Loisirs et culture

De la déconnexion pour d’autres reconnexions, sensibles, subtiles, ludiques et poétiques. Trois spectacles tissés de liens familiaux, qu’on détricote et retricote au fil de dévoilements.
L’année 2025, nous vous la souhaitons pétillante de moments partagés, riche d’altérité, épanouissante de maillages humains, fructueuse de créations... Et qu’elle vous amène à rencontrer encore un peu plus vos proches. Et à les écouter. Vraiment ! À la façon de ces spectacles que nous vous invitons à ne pas manquer cette année. Chacun, très singulier, nous emmène dans des liens familiaux susceptibles de nous sortir des ornières et de nous alléger la tête.
Sa tête à elle, la grand-mère de Lucie, est remplie de souvenirs et d’épopées. C’est au détour d’un passage dans une cave que la petite-fille va découvrir de quelle trempe baroudeuse fut celle qui, désormais, se trouve en chaise roulante. Jadis, elle rattrapa une tête de peloton, nargua les chutes du Niagara, se hissa au sommet de la Cordillère des Andes… De quoi contaminer la petite Lulu et l’armer de ferveur. Lui donner l’envie d’embrasser la vie, les risques et le monde tout entier.
Perle d’inventivité, de fantaisie et d’humanité, Ma grand-mère est une aventurière (Racagnac productions, dès 6 ans) est aussi un bel hommage aux femmes. Le tout grâce au savoir-faire fascinant de Delphine Havaux, Bernard Gahide, Philippe Evens et Isabelle Kennes : des savants bricolages aux attachantes marionnettes, de la musique envoûtante au pop-up géant et à la projection artisanale… Splendide !

Tendresse et complexité
Cette autre fillette se nomme Sacha. Elle exulte à l’idée de pouvoir enfin participer à la course annuelle de caisses à savon. Son père lui a promis de lui construire un bolide. Mais, peu à peu, elle comprend qu’il n’y arrivera probablement pas. Son papa perd la vue. Sacha perd l’insouciance. « Tu regardes ton père quand il se sert un café. Tu regardes ton père quand il passe l’aspirateur. Tu le regardes quand il programme le lave-vaisselle. Tu le surveilles pour voir s’il devient aveugle ».
Un récit à la deuxième personne, vif, habité, drôle et poignant qui vient nous happer dès la première minute et nous laisse comme tout ébouriffé à la fin. Histoire de la fille qui ne voulait pas être un chien (Foule Théâtre, dès 8 ans) réunit, sous la houlette d’Olivier Lenel, le duo inoubliable de Philippe Léonard et Lucia Palladino, empreint de tendresse, sous un impressionnant toit d’ampoules suspendues, dont il et elle jouent intelligemment. S’y raconte la complexité que peut revêtir une relation pourtant si belle. S’y racontent la vie, l’émancipation, la force de la relation. Bouleversant !
D’émancipation, il est question également dans Tadam (Cie Renards, dès 9 ans), autre récit initiatique, autre duo père-fille, autre univers captivant. Louison vit la moitié du temps aux côtés d’un papa magicien dont le dernier tour ne s’est guère révélé drôle. Elle grandit à l’ombre de ce secret bien gardé et de cet homme devenu pour elle un « gros looser ». Elle n’a de cesse de bousculer ce père taiseux, aux jeux de mots miteux, pour comprendre le fin mot de l’histoire.
On le sait, les vulnérabilités mises à jour et les révélations même délicates façonnent des clefs pour avancer et rebondir. Ce que narrent ici à merveille Baptiste Toulemonde, Maude Fillon et Arthur Oudar, au sein d’un dispositif imposant, évocateur de ce qu’est la vie : tantôt si banale, tantôt si magique !

De la magie pour les mirettes, il y en a encore en quantité en 2025, un peu partout et pour tous les âges. Retrouvez-les dans les articles ci-dessous :
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