Vie pratique

Janvier 1973 : laissez les enfants rêver !

L'ARCHIVE DU LIGUEUR

Dans notre précédente archive, nous évoquions le courrier d’une lectrice qui avait lancé tout un débat sur les devoirs à la maison. C’était en janvier 1953 dans les pages du Ligueur, mais aussi au sein de la société, cette question des devoirs allant jusqu’à s’inviter sur les bancs parlementaires. Vingt ans plus tard, une autre lectrice amorce une discussion tout à fait différente. Cette fois-ci, c’est « l’enfant rêveur » qui pointe le bout de son nez. Une maman dépitée constate que son enfant semble « bon à rien » dans une société qui n’en a que pour « les bûcheurs, les suiveurs, les batailleurs, les malins ». Son bonhomme de 13 ans, lui, ne fait que rêver et n’est pas motivé pour l’action ou pour l’école.
Placée en une du numéro du 5 janvier 1973, cette missive déclenche une avalanche de courriers qui seront ensuite publiés de façon perlée. Très vite, une défense des « rêveurs » s’organise. Un lecteur s’exprime ainsi : « Je trouve fantastique qu’on puisse encore rêver dans la société ! Pourquoi en empêcher ce garçon ? S’il est heureux ainsi, et je le comprends, pourquoi faut-il toujours vouloir changer son être et sa personnalité ? Il ne fait rien de mal (…) Moi aussi, j’ai longtemps rêvé. Aujourd’hui, à force de contraintes, c’est fini. Vous ne pouvez pas savoir comme je le regrette ». Petite précision, celui qui écrit ces lignes n’est âgé que de… 17 ans.
Pour aborder la thématique, une psychothérapeute est appelée à la rescousse. Elle estime que la matière pourrait inspirer un « livre bien savant dont le titre serait De la nécessité de la rêverie ». Elle s’explique : « Nos rêveries ont, elles aussi, un rôle à jouer dans l’équilibre de notre personnalité et de nos sentiments. Durant la rêverie, nous nous créons un monde à notre mesure, à la mesure de nos aspirations ». Et si l’enfant ne fait que rêver, qu’est-ce que ça dit ? « Si la réalité ne l’intéresse pas, c’est qu’elle ne l’aide pas à s’épanouir ».
Des parents d’autres enfants rêveurs témoignent. Souvent, c’est l’activité artistique qui sert de déclencheur à l’épanouissement. L’enfant s’exprime alors à travers la peinture, le piano, la photographie. Le rêve se transforme en action avec cette particularité que celle-ci sort des sentiers battus. Et c’est heureux, estiment certains : « Dans nos pays basés sur la consommation, trop d’adultes poussent l’enfant à devenir une machine à travailler. Mais se soucient-ils assez de son épanouissement ? ».
Pour conclure, la maman d’un autre rêveur lance un plaidoyer : « À une époque où l’on parle beaucoup de protection de la nature, où on lance des slogans tels que Laissez-les vivre, en parlant des arbres, des oiseaux, des étangs et des grenouilles, il serait heureux d’y ajouter, comme au bout d’une prière … et les petits garçons rêveurs ».

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