Développement de l'enfant

Quels sont ceux d’entre vous qui ne se plaignent pas des conflits quotidiens qui surgissent pour un oui ou pour un non entre leurs enfants ! La place à table, l'assiette rouge alors que toutes les autres sont bleues, la chambre momentanément interdite au frère ou à la sœur, les genoux de maman, le copain accaparé par l'un ou l'autre... tout est occasion pour une dispute ou une bagarre.
La famille n'est pas toujours un espace neutre et paisible. Elle est, en effet, le premier lieu où l'enfant va apprendre qu'il n'est pas seul au monde et qu'il n'en est pas le centre. Et cette prise de conscience peut être douloureuse. Il va devoir composer avec les autres. Pour y arriver, il va se frotter à eux, physiquement et psychiquement.
Coups de griffe, coups de langue
Petits, les enfants ont tendance à gérer leurs conflits manu militari: les coups, cris et morsures sont fréquents autour du jouet convoité. Avec l'accès au langage, les coups de langue rivalisent avec les coups de poing et de pied. En l’occurrence, les filles sont meilleures que les garçons : elles sont souvent les championnes du coup de langue, alors que les garçons préféreront longtemps gérer les choses par une bonne bagarre.
Ces conflits, s'ils sont éprouvants pour les adultes, sont utiles pour le développement social de nos enfants. C'est en effet parce qu'ils ne sont pas toujours d'accord entre eux qu’ils vont apprendre qu'on peut avoir des avis, des envies, des désirs, des projets différents les uns des autres. Ils vont aussi découvrir que s'ils parviennent à trouver une issue à leurs conflits, ils pourront jouer ensemble et avoir beaucoup plus de plaisir à plusieurs que tout seuls.
Quand la bagarre toune mal…
Il existe une école qui a mis en place un « carnet de râlage ». Les enfants y notent leurs conflits, colères et autres sentiments d'injustice et signent leurs écrits. Ce carnet est lu très régulièrement avec le prof. Bien souvent, au moment de la lecture, le problème n’est plus. Les enfants prennent ainsi conscience de leur capacité à résoudre eux-mêmes leurs conflits.
Mais que faire quand une bagarre entre enfants risque de mal tourner ? Mettre un cadre est toujours intéressant. Dire, par exemple, qu'on n'aime pas du tout les bagarres où on risque de se faire mal, que s'ils veulent se battre, ils doivent aller dans le jardin ou au garage. Mettre ainsi une règle va transformer la bataille en jeu et on sait bien que les garçons aiment se battre ! Ils devront, cependant, assumer les coups perdus... sans se plaindre. Dans certains cas de disputes violentes, la séparation des combattants est une mesure utile, chacun dans son coin ou dans sa chambre et, quand les colères sont apaisées, on fait le point.
La famille, si elle est le haut lieu des disputes fraternelles, devrait être aussi le haut lieu de la sécurité affective. Parce qu'ils sont confiants dans l'amour inconditionnel de leurs parents, parce qu'ils ont été en conflit avec eux et que cela n'a rien changé aux liens affectifs, les enfants intègrent petit à petit que chacun a le droit d'exprimer ses avis et opinions mais qu'il doit le faire dans le respect des avis et opinions de l'autre.
Mireille Pauluis
EN PRATIQUE
Pour l’aider à gérer ses conflits…
- Inutile de lui interdire de se battre…
- … ni de gérer ses disputes à sa place.
- Avoir confiance. Même petit, il est capable de gérer lui-même l’embrouille.
- Face aux belligérants, demandez à chacun de raconter sa version des faits, ce qu'ils proposent comme solution et, si l'incident a eu lieu hors de votre présence, dites-leur que vous ne pouvez pas prendre parti.