Vie pratique

Retour à la maison. Ils ont envoyé valdinguer leurs chaussures et abandonné les cartables dans le couloir de l’entrée. À peine arrivés, ils négocient pour assouvir une furieuse envie… d’écrans et d’éclairs au chocolat ! La culture numérique est partout. Et elle est là pour rester. Les spécialistes insistent pour que nous la considérions comme une opportunité. Pour qu’elle le demeure, aidons nos enfants à devenir des internautes responsables !
Une règle, oui, mais quand ?
« Les écrans, c’est réglé, pour le moment. Lila et Léon ont droit chacun à trente minutes avant le repas du soir. L’air de rien, nous avons plus d’écrans que nécessaire : la télé, un ordinateur portable, une tablette, les smartphones, une console de jeux. J’ai bien conscience qu’il va falloir assouplir la règle en grandissant. À partir de quand ? »
Inès, maman de Léon, 5 ans, et Lila, 8 ans
Le wifi sous contrôle !
« Ce n’est pas une punition, mais plutôt une mesure transitoire : je change le code du wifi tous les jours. Maxime le demande quand il a terminé ses devoirs, et seulement après 18h. Depuis, plus de disputes, il s’est même remis à la guitare… »
Alice, maman de Maxime, 17 ans
Tout fermer ?
« Entre trop et trop peu, difficile de doser le contrôle parental. La première formule que j’avais choisie bloquait YouTube et c’est principalement ce que regarde ma fille ! »
Firouzeh, maman de Nassima, 11 ans
18 mois-11 ans
« Face aux écrans, soyez positifs ! »
Amélie Rault, référente en éducation à la santé à l’ONE
Détendez-vous, ne vous sentez pas coupables, c’est notre première recommandation. Prenez du recul en considérant l’environnement, vos moyens financiers, l’écologie de la famille : comment est configuré le logement, quelles sont les caractéristiques de votre tribu ?
Il ne s’agit pas d’interdire mais de trouver un équilibre. L’enfant doit pouvoir s’adonner à des activités variées, à des jeux de plein air, passer du temps avec les frères, sœurs et parents, sans oublier le droit à ne rien faire, à rêver ou à s’ennuyer. Être posté derrière un écran est passif : il faut qu’il puisse échanger, interagir. C’est la condition d’une bonne croissance et des apprentissages réussis.
Nous invitons les parents à accompagner l’enfant dans la découverte, puis l’utilisation des écrans. Je dirais que la bonne attitude, c’est d’être curieux sans être invasif. Le pas suivant, c’est être positif ! Les activités numériques présentent des opportunités pour l’expression de la créativité, le développement de l’imaginaire.
L’ordinateur et la tablette peuvent servir à des activités ludiques et sympas : visionner des photos de vacances, monter un petit film… L’essentiel, c’est de poser un cadre à chaque enfant, de limiter le temps d’accès, de personnaliser les approches, notamment selon leur âge et leurs compétences. Cela permet une utilisation raisonnée dans un cadre stable et rassurant.
En pratique
► Pas d’écrans avant 3 ans. Mais si vous y tenez, s’il y a des plus grands, pourquoi pas une tablette avec un jeu interactif ? L’enfant peut partager un court moment avec son parent dans un cadre ludique.
► Trop d’écrans, cela se traduit par des troubles du sommeil, du langage, du surpoids et de l’obésité.
► Ne pas interdire : servez-vous de ces supports pour développer la capacité de narration de l’enfant, l’inviter à raconter ce qu’il a vu, ce qu’il fait, imaginer la suite d’une histoire, etc.
12-18 ans
« La vie en ligne est un prolongement de la vie quotidienne »
Maryse Rolland, Child Focus
Pour mieux prévenir les dangers du net, nous conseillons toujours de dédramatiser les choses, de ne pas avoir un discours anxiogène. Internet demeure un outil d’épanouissement formidable pour les jeunes. Ils se font des amis, ils créent, ils entreprennent plein de choses. Mais ils doivent apprendre à respecter les codes. C’est comme sur la route : il faut connaître et suivre des règles pour pouvoir circuler en toute quiétude.
Les dangers du net sont une réalité. Le phénomène du grooming implique des pédophiles qui utilisent la toile pour entrer en contact avec des jeunes dont ils exploitent la fragilité. Ils les séduisent, essaient d’avoir une conversation à caractère sexuel ou des photos, voire une rencontre.
Celui de sextorsion s’est généralisé depuis 2015 et touche surtout des jeunes garçons. Camouflées derrière une fausse identité, des organisations incitent les ados à faire un strip-tease et leur extorquent de l’argent en les menaçant de partager les images sur tous leurs réseaux. Enfin, un autre phénomène va grandissant : celui de personnes qui prostituent des ados, parfois leurs propres camarades.
Chez Child Focus, nous ne sommes pas favorables aux logiciels qui permettent de fliquer les jeunes (hormis pour ceux qui ont moins de 9 ans). Pour nous, c’est le dialogue qu’il faut privilégier dès le plus jeune âge. La règle principale de prudence, c’est le respect. Dites-leur de ne rien publier qu’ils ne montreraient à leur grand-mère : la vie en ligne est un prolongement de la vie quotidienne !
Il ne viendrait pas l’idée à un ado de se balader sur la Grand-Place avec un grand panneau indiquant son numéro de GSM et son adresse. Sur internet, c’est pareil, il ne faut jamais divulguer d’informations personnelles. C’est très bien de se faire de nouveaux amis en ligne, mais si les ados veulent les rencontrer dans la vraie vie, conseillez-leur de fixer un rendez-vous dans un endroit public fréquenté. Le mot d’ordre : ne jamais se rendre à un rendez-vous seul et prévenir quelqu’un en qui ils ont confiance (En cas de problème, il est bon que l’ado puisse se retourner vers une personne de référence qui peut être autre que ses parents !).
Dans notre nouveau rapport annuel, nous constatons que les ados nous contactent de plus en plus eux-mêmes, en cas de sextorsion, par exemple. Les campagnes de prévention portent donc leurs fruits !
En pratique
► Toujours réfléchir à ce que l’on poste.
► Se rendre méconnaissable quand on envoie des photos sexy.
► Fixer des rendez-vous dans des lieux qui ne sont pas isolés.
« Le smartphone, un outil idéal pour apprendre l’autonomie »
Marijcke Biscchop, pédagogue et thérapeute comportementaliste
Le smartphone, c’est le monde dans sa poche. On peut tout faire : chercher des informations, jouer en réseau, commenter des stories, suivre sa série préférée, consulter les blogueurs, liker des blagues, partager de la musique, lancer une campagne contre les armes qui va révolutionner le monde… Marijcke Bisschop propose quelques règles pour une utilisation sans stress de l’appareil au sein de la famille. Des règles valables aussi pour les plus âgés : parents, rappelez-vous, c’est vous qui montrez l’exemple !
► Avant de passer aux écrans, finir les devoirs, les activités sportives ou culturelles et participer aux tâches ménagères.
► Discutez avec votre enfant de son utilisation, sa consommation mensuelle, pour déterminer ensemble ses besoins et ses attentes.
► Veillez aux signes d’abus et d’accoutumance. Passer beaucoup de temps à chatter, jouer aux jeux vidéo ou regarder des films peut avoir un impact négatif sur les résultats scolaires ou isoler l’ado.
► Appliquez les sanctions que vous aurez énoncées clairement si le jeune ne respecte pas les règles d’utilisation du smartphone fixées avec lui.
► Récompensez-le quand il les respecte : pourquoi ne pas les assouplir pendant le week-end ou les vacances, par exemple ?
A. K.
Zoom
Les réseaux sociaux : la grande trouille !
À partir de 9 ans, 25 % des mômes sont sur les réseaux sociaux. Dialoguez, pour les encadrer dans la confiance, mais pensez à lire toutes les mises en garde sur les conditions d’utilisation de ces nouveaux territoires ouverts à tous les vents. Nous ne sommes donc pas toujours vraiment en mesure d’en parler à nos enfants.
Exemple. Lorsque vous ouvrez un compte Facebook aujourd’hui, voici ce que vous acceptez : « Vous accordez à Facebook le droit irrévocable, perpétuel, non exclusif, transférable et mondial (avec l’autorisation d’accorder une sous-licence) d’utiliser, copier, publier, diffuser, stocker, exécuter, transmettre, scanner, modifier, éditer, traduire, adapter, redistribuer n’importe quel contenu déposé sur le site ».
Scrollez encore un peu plus bas, oui, plus bas, et vous découvrirez que cette politique d’utilisation des données est « susceptible d’être mise à jour à l’occasion ».
Le chiffre
Il y a en moyenne six écrans par famille. Les bébés de 1 an sont de plus en plus nombreux à y avoir accès parce que la télévision se trouve souvent dans la pièce principale de la maison. Plus les enfants grandissent, plus ils ont accès aux écrans, au rythme moyen d’un appareil supplémentaire tous les deux ans. (Source : ONE)
En savoir +
- Configurez un contrôle parental pour les très jeunes, cela leur évitera de tomber sur des contenus explicites, violents ou pornographiques. Comment faire ? En regardant sur cybersimple.be
- Pour tout savoir pour un internet plus sûr : composez le 116 000, la ligne d’aide Child Focus accessible 24h/24.
- Évitez le sharenting, phénomène qui consiste pour les parents à publier des photos de leurs petites merveilles sur les réseaux sociaux.