimer à jamais. Multipliez donc les stages, les sessions proposées par l’école ou les cours privés. Et si jamais le look « tong-slip de bain » vous manque, rien ne vous empêche de programmer quelques séances en même temps que votre chérubin.
En revanche, vous pourrez mettre en application vos enseignements pour le vélo. Personne ne vous chipera cet instant magique où vous voyez vos petits maîtriser pour toujours l’art complexe et subtil du cyclisme. Avant de commencer à rouler, veillez à bien choisir la monture. À savoir, un cadre adapté à sa taille - ses pieds doivent toucher le sol -, des freins en ordre de marche et faciles à utiliser et la capacité à monter facilement sur la selle sans être gêné. On ne lésine pas sur la sécurité : n’oubliez pas le casque, les protège-coudes et les protège-genoux. Armez-vous de patience, petite larmichette de joie garantie à la fin !
De 6 à 8 ans
On se dépense
Les réserves d’énergie à cet âge-là sont sans fond. Les enfants doivent se dépenser, et les spécialistes interrogés parlent d’une moyenne de dix heures d’activités physiques par semaine. D’autant qu’à cette période de l’enfance, un choix très important fait surface. Au menu : football, basket, escalade, tennis, athlétisme, etc. On évite les sports d'endurance type cyclisme, running, cross-country, ski de fond...
Côté compétition, on va attendre encore quelques années avant de lustrer les trophées. Attention à bien prendre en compte son état physique et ses envies. N’hésitez pas à consulter un médecin du sport qui apportera son expertise et vous délivrera de précieux conseils sur les disciplines les plus adaptées à votre champion en herbe.
Un choix ? Non, des choix !
À l’unanimité, nos experts encouragent les parents à ne pas enfermer un petit de 6 à 8 ans dans un seul sport. Beaucoup de familles se disent à tort que plus tôt leur bambin s’engagera dans une voie, plus vite il y excellera. Ils peuvent en être au contraire très vite dégoûtés.
Vous pouvez opter pour les séances de multiactivités. Les formules sont évolutives, à partir de pratiques basées sur le jeu et de petites séquences inspirées de l’athlétisme, de jeux de ballon ou de raquette. L’Adeps offre le plus souvent un choix varié.
Dès 6 ans, certains clubs s’ouvrent à vos poussins et proposent de vraies mises en situation. Il s’agit des fameux baby-sports, de plus en plus prisés. Le principe, c’est que règles et matériel sont adaptés aux petits. Là encore, les spécialistes insistent sur l’importance de varier les gestes. Et si jamais votre progéniture s’entête et ne veut faire qu’un seul sport, privilégiez les arts martiaux, le tennis ou le basket pour ses mouvements, propices au développement moteur.
De 9 à 11 ans
Les infatigables !
Voici l’âge où l’on aime montrer ce que l’on a sous le capot. Souvenez-vous de votre belle condition physique à cet âge-là. Vous étiez rapides, infatigables et téméraires. Dès 9 ans, arrive l’âge fabuleux de la découverte de sports comme le football, le handball et bien sûr le basket-ball, pour lequel une bonne partie de la rédaction perd toute objectivité, y ayant joué ou y jouant encore.
Autant chez les filles que chez les garçons, les aptitudes psychomotrices ne sont pas encore tout à fait abouties. Les professeurs de sport interrogés nous font remarquer qu’elles le sont de plus en plus tard. Ils citent la poutre à titre d’exemple, sur laquelle les jeunes générations tiennent de plus en plus mal. Il est donc encore fondamental pour un enfant de cet âge de travailler certains gestes moteurs via plusieurs disciplines ou activités. En plus des sports classiques, pourquoi ne pas inciter vos petits à des pratiques plus inédites comme le skate, le roller, l’escalade ou différents types de jonglage. Un vrai plus pour la suite.
La grande entrée dans la compétition
Ils trépignent depuis des années à l’idée de se mesurer et de briller sous le feu des projecteurs et vous auriez tort de les en priver. Les voici de plein-pied dans l’obsession de la gagne. Attention, toutefois, gare à la compétition ! Certains experts nous confient qu’ils entendent des enfants qui, dès 9 ans, leur confient qu'échouer leur est impossible. Ils aimeraient s'amuser innocemment, mais ne veulent pas décevoir leurs parents.
Faites preuve d’objectivité, observez le fonctionnement du club et voyez s’il correspond à votre enfant. Étudiez ses règles, son environnement, la façon dont il encadre les petits champions. Demandez-vous si cette activité physique épanouit votre chérubin, si elle ne lui prend pas trop de temps, s’il n’est pas trop fatigué ou s’il ne revient pas trop blessé. Et bien sûr, vous pouvez mesurer les espoirs que vous y mettez et vous demander si les projections que vous avez ne sont pas trop toxiques pour vos chères têtes blondes et brunes. Une petite introspection ne fait jamais de mal !
Rien n’à foot
Et si, pour votre plus grand malheur, Junior refuse les sports collectifs, les entraînements, les vestiaires entre amis ou la compétition, pas de panique. Il pourra toujours intégrer une équipe, plus tard.
Pour l’heure, secouez-le, hors de question que le fruit de vos entrailles reste pourrir devant les écrans ou prenne racine sur le canapé familial. Direction la piscine, par exemple. Il est allergique au plongeoir ? Mettez-le sur un vélo de course ou un VTT, selon sa personnalité. Vous en trouverez pour pas cher sur un site de seconde main ou dans une bourse de la Ligue des familles.
Il s’entête ? Les ressources ne manquent pas. Tout un tas de joyeusetés s’offrent à lui : roller, patinage, accrobranche, tir à l’arc, escalade, course d’orientation, hip-hop, capoeira… Insistez, intéressez-vous à ses activités, participez.
Et si, au final, votre garçon veut faire de la danse ou que votre fille ne rêve que de catch, n’hésitez pas une seule seconde. Jetez vos vieux clichés au compost. Et bienvenue dans le XXIe siècle, ça risque de vous plaire !
12 ans et +
Ne pas se mettre le sport… à dos
Les spécialistes interrogés sont unanimes et cela risque de ne pas susciter l’adhésion auprès de certains lecteurs, dont la dernière activité sportive remonte aux derniers JO… devant la télé : le goût de la pratique sportive de votre ado dépend en partie de l’exemple que vous lui montrez. Il éprouverait plus de plaisir à s’adonner aux diverses disciplines physiques et se sentirait plus encouragé en fonction de votre motivation à vous. Logique, non ?
À vous, donc, de lui montrer que vous éprouvez du plaisir à vous dépenser. Vous pouvez, par exemple, mettre en place des rendez-vous sportifs et familiaux : une sortie à la piscine, un petit jogging en forêt, une course à vélo, un petit match autour d’un ballon. Ça pourrait même devenir encore plus captivant et fédérateur que le traditionnel après-midi dominical au fond du canapé.
Bien que bénéfiques, ces petits loisirs sportifs ne sont pas suffisants. À partir de l’adolescence, il est important de bien faire la distinction entre activité sportive (marche, balade à vélo) et sport (match, course, compétition).
Sports bien peignés…
Vous avez remarqué ? Les posters de Justin Bieber n’ornent plus les murs de sa chambre. Ils sont remplacés par tel basketteur, tel hockeyeur, tel cavalier ou tel patineur artistique (plus rare). Oui, votre grand enfant est mordu. Il pense, parle, rêve et vit sport. Parfait ! Soyez ses plus grands supporters. Attention toutefois aux excédents : plus de dix à douze heures par semaine, ce n’est pas forcément bon ni pour la santé, ni pour les études, ni pour les copains.
Autre restriction : gare à la musculation, surtout pour les garçons. Leur corps est important, ils sont des mâles et s’imprègnent de modèles virils. D’où la disparition des posters de starlettes adolescentes. Si votre petit pousse trop de fonte avant la fin de la croissance, les conséquences peuvent être nuisibles.
Rassurez-vous, les raquettes et les baballes priment avant tout dans son cœur de jeune athlète. Et si vous sentez qu’il n’accroche pas à ces activités classiques, pourquoi ne pas lui proposer des sports type cyclisme, aviron, art martial, escalade, yoga, etc. ?
… ou qui décoiffent
Et quand la grosse crise arrive et qu’il envoie valser l’autorité paternaliste du club, amenez-le (très) subtilement à des sports moins conventionnels. Souvent en phase avec une culture alternative, chaque génération a son lot de sports subversifs. Les plus marginaux, ceux dont la cote est au beau fixe ? Le roller derby ou le bike polo. À cela, vous pouvez rajouter le fixie (vélo à pignon fixe) qui mènera à la piste de vélodrome, le skate, le cyclo-cross (dites CX, ça fait bien), le BMX, le street-ball (basket de rue), le street-hockey ou, plus artistique, la danse hip-hop ou la capoeira. Quel que soit son choix, n’oubliez pas de fixer quand même quelques limites !
Le plus de toutes ces disciplines ? L’état d’esprit alternatif et le contexte social, l’appartenance à un mouvement et le sentiment unique de liberté qui en découlent. Peut-être qu’elles susciteront une curiosité pour d’autres sports à sensations fortes comme l’alpinisme, le ski, le trekking, le surf, la plongée sous-marine, la voile, le kayak de mer, la spéléo, le kite-surf… N’oublions pas qu’une des vertus du sport, c’est aussi l’exploration du monde, l’exploration de soi.
Yves-Marie Vilain-Lepage
À lire
Quels sports pour votre enfant ?, par Francine et Patrick Seners (Thierry Souccar).
Des parents en parlent…
Un sport d’hommes
« Ma fille aînée a multiplié sports individuels et collectifs avant de tomber amoureuse du handball, comme son père et moi. L’an dernier, elle est rentrée de l’école et a annoncé qu’elle arrêtait tout, parce que des copains l’avaient humiliée. Elle s’est fait traiter de garçon manqué parce qu’elle pratique un ‘sport d’homme’. Je trouve qu’il y a quelque chose de très injuste pour les filles. J’en ai souffert aussi. Et voilà que c’est au tour de ma fille. Nous l’avons rassurée sur sa féminité et encouragée à poursuivre. Elle continue aujourd’hui. Et elle n’a pas été peu fière, le jour où elle a battu à plate couture sur le terrain ces fameux petits cons qui s’étaient foutus d’elle. »
Annie, maman de deux adolescentes de 12 et 15 ans
Sport et handicap
« Mon petit dernier est handicapé moteur, en fauteuil. Et contrairement à ce que j’appréhendais, beaucoup de clubs se sont adaptées à ses besoins. Il s’est fait des amis. Et de temps en temps, il est invité pour une partie de basket dehors. Ces activités lui permettent d’acquérir plus d’autonomie et tout simplement d’avoir une vie beaucoup plus riche. Et nous aussi. »
Delphine, maman de trois enfants de 11, 14 et 17 ans