Crèche et école

Titulaire de la toute nouvelle chaire de philosophie pour les enfants à l’Unesco, maître de conférences à l’Université de Nantes, Edwige Chirouter* vante les mérites de cette pratique qui permet aux enfants, même très jeunes, de construire leur pensée, d’appréhender la complexité du monde. Bref, de devenir des citoyens, tout en étant davantage attentifs à leur univers intérieur.
Existe-t-il un âge à partir duquel on peut commencer à « faire » de la philosophie ?
Edwige Chirouter : « Il n’y a pas d’âge pour la philo. On peut se lancer dès lors que les enfants commencent à s’interroger, généralement vers leurs 3 ans, sur le bien, le mal, la légitimité des interdictions, l’amour, l’amitié ou encore la mort, l’une de leurs toutes premières grandes interrogations. Toutes ces questions d’enfant sont des questions philosophiques. Et on peut s’en saisir pour inciter les petits à construire leur pensée. Car il ne suffit pas qu’ils se les posent. Il faut aussi les amener à y répondre avec une exigence de raisonnement. C’est là le début d’un long chemin. De fait, on continuera toute sa vie à se poser ces mêmes questions. »
Les enfants participent-ils volontiers à des discussions ou à des ateliers philosophiques ?
E. C. : « Oui. Ils sont d’autant plus réceptifs qu’il n’y a pas une seule réponse avec un grand R à la question posée. Pour une fois, l’adulte qui les interroge n’attend pas d’eux une réponse précise, qu’il a déjà en tête. Ils bénéficient ainsi d’une grande liberté de pensée et en éprouvent une jouissance. Ce plaisir est aussi lié au caractère collectif de la construction de la pensée. »