Développement de l'enfant

Il marche, il ne marche pas encore… mais quelle tornade !

12-13-14 mois, c’est l’âge où votre petit loup s’éclate sur le plan moteur. Ça déménage avec lui ! C’est aussi la période de la verticalité. Il fait plein d’expériences en position debout, en prenant appui avec ses mains là où il peut. Il tente des mouvements, les répète, les rate, les refait d’une autre façon… Il trébuche, tombe, se rattrape, se relève… Il fait ses essais et ses erreurs.

« Mais ce n’est pas parce qu’il se met debout qu’il est prêt à marcher, prévient d’emblée Bénédicte Guislain, kinésithérapeute pédiatrique au CHIREC (site Delta) et en privé, à Bruxelles. Au moins six semaines, voire deux mois, se passent entre le moment où il se met à investir la position debout et celui où il commence à faire ses premiers pas tout seul. C’est seulement quand il a bien expérimenté ses appuis, exercé son équilibre et la coordination de ses mouvements, quand il est à l’aise dans la station debout, bref quand il se sent prêt à tous ces niveaux qu’il va lâcher ses appuis et marcher. »

Faire le plein d’expériences

En attendant, ce qui compte, c’est de laisser votre enfant faire ses expériences. Et de lui fournir, pour cela, du mobilier ad hoc. En fait, il le trouve assez facilement, tout peut lui servir d’appui : une table basse, une chaise, une barrière, un fauteuil… Des reliefs différents, à des hauteurs différentes – un peu plus bas, un peu plus haut, mais pas trop haut « pour qu’il s’ancre bien dans le sol ». À ce stade, le chariot à roulettes, vendu dans le commerce, n’est pas utile car il va trop vite : « Déjà, l’enfant ne contrôle pas son corps et, en plus, on lui demanderait de contrôler un véhicule ! » Mieux vaut, si vous voulez lui en offrir un, attendre qu’il maîtrise la marche. Par contre, pourquoi pas un petit véhicule (bas et bien stable) à enfourcher pour se déplacer assis en poussant avec les pieds ? Quant au trotteur, c’est simple : il est à proscrire, vu tous les inconvénients qu’il présente. Il empêche l’enfant de faire ses expériences sensorimotrices d’avant la marche et il le met en danger (devant les escaliers, les dénivelés…).

Les chaussures ne doivent pas être portées toute la journée. Par moments, votre enfant peut rester pieds nus, afin que ceux-ci soient en contact direct avec le sol

Certains enfants marchent très tôt, d’autres ne s’y risquent que très tard. Dans nos pays occidentaux, l’âge moyen de l’acquisition de la marche est de 14 mois et demi. Laissez le temps à votre enfant de s’y préparer, d’assimiler ses expériences, de consolider ses acquis. Il a jusqu’à ses 18 mois pour cela. Pas d’inquiétude donc s’il ne marche pas encore. Presser le processus ne ferait que le mettre dans un état d’insécurité. À la place, quel plaisir de prendre le temps de l’observer bouger ! C’est un acrobate ! « Il aura toute sa vie pour être sur ses deux pieds. Par conséquent, qu’il profite de cette période où il intègre les étapes au sol, insiste Bénédicte Guislain. Mais assurez-vous qu’il est bien en train de préparer cette marche, et donc qu’il bouge, se déplace à quatre pattes, se met debout, explore dans tous les sens… » Si ce n’est pas le cas, il est utile de consulter un professionnel spécialisé dans le développement de l’enfant (kiné, pédiatre, neuropédiatre…).

Tantôt des chaussures, tantôt les pieds nus

On le voit, il n’est pas recommandé que vous donniez les mains à votre enfant pour qu’il apprenne à marcher. C’est même un mauvais plan ! « Quand le parent donne les mains à l’enfant, c’est lui qui lui donne l’équilibre, explique Bénédicte Guislain. Or, l’enfant a besoin de trouver son équilibre en lui et par lui-même. L’adulte qui donne les mains non seulement se casse le dos, mais il augmente aussi – et surtout – la dépendance de l’enfant à son égard. Lequel risque de devenir tyrannique, demandant sans cesse qu’on le fasse aller à droite, à gauche… Sans compter que cela induit une mauvaise position des jambes et des pieds, un dos arqué en arrière… »
Si vous ne l’avez pas encore fait, vous pouvez penser à acheter des chaussures à votre bambin. « Des bonnes chaussures : montantes, munies d’un renfort avec un relief correspondant à la voûte plantaire, en cuir et avec une semelle extérieure souple et antidérapante. » Elles ne doivent pas être portées toute la journée. Par moments, votre enfant peut rester pieds nus, afin que ceux-ci soient en contact direct avec le sol. Les chaussures aident, parfois, à l’équilibre. Bref, c’est bien de varier. C’est bien aussi de varier les sols à explorer : tapis, parquet, carrelage (à l’intérieur de la maison), herbe, petits cailloux, sable (à l’extérieur)…
Hissé sur ses deux pieds, votre enfant a désormais un autre point de vue, sur les choses et sur les personnes. Il grandit, cela vous rend fiers. À vous aussi de réévaluer les dangers auxquels il s’expose et de réadapter vos non et vos interdits.

Les doigts des mains : de plus en plus sélectifs

Parallèlement, votre « petit bulldozer » développe sa motricité fine. Il utilise ainsi ses dix doigts de façon de plus en plus sélective. Il adapte sa préhension en fonction des caractéristiques de l’objet qu’il veut saisir. Motricité fine et motricité globale peuvent progresser à des rythmes différents chez le même enfant. « Joséphine marchait déjà toute seule à 10 mois. Elle court maintenant qu’elle a 1 an ! Derrière sa grande sœur et derrière le chat. Mais, sur le plan de la motricité fine, ses gestes restent maladroits. Même si elle fait des progrès, ce n’est pas encore top », confirme Guillaume, son papa. En tout cas, c’est le moment où votre enfant aime mettre des objets dans une boîte pour les retirer juste après, encastrer des formes dans leur trou, empiler deux ou trois cubes, taper avec un marteau sur une planche, glisser des anneaux le long d’une tige, guider une grosse auto dans un circuit, ouvrir, fermer, tirer, pousser, lancer…

TÉMOIGNAGES

Les parents en parlent...

Peur de rien
« À 14 mois, Mathias ne marche pas encore. Mais qu’est-ce qu’il cavale à quatre pattes ! Et puis, dès qu’il voit un appui – une chaise, une barrière… –, il y va et se met debout. Il a toujours eu un côté casse-cou. J’ai l’impression qu’il tarde à marcher parce qu’il arrive plus vite à ses fins à quatre pattes, et donc il ne voit pas encore trop l’intérêt d’avancer sur ses deux pieds. Mathias a toujours fait preuve de beaucoup d’énergie. Son mode d’action ? Il passe par une phase d’observation et, une fois qu’il a bien observé, il fonce vers tout ce qui s’ouvre et se ferme, et vers tout ce qui possède des boutons. Il passe à l’attaque ! Comme il donne l’impression de n’avoir peur de rien, il faut vraiment être attentif. »
Gaëlle, maman de Mathias, 14 mois

Marre de la pression…
« Ah, la pression de l’entourage par rapport au développement de l’enfant ! Autour de 12-15 mois, la question que tout le monde pose, c’est : "Est-ce qu’il marche, votre bébé ?" Au point de vous remplir d’inquiétude, alors que vous n’êtes pas d’un naturel inquiet… Non, Ben ne marche pas encore à 14 mois ! Heureusement, les puéricultrices de la crèche nous ont bien fait comprendre que le plus important, c’est qu’il bouge, qu’il ait envie d’explorer, qu’il essaie de nouvelles choses… Ben va finir par marcher, ce n’est juste pas le moment maintenant. »
Sophie, maman de Ben, 14 mois

PAS À PAS

La marche… en marche

Une fois que l’enfant se met debout, on croit qu’il est prêt à marcher. Ce n’est pas vrai. Entre les deux moments, presque deux mois peuvent se dérouler ; différentes étapes se succèdent. Le détail avec la kinésithérapeute pédiatrique Bénédicte Guislain.
« L’enfant se met debout en prenant appui, avec ses deux mains, sur une chaise, une table basse, un pouf. Au début, il a son corps collé tout contre. Progressivement, il lâche une main, puis essaie de lâcher l’autre main. Il transfère le poids de son corps sur un pied d’abord, sur l’autre pied ensuite. Il finit par décoller son ventre du point d’appui. Il se met à faire des pas latéraux tout autour du meuble, en s’y tenant avec les mains. Il ne sait pas se retourner. Il s’accroupit, ramasse un objet par terre, se remet debout, le dépose ailleurs, s’accroupit de nouveau. Peut-être commence-t-il à se retourner, à regarder un peu d’un côté, puis de l’autre. Il change d’appui. Il passe d’un appui qui est devant lui à un autre qui est sur le côté et, de là, à un troisième qui est derrière lui, de la table basse à la chaise, puis au canapé. Il cherche des appuis de plus en plus loin, qui sont à différentes hauteurs. Parfois, il perd l’équilibre, rate son appui, coordonne mal ses mouvements, tombe. Il va à chaque fois s’ajuster aux nouvelles situations. Quand il se sentira prêt au niveau de son équilibre et de la coordination de ses mouvements, il n’aura plus besoin d’appuis et il marchera tout seul. »
Résultat ? « Un enfant stable, enraciné et dans la sécurité. Stable : "Je suis là, peut-il se dire, et si on me souffle dessus, je ne vais pas tomber." Enraciné : il a un bon appui des pieds au sol, et cet appui donne un enracinement au propre et au figuré. Et la sécurité qu’il acquiert est autant physique – "Je suis là, bien campé sur mes jambes ; je peux tomber, je me ramasse bien, je mets bien mes mains et je ne me fais pas mal" – que psychique – "Je sais que s’il se passe quelque chose, je suis capable de réagir". Et tout cela se prépare par les réactions de redressement, d’équilibre et d’appui qui se développent dès la naissance. »

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