Développement de l'enfant

L'ENFANT PAS À PAS
J’étais il y a peu à une fête en soirée et je regardais le cœur pincé un petit, fatigué et donc grincheux, dans les bras d’une maman exténuée. Je sentais une grande maîtrise chez elle lorsqu’elle s’adressait à son enfant pour ne pas laisser transparaître dans sa voix un agacement qui, pourtant, sortait de tous les pores de sa peau.
En me rapprochant d’elle, je l’entendais partager ses expériences de mère avec une autre jeune femme qui disait haut et fort : « Moi, j’ai laissé mon bébé avec une baby-sitter à la maison. Il n’a aucun profit à rester dans une ambiance bruyante tard le soir, alors qu’il est dans son rythme de nuit depuis 19 heures 30. » En réponse, la première maman expliquait que son petit, lui, n’avait pas encore trouvé son rythme et qu’elle attendait impatiemment qu’il se mette à dormir à des heures convenables. Et d’ajouter : « Je suis partisane de laisser mon enfant trouver par lui-même ses rythmes alimentaire et de sommeil, la façon de s’endormir, de le laisser décider quand il lâchera le sein… Je ne veux pas le contraindre, la vie s’en chargera plus tard et je le laisse chercher par lui-même ses marques et son tempo. Je veux qu’il se sente libre et en accord avec ce que son corps lui donne comme messages. »
Un monde sans frustration, balise, contrainte ? Une auto-éducation, cela existe-t-il ? Je faisais dans ma tête le parallèle avec les adolescents auxquels on laisse définir leur propre vie, leur rythme et leur gestion du temps. Ils sont un peu perdus et disent de leurs parents trop « cool » : « Je me demande si je compte pour eux, je peux faire toutes les conneries du monde, ils me font soi-disant confiance. »
L’idée que l’enfant aurait des capacités spontanées d’auto-programmation est un reliquat d’une époque où l’on a débridé l’éducation qui formatait et modelait les enfants selon des critères précis, et qui anéantissait la spontanéité et la créativité.
Hé non, un enfant ne fonctionne pas au radar, il lui faut une direction ! La merveille de l’éducation est d’en proposer une, tout en la réajustant sans cesse et en admettant que les chemins de traverse sont parfois des détours nécessaires.
Un bébé ne trouve pas les moyens de gérer son sommeil sans être un peu guidé, sans avoir la possibilité de sentir que la vie est rythmée par des séquences différentes (le temps du sommeil, celui pour jouer, celui des parents…). C’est un peu à l’image de la sécurité dans le sommeil : elle est davantage trouvée au creux d’un espace (son lit) dont les contours sont délimités et, par là, rassurent qu’au milieu d’une étendue devenue inquiétante à cause du manque de limites.