« Personne n’apprécie ce que je fais dans cette maison »
La dynamique de la nouvelle famille va beaucoup dépendre de votre degré de préparation. Quel sera votre seuil d’implication ? Partagez-vous les mêmes valeurs éducatives ? Allez-vous déléguer votre autorité ? Quelles sont les limites à ne pas dépasser ? Qui fait quoi, quand, comment ? Et surtout : quel est le budget de la famille ? Ces questions sont délicates à aborder et il est plus simple de se dire que c’est évident, que l’autre doit bien savoir ou se rendre compte… Détrompez-vous. Pour éviter drames et malentendus, posez des questions, soyez explicite et exprimez votre point de vue.
« Le papa ne réagissait pas vraiment. Vers 12-13 ans, sa fille ne m’adressait même plus la parole, j’étais transparente. Il essayait parfois de la raisonner, mais plutôt pour se donner bonne conscience. C’est quand je suis devenue maman moi-même que j’ai compris dans quel état il se trouvait. Il se sentait coupable, il ne voulait pas que la petite souffre, alors il lui passait tout, ne prenait jamais fait et cause pour moi »
Sarah, maman de Maïté, 6 ans, belle-maman de Louise, 19 ans
« Il est également important de maintenir un équilibre financier sain. Mon compagnon aurait pu offrir à sa fille des choses inaccessibles pour moi : le scooter à 16 ans, des vacances, un smartphone coûteux… Mais il ne l’a pas fait sachant que je ne pourrais faire de même pour les miens. Ce qui a toujours permis aux enfants de ne pas se sentir moins que l’autre »
Clotilde, maman d’Alizée, Jared et Eloïse, 10, 17 et 23 ans, belle-maman d’Isabel, 24 ans
« Quand les filles viennent à la maison, j’ai tendance à ne pas trop m’impliquer, je préfère laisser ma compagne gérer la discipline. Il y a toujours des histoires. Comme c’est le week-end, j’en profite pour faire des activités pour moi »
Lucien, beau-père de Ghiulia et Sarah, 12 et 15 ans
« Croire que la belle-mère est un personnage neutre et peut, dès lors, jouer un rôle de médiatrice dans les conflits éventuels entre le papa et ses enfants a été mon erreur. Pendant tout un temps, cela a été vachement dur entre mon homme et ses trois ados en révolte. Je rêvais de les rapprocher, de les réconcilier, de les apaiser. Je me souviens : j’ai même organisé un petit déjeuner chez moi, dans l’espoir que, sur mon terrain neutre, ils puissent se parler et se retrouver en toute liberté. J’avais tout faux. À leurs yeux, je les avais purement et simplement piégés avec cette histoire de petit déjeuner. Depuis, je suis vaccinée ! » Oriane, belle-mère de trois grands ados
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Il faut pourvoir aborder les questions financières avec sérénité. Outre les revenus de la personne avec laquelle on va partager sa vie, il est important d’être au courant de toutes les charges fixes en lien avec l’ancienne famille : pension alimentaire, prêt hypothécaire, etc.
Un revenu brut, c’est une chose, ce qu’il en reste est parfois réduit à la portion congrue. Mieux vaut établir un budget ensemble sur la base de vos revenus réellement disponibles. Sinon, tôt ou tard, des ressentiments pourraient voir le jour, liés à l’impression de payer les pots cassés d’un divorce mal négocié ou d’une situation dont on n’est pas responsable.
Tout ce qui est en lien avec la succession future peut également être source de tensions. Les questions d’héritages peuvent dégénérer en querelles, surtout quand l’entente n’est pas excellente. Il faut mettre les choses à plat et donner des directives très claires de part et d’autre.
L’argent ne symbolise rien de particulier en lui-même : les gens projettent des choses dessus, notamment leur besoin de sécurité. Enfin, je dirais qu’il faut être vigilant·e et faire attention aux dettes : découvrir des dettes qui avaient été dissimulées peut briser la confiance à tout jamais. Transparence et confiance, c’est la meilleure chose à faire en matière financière.
A. K.
Des pistes pour agir
- Discutez éducation en amont : échangez vos points de vue sur vos valeurs et harmonisez vos principes.
- Fixez les règles de la maison en impliquant les enfants.
- Autorité, discipline : établissez un rapport de confiance, ne soyez pas trop rigide, surtout avec un ado.
- Clarifiez les questions d’argent : budget, contributions, héritage.
- Faites des concessions, trouvez des compromis.
- En cas de refus et de rejet systématiques qui pourrissent la relation, mieux vaut se désengager, après avoir expliqué pourquoi.