Développement de l'enfant

Frères et sœurs : le plus beau de l’histoire

Peut-être que votre bébé est (actuellement) enfant unique. Peut-être est-il le petit dernier, la petite dernière au sein d’une fratrie plus ou moins importante. Si cette seconde possibilité correspond à votre réalité, qu’est-ce qui se joue au quotidien entre vos enfants ? Nous en parlons dans ce numéro du Ligueur et mon bébé, mais nous aurions pu le faire plus tôt aussi…

« Les interactions entre Timéo, 4 ans et demi, et Louna, 11 mois, sont venues progressivement. Chaque jour, il y a quelque chose en plus, se réjouit Adèle, leur maman. Depuis que Louna se déplace à quatre pattes et qu’elle se tient assise, ils jouent de plus en plus ensemble. Leur papa et moi, on adore filmer leurs moments à deux… Louna suit son grand frère partout. Et, lui, il invente des scénarios pour l’amuser. Par exemple, il est couché par terre, caché sous une petite couverture, elle va vers lui, le cherche sous sa couverture, il réapparaît d’un coup, et ce sont des rires, avec de drôles de petits bruits de part et d’autre. Il peut s’asseoir à côté d’elle juste pour rigoler avec elle ou pour lui montrer ses jouets. Ils font aussi les fous quand ils prennent leur bain ensemble. On voit vraiment que Louna s’intéresse à son grand frère et que lui s’intéresse à elle. »

Les grands font partie du décor

Une intuition et une évidence : les relations frères-sœurs ne ressemblent à aucune autre. Qu’ont-elles de spécifique ? « Pour les grands, il y a vraiment cette sensation d’appartenir, avec le reste de la fratrie, à un même groupe, relève Reine Vander Linden, psychologue clinicienne. On observe, chez certains, une attention et une bienveillance plus importantes envers leur petit frère ou leur petite sœur qu’à l’égard d’autres enfants. » Et côté bébés ? « Les aînés sont dans leur environnement depuis le début. Ils représentent, à côté des parents, des personnes d’attachement pour les petits frères, les petites sœurs. Bien sûr, ils ne vont pas leur offrir la même capacité de consolation ou de soins que les parents. Mais, entre enfants, des choses très fortes peuvent se passer. Dans des moments de stress familial, on voit des aînés venir en relais des parents auprès des petits. Et on voit des petits mobiliser les aînés pour qu’ils leur prodiguent des soins ou pour qu’ils les réconfortent. »
Comme les grands font partie du décor, les petits font l’expérience, dès leurs premiers jours de vie, qu’ils ont à partager l’amour et l’attention de leurs parents. Alors que les grands, eux, ont pu avoir, pendant tout un temps, quand ils étaient enfants uniques, leurs parents pour eux seuls.

L’expérience de la responsabilité

Au fil des temps forts de la journée – les repas, les couchers, les réveils, les moments de détente… –, les enfants plus grands prennent leur place de… grand. La maman de Timéo et de Louna en témoigne : « Quand je suis occupée, je demande à Timéo de jouer avec sa sœur, et il le fait avec plaisir. Quand elle se réveille de ses siestes, il est tout content de s’en occuper. Il grimpe dans son lit et "papote" avec elle. Il peut très sérieusement me lancer : "Maman, je joue, tu peux t’occuper de Louna ?" Il a bien intégré ce qu’il faut faire pour prendre soin d’elle : il enlève les petits objets qui sont sur son passage… Et il partage tout avec elle : un bout de sa tartine, un morceau de fruit… »
Votre grand, votre grande est tout attentionné(e) avec votre bébé ? « Quelle expérience merveilleuse pour un(e) aîné(e) d’avoir une telle responsabilité ! On voit plein de grands qui disent "Maman, le bébé pleure, viens" ou qui, face aux pleurs du bébé, tirent sur la jupe de leur maman lorsqu’ils ne parlent pas encore. Cela leur fait éprouver non seulement ce qu’est la solidarité, mais aussi ce qu’est la responsabilité », s’enthousiasme la psychologue. Timéo qui dit « Maman, je joue, tu peux t’occuper de Louna ? » en est une chouette illustration. « C’est formidable de voir qu’un jeune enfant est déjà capable de sentir qu’un bébé est trop fragile et trop dépendant pour rester tout seul. C’est une expérience importante pour un(e) aîné(e). Pour le bébé, sentir cette responsabilité chez l’aîné(e) est aussi une expérience importante : elle ne se déploie pas comme celle de la maman. » Le papa, ce n’est pas la maman, et ils ne font pas comme les grands-parents, les puéricultrices de la crèche, le grand frère, la grande sœur…

Votre bébé apprend en imitant

Globalement, selon Reine Vander Linden, les aînés ont une attitude d’empathie envers les plus jeunes. « L’empathie, c’est : "Je me rends compte que mon petit frère, ma petite sœur est en difficulté et je lui apporte mon aide", ou "Je me rends compte qu’il, elle ressent de la joie et je participe à cette joie". » Et les plus jeunes ont une attitude de sympathie pour les aînés, « parce que le bébé glane tout ce qu’il y a autour de lui : le désagréable, l’agréable, il les prend, il les fait siens ».
Vous l’observez : votre bébé apprend énormément par imitation. Oui, les petits ont un plaisir fou à imiter les grands. Et, forcément, le fait de se déplacer leur donne des ailes… Les grands, quant à eux, ont un plaisir fou à entraîner les petits dans leurs aventures parce qu’ils voient bien que ces petits font comme eux. D’où, entre un bébé et un(e) aîné(e) d’une même famille, une certaine complicité… que les parents peuvent voir d’un mauvais œil si leurs bêtises s’accumulent. Vous en savez peut-être quelque chose…

Oui, les petits ont un plaisir fou à imiter les grands. Et, forcément, le fait de se déplacer leur donne des ailes…

Scène banale : le bébé attrape le jouet qui est dans les mains d’un grand. Le contraire arrive aussi : « Mathis, 4 ans, a très vite compris qu’il pouvait arnaquer son petit frère, Hugo. Il a plus de force que lui et il lui arrache ses jouets », raconte Florian, le papa qui l’est aussi d’une petite Lilou, 2 ans et demi. « Parfois, quand ils s’y mettent à trois, c’est difficile de ramener le calme. Hugo est très fort dans l’imitation. Mais, bien sûr, il n’a pas la même capacité de compréhension du stop que son frère et sa sœur. » Autre scène courante : le petit déboule dans le jeu de construction des grands (une tour haute, haute, haute, un joli circuit…) et démolit le tout, sans se rendre compte des effets produits. Concentrés sur leur activité, les grands le prennent mal, ils le vivent comme une intrusion : ils y avaient mis tant d’énergie… Ils pleurent, ils tapent, ils crient. « Souvent, dans ce genre de situation, on protège les petits, et les grands trouvent cela injuste. Ils ont raison de trouver cela injuste ! Veillons à leur montrer qu’on respecte leurs jeux. Ils méritent qu’on les considère dans leur tristesse et dans leur colère », conseille Reine Vander Linden.
Jeux, rires, « papotages », et même bêtises, entre frères et sœurs « échappent » aux parents. Une réalité à regarder positivement, pour la psychologue ! « Cela revient, pour les parents, à pouvoir se dire qu’il y a des sous-groupes dans la famille : le groupe des adultes (le couple), le groupe des enfants (la fratrie). Si, en tant que parent, on le voit comme une ressource ("Notre grand, notre grande s’y prend bien avec notre bébé"), tout le monde y gagne. Car, effectivement, c’est une ressource pour le bébé : il peut compter sur sa maman et son papa, mais il peut aussi chercher du réconfort ou du plaisir chez son grand frère ou sa grande sœur. »

PENSEZ-Y

  • « Toute relation – entre adultes comme entre (jeunes) enfants – peut être teintée de jalousie ou de compétitivité. Sûr que comparer sans cesse deux enfants entre eux (« Regarde, ton petit frère sait faire ça, et pas toi », « Elle est plus sage que toi », « Ne fais pas comme lui »…) va produire des ambiances d’agressivité et de rivalité. Le climat familial n’est jamais anodin…
  • Dans les familles recomposées, le bébé peut vivre avec le(s) grand(s) une semaine sur deux, par exemple. « Le petit est encore petit pour avoir une continuité de pensée sur ses frères et sœurs quand il n’est pas avec eux », dit Reine Vander Linden. Les retrouvailles demanderont, chaque fois, une certaine énergie au bébé, et au(x) grand(s) aussi. Cela n’empêchera pas de belles solidarités et complicités…

LES PARENTS EN PARLENT…

Un grand frère qui prend sa place de grand frère
« Noé, plutôt fonceur, tape ses jouets sur son grand frère, Marius, qui a 6 ans. Marius fait beaucoup rire Noé. Ils aiment "courir" l’un derrière l’autre, et se cacher et se retrouver. Marius a vraiment pris sa place de grand frère. Il est conscient des limites de Noé, il est doux et patient avec lui, même quand celui-ci le martyrise. »
Gabrielle, maman de Marius et de Noé

Sa cousine, un modèle
« Clara n’a pas de grand frère ou de grande sœur. Mais elle est très proche de sa cousine, Louise, qui a deux ans de plus qu’elle. Elle veut tout faire comme elle. C’est un peu comme un modèle. Je ne sais pas si on peut parler de mimétisme, mais c’est rigolo à observer. »
Marine, maman de Clara

Un vrai lien
« D’aussi loin que je m’en souvienne, Hugo a toujours voulu faire comme Mathis (4 ans) et Lilou (2 ans et demi). Par exemple, Hugo rampe jusqu’à la table basse du salon et il se met debout pour jouer avec les deux autres, occupés avec leurs Playmobil. Il y a un vrai lien entre eux trois. Mais il y a quelque chose de plus fort encore entre Hugo et Lilou, du fait qu’ils sont ensemble à la crèche. Lilou a à cœur de jouer son rôle de grande sœur. Elle est attentive à Hugo, elle l’étouffe de bisous, mais elle est aussi très directive avec lui. »
Florian, papa de Mathis, Lilou et Hugo

À LIRE AUSSI

Ces beaux gestes entre parent et bébé

Développement de l'enfant

Ces beaux gestes entre parent et bébé

15 idées pour vous faciliter la vie… et celle de votre enfant de 11 mois

Développement de l'enfant

15 idées pour vous faciliter la vie… et celle de votre enfant de 11 mois

À la crèche, comme si vous y étiez...

Développement de l'enfant

À la crèche, comme si vous y étiez...

Les infos collectées sont anonymes. Autoriser les cookies nous permet de vous offrir la meilleure expérience sur notre site. Merci.
Cookies