Crèche et école

Janvier 1953 : les devoirs en question

L'ARCHIVE DU LIGUEUR

En janvier 1953, le Ligueur publie une série d’interventions liées aux devoirs scolaires à la maison. Une maman s’exprime : « À quel travailleur pourrait-on imposer cinq heures de travail après une journée de labeur sans l’éreinter ? ». Le sujet est même politique, il s’invite au parlement par la voix d’un député. « Il semble souhaitable que le ministre rappelle quelle place les devoirs et leçons doivent tenir dans la vie des élèves, suivant l’âge et le degré d’enseignement qu’ils ont atteint ».
Voilà un sujet millésimé 1953 qui revient de façon régulière dans l’actualité des familles. Mais qu’est-ce qui fait qu’en ce début des années 50, la thématique semble animer les mondes politiques et médiatiques ? Une des raisons est à chercher dans les pages-même du Ligueur et au courrier d’une certaine Madame D, mère de quatre enfants. À la fin du mois d’octobre 1952, celle-ci se plaint de l’excès de travail donné aux enfants. « Les mamans de famille nombreuse n’ont-elles pas déjà assez de soucis et de travail, sans devoir perdre des heures précieuses à aider les enfants à faire leurs devoirs et étudier leurs leçons ? Il me semble qu’un devoir et une leçon suffiraient à achever la journée scolaire ? ».
À cette missive, un éducateur répond en sortant la sulfateuse. Il y est question de ces parents qui n’ont pas d’autorité, qui laissent leurs enfants entreprendre des études alors qu’ils ne sont assez doués. Il ajoute que l’école, c’est vingt ans d’efforts, et que sans cette masse de devoirs et de leçons, l’enfant ne s’y astreindra jamais.
À la lecture de ceci, la communauté des parents du Ligueur réagit avec une vigueur soutenue pendant deux mois. Un éducateur en vient à prendre aussi la plume : « La plainte d’une maman m’a ému profondément. La réponse d’un éducateur m’a déçu et peiné, pour ne pas dire scandalisé (...) La solution du problème dont il s’agit doit être cherchée entre deux extrémismes, dans une sage modération. C’est bien ce que demandait Madame D. ».
Cette suite de prises de position va donc alimenter le débat pendant des semaines. Beaucoup de parents dénoncent la somme de boulot que les enfants doivent abattre une fois rentrés à la maison. « Laissons leur temps de vivre en enfant, plaide ce papa. N’en faisons pas de petites grandes personnes. Ce serait la pire préparation à une saine vie d’homme et de femme ».
Enfin, on terminera par la suggestion de cette directrice d’école qui fait battre notre petit cœur de Ligueur : « Tout ceci devrait être dit autour d’une table dans des réunions de parents au cours desquelles chacun exprime ses objections, ses suggestions, en se proposant d’en tirer parti dans l’intérêt des écoliers ». Visionnaire, non ?

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