Société
« Il y a quelques semaines, dans une station de métro bruxelloise, une femme sans-abri m’a demandé de l’argent. Elle semblait épuisée et m’a montré son ventre rond : elle était enceinte de sept mois. Depuis, je me demande comment j’aurais pu l’aider. Vers quelle structure ou association aurais-je pu l’orienter ? »
Valérie, maman de deux enfants
En novembre 2022, lors du dernier dénombrement des personnes sans-chez-soi en Région bruxelloise*, 1 283 femmes ont été comptabilisées. Mais les données récoltées ne permettent pas de savoir combien parmi elles étaient enceintes. « Il s’agit d’une réalité invisible », nous explique Christine Vanhessen, directrice de la Fédération des maisons d’accueil et des services d’aide aux sans-abri (AMA). Qui précise toutefois que, dans les faits, ces femmes ne passent pas inaperçues et suscitent une mobilisation plus forte du secteur. « Dès qu’il y a des enfants en rue ou une femme dont on suspecte qu’elle est enceinte, les services de terrain tentent spontanément d’organiser une prise en charge ».
- Que faire ? Face à une personne sans-abri dont la situation vous interpelle, commencez par vous assurer qu’elle est bien en contact avec le réseau d’aide local. « Il est parfois difficile, quand on est à la rue, de savoir à quelle porte frapper », continue Christine Vanhessen. Le premier réflexe est de faire appel au CPAS, rappelle-t-elle. Dans l’urgence, il est également possible de s’adresser au dispositif d’urgence sociale (DUS) de votre région. À Bruxelles, il s’agit du Samusocial. Joignable 24h/24 au 0800/99 340, il dispose de places d’accueil d’urgence. Ses équipes mobiles peuvent également aller à la rencontre des personnes dont on leur signale la présence.
- Comment trouver une maison d’accueil ? Pour trouver une structure susceptible d’héberger et d’accompagner une femme enceinte à Bruxelles, vous pouvez contacter Bruss’help au 02/880 86 89. Ce service, qui recense chaque matin les places disponibles, peut notamment orienter vers une maison d’accueil. En Wallonie, la liste des maisons d’accueil est disponible sur le portail actionsociale.wallonie.be
Parmi les maisons d’accueil pour femmes figurent les anciennes « maisons maternelles », qui se spécialisent dans l’accueil des (futures) mamans. Comme le Chèvrefeuille à Ixelles, la Maison de la mère et de l’enfant à Uccle, et le Chant d’oiseau à Woluwe, dont les coordonnées se trouvent également sur le site de l’AMA.
À la différence des centres d’hébergement d’urgence où l’accueil, limité dans le temps, est souvent gratuit, les maisons d’accueil ouvrent leurs portes pour des périodes plus longues, entre six mois et un an en moyenne, mais leur service est payant. Ce qui signifie, signale Christine Vanhessen, que pour en bénéficier, il faut au moins avoir droit au revenu d’intégration sociale (RIS) du CPAS, et donc disposer d’un titre de séjour. - Et si elle n’a pas de titre de séjour ? Pour les femmes migrantes qui ne disposent pas de titre de séjour en Belgique et n’ont donc pas accès aux maisons d’accueil, la Plateforme de soutien aux réfugiés, alias Belrefugees, a créé la Sister House. Un lieu d’accueil réservé aux femmes seules et qui offre à celles qui sont enceintes, outre l’hébergement, un suivi psycho-médico-social jusqu’à l’accouchement. Malheureusement, ses 80 places affichent souvent complet. Les personnes qui souhaitent en bénéficier peuvent se rendre au Hub humanitaire (avenue du Port, 100 à 1000 Bruxelles) les lundis, mardis, jeudis et vendredis de 13h à 17h, où un entretien social leur sera proposé en vue de les accueillir ou de les orienter.
* Chiffres disponibles sur brusshelp.org. En Wallonie, selon l’IWEPS (autorité statistique de la Région wallonne), 2 916 femmes ont recouru au dispositif d’urgence sociale au cours de l’année 2022.
ZOOM
Prévention
Parce que trop de femmes se retrouvent sans ressources après avoir quitté un partenaire violent, rappelons à titre préventif qu’il existe une ligne téléphonique « écoute violences conjugales » gratuite, anonyme et disponible 24h/24 : 0800/30 0 30.
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