Développement de l'enfant

Un enfant qui ne s'intègre pas dans le groupe, ce n'est pas anodin, Ce n'est pas toujours dramatique mais cela mérite qu’on y prête attention. Et comme parent, il faut aussi se dire qu’on réagit différemment à cette situation en fonction de son histoire personnelle, de son tempérament. En fonction aussi de la personnalité de son enfant.
La maman de Louis est très inquiète car son fils, qui est en 2e année primaire, ne semble pas avoir d'amis. Il n'est pas invité aux anniversaires, ne ramène pas de copains à la maison, joue tout seul à la récré. Les autres jouent au foot et cela ne l'intéresse pas. Il ne se plaint pas de son sort et quand la maman interroge l'institutrice, cela n'a pas l'air de poser problème.
Louis est en effet un garçon rêveur. Il passe beaucoup de temps à observer : les animaux, les gens, la nature. À la maison, il s'occupe tout seul. Tout petit déjà, il jouait des heures durant sans réclamer la présence de sa mère ou de ses frères.
Solitaire… mais pas trop
La maman de Louis, quant à elle, était une petite fille timide. Elle n'osait pas se joindre aux autres enfants qu'elle regardait avec envie. Elle a beaucoup souffert de cette situation. Elle aurait tellement voulu que quelqu'un lui vienne en aide. Elle attendait la fin de la récré avec impatience, parce que dans les rangs et en classe, elle avait sa place. Si au moins les adultes avaient organisé des jeux pour tous les enfants, elle aurait d'office participé !
La maman de Louis projette sur son fils ses propres difficultés d'enfant et elle intervient comme elle aurait voulu qu'on intervienne pour elle. Louis ne demande rien, mais sa mère a raison d'être attentive à ce trait de caractère de son fils. Même s’il est un grand rêveur et qu'il ne s'ennuie jamais tout seul, il faut veiller à ce qu'il ne s'isole pas complètement. C'est une question d'équilibre.
En attendant, comment cette maman peut-elle faire la part des choses entre ce qui lui appartient et ce que vit son gamin ? Peut-être simplement en lui racontant que c’était pour elle une souffrance de ne pas parvenir à s’intégrer dans des groupes. Les enfants adorent écouter les histoires des parents quand ils étaient petits…
En retrait, parfois de manière subie, parfois par choix
Pour Candie, c'est différent. Voilà une petite fille réservée qui a autant de plaisir à observer les autres qu'à participer aux jeux. Son papa était le boute-en-train de la classe et il était toujours partant pour une activité de groupe. Il était invité à tous les anniversaires et adorait ça. Il a du mal à imaginer le plaisir de sa fille qui préfère de loin la compagnie d'un seul enfant au brouhaha d'un groupe. Il se demande si c'est bien normal, si sa fille n'a pas un problème. Il organiserait bien des fêtes avec toute la classe mais Candie n'y tient pas.
Sa maman non plus d'ailleurs, car elle comprend sa fille ! Elle aussi était une petite fille réservée, un peu timide. Elle préférait la compagnie d'un ou deux enfants à celle de toute une classe. Elle dit n'en avoir jamais souffert et cela ne l'a nullement empêchée de faire des études, avec seulement une ou deux amies qu'elle voit d’ailleurs toujours. Candie trouve ainsi un équilibre entre ses deux parents : un papa qui veille à son intégration sociale et une maman qui comprend bien son besoin de réserve.
Bouc émissaire ici… mais pas ailleurs
Il y a 36 000 raisons qui font qu'un enfant n'a pas d'amis ou n’est pas à l’aise dans un groupe. À côté de Louis ou de Candie, il y a l'enfant pris comme bouc émissaire par la classe, celui dont on rigole toujours. C'est parfois surprenant de voir que cet enfant-là ne se plaint pas de la situation, au contraire. Comme si être l'objet des moqueries était sa fonction dans le groupe. Il est le sot du groupe et y trouve son compte : il a une place bien spécifique, il est quelqu'un de reconnu. Il est tout à fait possible que, dans un autre groupe, cet enfant ne soit plus le bouc émissaire. De tels enfants ne parlent pas toujours de ce qu'ils vivent à l'école, mais certains signes doivent attirer l'attention : maux de ventre systématiques le matin, pleurs pour ne pas aller à l’école, difficultés à se lever en semaine… Cette situation mérite évidemment d'en parler avec l'adulte responsable du groupe afin d'éviter qu’elle ne dégénère.
Parfois, ce sont des particularités qui sont à l'origine du rejet. Les enfants entre eux sont très directs et l'enfant différent, parce qu'il est plus dodu ou qu'il porte des lunettes, parce qu'il se comporte différemment, interpelle, inquiète. Les autres ne comprennent pas et rejettent. C'est une manière, pour eux, de se protéger car ce qu'on ne comprend pas peut faire peur. Les parents ont à soutenir l'enfant rejeté et à le rassurer par rapport à ses différences. Concrètement, cela donne quoi ? On peut, par exemple, observer les gens dans la rue et remarquer avec l'enfant combien ils sont différents. On peut aussi le faire avec les membres de la famille et valoriser les compétences de chacun.
Les parents doivent être attentifs aux plaintes des enfants et à leurs malaises qui pourraient être le signe d'un problème à l'école ou dans un autre groupe, sportif par exemple. Même s’ils peuvent paraître anodins et peu importants à nos yeux d'adultes, ces sentiments de rejet et d'exclusion sont souvent source de grande souffrance pour eux.
À LIRE
Romans et docus
Des romans :
- Lucien n’a pas de copains, de S. Bloch et D. de Saint Mars (Calligram, Ainsi va la vie).
- Les A.U.T.R.ES, de P. Manas (La Joie de Lire). Un livre qui faisait partie de la sélection du Prix Forum 2014 de la Ligue des familles.
- L’histoire de la chauve-souris qui voulait se faire des amis, de S. Dyer (Circonflexe).
Et des documentaires :
- L’amour et l’amitié, B. Labbé et M. Puech (Mila, coll. Les goûters Philo).
- L’amour et l’amitié, O. Brenifier (Nathan, coll. Philozidées).
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