Loisirs et culture

Du théâtre pour rire, frémir et réfléchir

Voilà quelques spectacles à suivre lorsqu’ils passeront près de chez vous. Le Ligueur a flashé dessus lors des dernières Rencontres Théâtre jeune public à Huy. Autant d’occasions de mêler plaisir et prise de conscience citoyenne.

« Huy plus belle la ville », nous annonce un panneau à l’entrée de la cité mosane. Celle-là même qui a vu moult allées et venues de professionnel·les venu·es présenter ou découvrir les pièces de théâtre (mais aussi de danse, de conte, de cirque) destinées au jeune public et amenées à tourner dans les années à venir. Huit jours d’août pour plonger dans 43 spectacles fraîchement créés et dédiés aux jeunes de 2 ans et demi à 18 ans et plus.
Comme chaque été, le Ligueur s’y trouvait. Avec la ferme intention de vous partager impressions et coups de cœur. Pour ce faire, rendez-vous dans ces colonnes au fil de l’année ! D’ici là, voici un petit aperçu de la cuvée 2024 particulièrement savoureuse. Vaste, fertile, diversifié, parfois léger, souvent profond, toujours nourri de l’envie de rencontrer les enfants et les adolescent·es de façon singulière et authentique, le répertoire du théâtre jeune public belge francophone nous impressionne par cette notion-clé si fondamentale à transmettre aux enfants : la liberté.
« Soyez libres et conscient·es » semblent nous souffler beaucoup des créations présentées. Et « Ensemble, on est mieux et plus fort·es ! », ce qui peut sembler bateau, certes, mais essentiel à marteler. Histoire de ramener les esprits à lutter contre l’individualisme croissant, à plaider pour la force du collectif et à se rappeler que nous ne sommes pas au-dessus de la nature, qu’on a tout intérêt à veiller de près à l’utilisation de ses ressources et à voir - en la cultivant joyeusement - notre interdépendance au sens large. Ces éléments reviennent bien souvent en filigrane d’histoires et de récits, mais jamais de façon pesante. Fantaisie, imagination et poésie en sont la plupart du temps les ingrédients.

Consommation, identité, bienveillance…

C’est le cas, par exemple, de Fast (par Inti Théâtre, dès 13 ans), du théâtre-récit documentaire de Didier Poiteaux et d’Olivier Lenel, venus ouvrir les yeux au sujet des ravages de l’industrie textile en posant cette question : « Peut-on se réapproprier ses désirs dans une société de consommation ? ». Prégnant et puissant. Le type de spectacle dont on sort en ayant l’envie de le revoir et de le partager avec ses proches et le plus grand nombre.
Même impression avec T’es qui toi ? (par Une Compagnie, dès 8 ans) : Leïla Chaarani et Alexandre Duvinage, sous la houlette de Thierry Lefèvre, nous emmènent avec un naturel désarmant dans les questions les plus existentielles et les plus élémentaires qui soient. Ces questions qui nous relient toutes et tous. Nos prénoms, nos origines, nos souvenirs, l’air qu’on respire, ce qui nous définit, ce qui nous ouvre… Tendrement sur le fil, très proche des spectateurs et spectatrices, le duo nous emmène dans un trésor d’humanité. « Dans la vie, à chacun·e son instrument, à chacun·e sa musique ».
Autre duo désarmant : Valérie Joyeux et Vincent Raoult, mis en scène par Véronique Dumont, dans En Barque (par Les Pieds dans le Vent, dès 3 ans). Accompagnés d’Arnaud Lhoute - régisseur, acteur et facilitateur, tantôt crapaud, tantôt abeille -, les deux personnages se rencontrent sur l’eau au détour d’une balade dominicale, chacun, chacune à bord de son petit bateau. C’est a priori tout simple, il ne s’y passe pas grand-chose et pourtant… les mimiques, les trouvailles, les jeux de mots et la tranquillité qui s’en dégage font un bien fou. Très drôle, ludique et attachante, voici une petite perle de burlesque et de bienveillance.
Ceci n’est qu’un tout petit aperçu de la richesse et de la beauté reçues durant ces huit jours. N’hésitez pas à vous rendre sur le site de la CTEJ (Chambre des Théâtre pour l’enfance et la jeunesse) pour y consulter l’agenda régulièrement remis à jour ! Ouvrez les yeux, tendez l’oreille, vous trouverez toujours une pièce à découvrir avec vos enfants, petits et grands.

LE CONSEIL

L’âge minimum annoncé est à respecter. Pour avoir toutes les chances de passer un moment singulier de partage et d’émotions, tout téléphone éteint. De quoi rendre plus belle la vie !

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