Développement de l'enfant

Et si on osait le baby-sitting ?

Entre crainte d’abandonner son enfant et sentiment de culpabilité, recourir au baby-sitting n’est pas toujours naturel pour certains parents. Et pourtant, pour la famille et la construction de l’enfant, les répercussions peuvent être très positives.

Véronique et Fred ont échangé un regard plein de complicité un peu honteuse. Ben, oui, au bout du compte, leurs enfants, ils ne les ont fait garder que trois fois par des personnes étrangères à la famille. Ça se compte sur les doigts d’une main. Ils sont presque étonnés de le découvrir. Et encore, ces trois fois… Une collègue à deux reprises… La fille d’une collègue pour la troisième. Ce n’était pas vraiment un terrain inconnu. Aujourd’hui que les enfants sont à l’unif, Fred et Véronique s’interrogent sur ce « non-recours » à un·e baby-sitter. Pourquoi, à l’époque, n’ont-ils pas sauté le pas ?
On rassure tout de suite notre sympathique couple de jeunes quinquas. Il n’est pas le seul dans le cas. Faire garder son enfant par une personne « étrangère » à la famille n’est pas une démarche facile. Questionnés sur cette thématique, plusieurs parents nous ont partagé leur réticence, voire leur hostilité. Mélanie est de ceux-là : « Ils vont chez mes parents. Sinon, on ne fait pas de sortie ». Idaira renchérit : « Jamais. Difficile de laisser mon bébé avec quelqu’un que je ne connais pas et qui, habituellement, est trop jeune, pour un bébé en tous cas ».
« Par rapport à cela, je ne vais pas vous apporter une réponse scientifique, mais plutôt le fruit de mon expérience personnelle ». Emmanuelle Kadz est pédiatre et souligne un des intérêts du baby-sitting. « En fait, cela permet aux parents d’être autonomes dans la gestion de la garde, de ne pas dépendre uniquement de la famille et d’éviter ainsi certaines tensions ».
Autonomie. Le mot est lâché et il a toute son importance. Car s’il concerne les parents, il touche aussi singulièrement les enfants. « Un enfant doit apprendre à être autonome, glisse Mireille Pauluis, psychologue. Confier son enfant à un·e baby-sitter peut participer à cette émancipation. Chaque fois qu’un baby-sitting fonctionne bien, c’est une petite victoire pour l’enfant en quête d’autonomie ».
Emmanuelle Kadz l’affirme : « Si, dans un couple, une famille se pose la question de l’intérêt ou pas de la garde d’un enfant, il faut franchir le pas ». Mireille Pauluis poursuit : « Les parents doivent tout mettre en place pour s’occuper de leurs vies d’adultes. Ils doivent pouvoir s’offrir un resto en amoureux, par exemple. C’est nécessaire pour décompresser, pour ne pas étouffer l’enfant. C’est aussi nécessaire pour montrer à un enfant qu’être adulte, ce n’est pas seulement rester auprès de ses enfants. Cela permet à l’enfant de se faire une image du monde des ‘grands’ plus proche de la réalité ».

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