Société

Garde d’enfant malade : la débrouille des parents

« Allo ? Oui, bonjour, c’est la crèche. Je m’excuse de vous déranger, mais votre loulou n’est pas bien aujourd’hui. On a pris sa température et il a 39,2°C de fièvre. Il faut venir le chercher le plus vite possible s’il vous plait. Il ne pourra pas revenir avant 24 heures d’affilée sans fièvre. »
C’est un appel que tous les parents ont déjà reçu et craignent de recevoir. À tel point que le simple fait de voir s’afficher le numéro de la crèche ou de l’école sur le téléphone leur donne des sueurs froides…

Lorsque leur enfant tombe malade, c’est la galère qui commence pour les parents. Toute l’organisation familiale s’en trouve chamboulée : il faut s’arranger avec son employeur, annuler ou déplacer des rendez-vous professionnels, appeler le/la pédiatre pour obtenir un rendez-vous rapidement, avertir l’autre parent et répartir les tâches avec lui, prendre contact avec un·e proche ou un·e professionnel·le pour organiser la garde de l’enfant durant les prochains jours…
L’organisation de la garde d’un enfant malade est un des grands défis auquel doivent faire face les parents dans leur recherche de conciliation des temps entre vie familiale et vie professionnelle. Selon notre Baromètre des parents 2022 (sondage Ipsos), 70% des parents estiment difficile de travailler à temps plein en ayant des enfants. Ce chiffre monte même à 81% pour les parents d’enfants de 0 à 3 ans. Il est impossible pour les parents d’anticiper les maladies de leur enfant et la conciliation des temps est par conséquent rendue encore plus compliquée.

500 garde-malades en moins depuis cinq ans

En théorie, les parents peuvent faire appel à une garde-malade à domicile, via leur mutuelle, leur crèche, leur commune, par exemple. Cependant, en pratique, cela se complique. D’abord, parce que ce type d’intervention nécessite de disposer d’un certificat médical. En outre, encore faut-il que le service de garde ne soit pas saturé et qu’il leur soit accessible géographiquement et financièrement.

Il est impossible pour les parents d’anticiper les maladies de leur enfant et la conciliation des temps est par conséquent rendue encore plus compliquée

De plus en plus de services de garde d’enfants malades ferment leur porte. Ces cinq dernières années, selon nos estimations, plus de 500 postes de garde-malade (soit sous statut intérimaire, soit sous statut salarié) ont été supprimés. En parallèle de ces suppressions de postes, certains services encore existants ne sont plus en mesure d’assurer les gardes par manque de financement et de personnel. Tandis que les derniers services qui continuent à fonctionner sont de plus en plus saturés.
Malgré ce constat, les pouvoirs publics ne soutiennent pas - à ce jour - de nouvelles initiatives en la matière.

Seuls 36% des parents ont droit à un congé enfant malade rémunéré

Dans le même temps, aucun congé légal spécifique ne permet aux parents de s’absenter pour prendre soin de leur enfant malade, sans perte de rémunération. Toujours selon notre Baromètre 2022, à peine un tiers des parents (36%) bénéficie de congés enfants malades rémunérés. Les parents se retrouvent par conséquent démunis pour faire face aux petites maladies de leur enfant. C’est la débrouille pour bon nombre d’entre eux.
En conséquence, la Ligue des familles appelle à la création d’un congé « enfant malade » rémunéré de dix jours par an pour tous les parents. Ceci leur permettrait de s’absenter de leur travail, sans perte de rémunération, pour prendre soin de leur enfant. Les parents pourraient y recourir pendant trois jours sans certificat médical afin qu’ils ne doivent pas courir chez le médecin dès les premières heures de maladie de leur enfant ou si les symptômes ne sont pas inquiétants. Le solde pourrait être pris moyennant certificat ou document de la crèche ou de l’école attestant de l’éviction de l’enfant.

Une vision à plus long terme

En outre, la Ligue des familles appelle les pouvoirs publics à soutenir financièrement les services de garde d’enfants malades et à en développer des nouveaux afin que tous les parents qui souhaitent y faire appel puissent y avoir accès – ici aussi, même en l’absence de certificat médical.
Ces solutions sont complémentaires et doivent être soutenues et développées parallèlement. En effet, tenant compte de la situation personnelle et professionnelle de chaque famille, une solution sera préférée par rapport à une autre.
Créer un congé enfant malade rémunéré et soutenir financièrement des services d’accueil d’enfants malades à domicile aura un coût, certes. Mais celui de ne pas répondre à ces besoins essentiels risque d’être encore bien plus élevé à terme, en retrait des femmes du marché du travail, en baisse de la productivité au travail, en maladies, en burn-out parentaux ou professionnels et en coûts de santé publique.

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