Vie pratique

J’adore mes petits-enfants, mais je tiens à ma liberté !

Petit loup est malade ? Mamie vient à la rescousse. La crèche ferme ses portes ? Les grands-parents prendront bien la relève. Mercredi après-midi ? Papy time ! À l’heure où les seniors restent actifs et « jeunes » de plus en plus longtemps, ils sont aussi du coup de plus en plus sollicités pour s’occuper des petits-enfants. Pas sûr que cela enthousiasme tous les grands-parents…

J’adore mes petits-enfants, mais je tiens à ma liberté !

Je me suis engagée à faire du baby-sitting le mercredi après-midi, mais cela s’arrête là. J’ai bossé toute ma vie comme une dingue, alors, maintenant, je veux enfin faire les choses que j’ai toujours voulu faire. 
Marlène, 63 ans

Contre Elizabeth, 59 ans : Je suis choquée !

Mes petits-enfants habitent à l’étranger et c’est très dur pour moi. C’est sans doute pour cela que les propos de Marlène me choquent. Je la trouve égoïste alors qu’elle a la chance d’avoir ses petits-enfants tout près d’elle. J’ai eu moi-même cinq enfants et j’adore m’occuper des petits. Moi, je n’hésite pas à prendre l’avion pour aller les garder le temps nécessaire lorsqu’ils sont malades.

Ni pour ni contre Myriam, 62 ans : Ma liberté, c’est ma petite-fille !

J’aime bien me crever pour ma petite-fille, je prends mon pied et ça me permet de rester dynamique. Mais je ne suis pas pure générosité. Ma motivation est aussi très égoïste. Je soulage les parents, c’est vrai, mais surtout, surtout, je fais un bond en arrière de trente-six ans… et retrouve des gestes de ma jeunesse. Ça m’aide à vieillir !

Pour Fabienne, 67 ans : La vie m’a changée

Je me suis beaucoup occupée de mes deux premières petites-filles il y a quelques années. Par contre, j’ai moins le courage de m’occuper de mon petit-fils aujourd’hui. Depuis la mort de mon mari, que j’ai dû soutenir durant ses deux ans de maladie, j’ai besoin de me reconstruire et de prendre du temps pour moi. 

Contre Gust, 65 ans : Ça me change les idées !

Mon meilleur ami est décédé il y a un an, et je dois dire que mes petits-fils sont des rayons de soleil dans ce deuil difficile à surmonter. Nous allons chercher l’aîné chaque semaine à Overijse et le ramenons chez nous à Lierre pour le garder jusqu’au lendemain. Par contre, nous n’hésitons pas à prévenir les parents lorsque nous avons un empêchement.

Pour Philippe, 67 ans : Je n’ai jamais aimé les enfants

J’ai un seul fils que je vois avec plaisir, aujourd’hui qu’il est adulte. Mais pas question de devoir garder sa marmaille. D’ailleurs, moins je les vois, mieux je me porte. Ils finiront bien par grandir.

Contre Rita : Je n’ai plus l’énergie

J’ai gardé les deux enfants de mon aîné pendant longtemps, et aujourd’hui, mon cadet me demande de faire la même chose avec ses enfants. Seulement voilà, je sens que je vieillis et je n’ai plus la même énergie qu’il y a quelques années. Je ne me sens plus capable de gérer à 100 %... ceci à mon corps défendant. »

Pour Léon, 72 ans : Le vélo d’abord !

Malgré mon âge avancé, je tiens à garder la forme. Je fais d’ailleurs partie d’un club de cyclistes avec lesquels je pars souvent en promenade. Du coup, ma femme reste à la maison et s’occupe de nos petits-enfants avec plaisir. J’avoue ne pas avoir d’affinité particulière avec les tout-petits. Les plus grands, passe encore, mais je préfère aller faire du vélo. 

Contre Liliane, 68 ans : C’est notre boulot !

Je suis toujours d’accord pour m’occuper de mes petits-enfants. Je pense que ça fait partie de notre boulot de grands-parents.

Ni pour ni contre Anne, 58 ans : Je suis très organisée !

Pour éviter tout malentendu, nous avons décidé de fonctionner de manière très pragmatique. Nous avons créé un fichier Excel avec mes disponibilités pendant la semaine et mes enfants peuvent aller la consulter à leur guise pour me solliciter au bon moment.

Contre Gerarda : Un soutien pour mes filles

Étant orpheline, je n’ai eu aucune aide familiale en tant que jeune maman. Je sais donc à quel point c’est difficile de devoir gérer des enfants sans grands-parents. Aujourd’hui, j’essaie d’être la plus disponible possible pour mes deux filles. 

Contre Patricia, 61 ans : Une véritable garderie

J’ai cinq enfants, je savais donc que j’aurais beaucoup de petits-enfants. J’adore toujours autant m’en occuper, mais pas possible de gérer onze petits, surtout avec mon âge qui avance. Du coup, j’organise deux journées-garderie par semaine et je demande à l’un des parents de rester avec moi pour ne pas devoir rester seule. 

Pour et contre Jacques, 69 ans : La culpabilité me ronge

Je trouve très difficile de refuser lorsque les enfants nous demandent de faire du baby-sitting. J’ai l’impression que nous sommes de mauvais grands-parents. Ils ne me le font pas ressentir, mais c’est pesant à la longue, parce que parfois j’accepte alors que j’avais prévu autre chose. 

► « Les grands-parents méritent tous une médaille »

Si certains grands-parents sont taillables et corvéables à merci, le sourire toujours aux lèvres, d’autres ont décidé que s’occuper des jeunes générations n’est pas un dû que peuvent réclamer les jeunes parents. Comment faire en sorte de sauvegarder son espace de vie sans tourner le dos à ses enfants et petits-enfants ? Pour Marijke Bisshop, psychologue, tout est question de mise au point et de communication. Et de proposer d’être clair dès l’annonce de la grossesse, de quoi éviter tout malentendu et laisser le temps aux futurs parents de s’organiser en connaissance de cause. Rencontre.

Y aurait-il un déni de vieillesse de la part des jeunes parents ?
Marijke Bisshop : « Il y a une certaine tendance des parents à ne pas vouloir accepter que leurs propres parents vieillissent. Du coup, ils les sollicitent toujours autant avec les années qui avancent. Les grands-parents sont mal à l’aise de refuser et en viennent à dire oui alors qu’ils ne s’en sentent plus capables ou qu’ils n’en ont plus l’envie. Mieux vaut donc mettre les choses au clair dès le départ et ne pas rester sur des non-dits. Il a été convenu que les petits-enfants seraient chez leurs grands-parents chaque mercredi après-midi ? Il faut déjà se mettre en tête que ce ne sera peut-être plus le cas l’an prochain et que les petits-enfants arrivés sur le tard devront être gardés ailleurs. Le mieux est de faire le point à chaque rentrée scolaire et d’envisager un nouveau mode de garde si nécessaire. »

Le moindre reproche de la part des parents est très souvent mal pris par leurs propres parents…
M. B. : « Il y a les grands-parents ‘cool’, les grands-parents plus stricts, ceux qui sont complètement gâteaux et d’autres plus sévères. Mais il est important, en tant que parent, d’accepter ce qu’ils sont. Inévitablement, il y a des tensions d’éducation entre générations, des choses que les parents observent et qui peuvent rappeler de mauvais souvenirs de jeunesse, mais gare aux critiques et aux remarques. Les parents ont le droit de ne pas confier leurs enfants aux grands-parents s’ils ont des désaccords insurmontables, mais ils doivent être cohérents. Pas question de les critiquer dans leur dos auprès des petits-enfants en leur absence tout en continuant à les placer chez eux alors qu’ils désapprouvent leurs agissements ».

Les papys-mamys ont-ils un rôle d’éducation ?
M. B. : « La question fera sans doute frémir bon nombre de parents habitués à devoir ‘rattraper la sauce’ au retour des enfants après un séjour chez papy et mamy. À croire que tout est permis chez eux ! ‘Non, non, il n’a pas mangé de chocolat’, assurent-ils alors que le petit en réclame tout à coup. Il faut être conscient du fait qu’à partir du moment où les grands-parents gardent leurs petits-enfants chaque jour, il y a inévitablement un rôle éducatif qui se met en place. Les parents ne changeront plus… leurs parents. Avec un peu de chance, ceux-ci feront en sorte de respecter les demandes, mais les jeunes parents doivent se préparer à devoir accepter de mettre de l’eau dans leur vin, sous peine de devoir faire face à de grosses frustrations. »

 


Julie Robin

 

 

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