Vie pratique

Ils n’y croient plus, c’est foutu ?

Ça y est, le dernier de la tribu a des doutes. Saint Nicolas, père Noël, la petite souris, tout ça, c’est fini. Vraiment ? Le cœur aux abois, vous vous demandez comment vous y prendre cette année ? Une fois n’est pas coutume, on vous lâche directement le morceau : conservez la magie et rentrez à pieds joints dans le faire semblant.

Attablé·es en famille au petit déjeuner, vous évoquez les fêtes de fin d’année et questionnez vos enfants de 7 et 9 ans sur ce qu’ils vont demander comme cadeaux à saint Nicolas. La cadette répond avec aplomb : « On sait très bien que c’est vous ». Votre monde s’écroule. Où est passé votre bébé aux joues rebondies qui chantonnait à tue-tête « Ô grand saint Nicolas, patron des écoliers... » ?
Et le grand ? Vous osez un regard dans sa direction. Avec deux ans de plus au compteur, il y a de fortes chances que lui aussi soit déjà au parfum. Il devance timidement votre question. « Je n’y croyais déjà plus l’année passée, mais je n’ai pas osé te le dire pour ne pas te faire de peine ».
La magie des fêtes aura été de courte durée. Quelques années seulement de petites pantoufles alignées sous le poêle, de dessins puis de lettres au grand Saint. Vous vous retrouvez comme deux ronds de flan, à vous demander à quoi ressembleront les fêtes cette année. Pour y voir plus clair, nous avons frappé à la porte de Mireille Pauluis, psychologue, fidèle alliée du Ligueur.

Conserver l’esprit du merveilleux

Vers 6-7 ans, l’enfant questionne. Il cherche à comprendre le monde qui l’entoure. Comment un vieux monsieur parvient-il à passer par la cheminée ? Pourquoi est-ce qu’il ne se ressemble pas d’une fois à l’autre ? Les plus perspicaces reconnaissent une chaussure ou percent un regard familier. Petit·es futé·es, ils et elles savent démasquer.
Votre premier réflexe ? Demander à votre enfant comment il a découvert le pot aux roses. Un grand a vendu la mèche ou son esprit de déduction a pris le pas sur la pensée magique ? Si c’est la seconde option, félicitez-le, conseille Mireille Pauluis. Ce moment est aussi l’occasion de valoriser votre enfant. Désormais, il ou elle devient le/la gardien·ne du secret. Une bonne manière de chasser la désillusion au profit d’une prise de galon. Le petit qui se faisait gâter devient le grand qui œuvre à la surprise. Garnir les petits souliers, être dans la confidence des cadeaux, participer à la mise en scène…
L’envers du décor a aussi du bon et Mireille Pauluis conserve un souvenir ému de ses aînés pris au jeu des préparatifs. « Les enfants adorent faire semblant. Quand ils n’y croient plus, ils deviennent aussitôt d’excellents alliés pour perpétuer l’esprit du merveilleux des fêtes ».
Et quand plus aucun enfant ne croit dans la maisonnée ? Lorsque tout le monde sait, chaque membre de la tribu peut très bien continuer à faire comme si, suggère Mireille Pauluis. Pourquoi se priver de ce bonheur de gâter ? De surprendre aussi. « J’ai toujours fait des mises en scène, même quand mes quatre enfants n’y croyaient plus », ajoute Mireille Pauluis. Parcours de noix, mandarines et chocolats, tricots suspendus au plafond, plateau de jeu installé au beau milieu du salon… La maman s’en donnait à cœur joie.
Aujourd’hui encore, les petites blagues, surprises et attentions font partie des traditions de la maison. Dernière en date ? La récolte de noix dans les bras. Mireille distille un échantillon de sa récolte dans les bottes alignées dans l’entrée. De quoi surprendre celui ou celle qui les chausseront bientôt. « Tout faire pour continuer à avoir ce plaisir de surprendre et créer la magie », résume Mireille Pauluis.

« Tout faire pour continuer à avoir ce plaisir de surprendre et créer la magie »
Mireille Pauluis

Psychologue

Thomas, papa d’un enfant de 7 ans, témoigne de ce bonheur partagé du « faire comme si ». « Mon fils m’a demandé un euro récemment. J’ai refusé. Il a insisté, me disant que je n’avais qu’à lui avancer la pièce de la petite souris pour sa dent qui va tomber d’un jour à l’autre, m’expliquant qu’il savait très bien que c’était nous. Quand je lui ai demandé : « C’est ce que tu penses ? », il a fermé la porte à la discussion. Puis, en une semaine, il a perdu deux dents… qu’il a mises sous l’oreiller pour la petite souris. J’aime bien l’idée qu’il sache, mais qu’il veuille continuer à jouer le jeu pour que ça ne s’arrête pas ».
Revenons à la fratrie du début. Alors que la cadette signalait avec ardeur ne plus y croire, elle ne comptait pas pour autant passer son tour de cadeau. Comme l’an dernier, elle a mis du cœur à l’ouvrage pour rédiger sa lettre à saint Nicolas. Crayons et marqueurs de couleur en pagaille, elle a dessiné un chapiteau et une guirlande lumineuse pour mettre le grand Saint sur la piste du cadeau convoité. Sous l’impulsion de la petite sœur, le frérot a embrayé. Côté pile, il s’est appliqué à sa missive, côté face il a lâché son imagination et est parti sur de gros cœurs de toutes les couleurs.
Mireille Pauluis nous avait prévenu, les enfants adorent faire comme si. Alors, finalement, il n’y a peut-être pas à méditer sur la bonne attitude à adopter. Une fois encore, les enfants donneront sans doute le ton. Ils savent. Vous savez qu’ils savent. Mais leurs lettres signent leur envie de perpétuer le rituel. Comme avant, quand ils étaient encore de petits enfants.
Le cœur en joie, vous embrayez : « Les enfants, préparez vos pantoufles, si j’en crois la couleur du ciel, saint Nicolas est déjà occupé à cuire ses marrons ». Votre fille vous jette un regard en mode « Le ciel rose, les marrons, là, tu exagères ». Comme une légère piqûre de rappel. Comme souvent, il faudra chercher le juste milieu pour en faire ni trop, ni trop peu !

VÉCU

Et chez vous, ça se passe comment ?

À l’approche des fêtes, on a entrepris une petite incursion chez quelques tribus. Une poignée de parents nous dévoilent comment ils s’y prennent depuis qu’un de leur enfant n’y croit plus.

Comme un rite de passage
« Il y a un mois ma fille a perdu une dent, elle en a profité pour nous dire qu’elle savait bien qu’il n’y avait pas de petite souris. Qu’elle savait aussi que saint Nicolas et père Noël, c’était nous. J’avais peur qu’elle soit déçue ou nous en veuille de lui avoir menti, mais c’était presque un non-événement. J’ai focalisé sur le fait qu’elle devenait grande et se hissait parmi les gardiens du secret vis-à-vis de ses copines et de son petit frère. »
Nathalie, maman de deux enfants de 4 et 6 ans

Du temps plus que de l’argent
« Le fait que les aînés soient au courant diminue la pression de trouver absolument des cadeaux pour tout le monde. S’ils ont repéré quelque chose qui leur plaît mais qui est plus conséquent, on peut aussi faire une cagnotte avec les parrains, marraines ou grands-parents. Mais ce qu’on préfère, c’est offrir une activité. Un moment partagé plutôt qu’un cadeau matériel, c’est un peu ça, le crédo avec les grands. »
Anne, maman de trois enfants de 3, 8 et 10 ans

Garder la magie, toujours
« Il y a deux ans, la grande partageait déjà de fameux doutes sur le côté plausible des visites par la cheminée, estimant que, techniquement, c’était impossible. Cette année, j’ai un peu creusé avec elle pour sonder où elle en était dans ses interrogations. Sa réponse m’a scotchée : ‘Maman, laisse-moi croire à cette magie’. Dans leurs jeux, mes enfants sont à fond dans le monde des fées, de la magie et du faire semblant. J’interprète sa réponse comme, finalement, peu importe ce qui relève du vrai ou du faux pour autant qu’on reste dans le côté magique et féerique. »
Anouck, maman de trois enfants de 4, 7 et 9 ans

De spectateur à acteur
« Le grand était très inquiet à l’idée de ne plus recevoir de cadeaux maintenant qu’il savait. Une fois rassuré, il était tout en affaire d’expliquer à son frère comment saint Nicolas pourrait passer par la cheminée et de bien rappeler qu’il faudrait bien lui dire merci pour les efforts accomplis. Cette année, on a pu l’associer à la sélection des cadeaux pour le petit frère et les cousins. Pour lui, c’était le sommet d’avoir son cadeau, mais aussi de participer en coulisses à la fête des autres. »
Julie, maman de deux garçons de 7 et 9 ans

Jusqu’à quand ?
« Chez nous, le plus jeune y croit toujours. J’ai eu beau lui lancer des appels du pied pour savoir jusqu’à quand saint Nicolas passerait à la maison, je vois bien que ça ne fait pas tilt. Mon mari estime que ça devient tard, qu’on risque de se moquer de lui et qu’il faut lui dire. Mais, en même temps, je n’arrive pas à sauter le pas, de passer de celle qui met des étoiles dans les yeux à celle qui casse le mythe. »
Sarah, maman de deux garçons de 9 et 13 ans

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