Développement de l'enfant

L’encouragement, pas la mise sous pression

À petite dose, le stress est une tension qui aide à résoudre des problèmes, mais s’il devient chronique, il constitue un handicap. Il use. Il conduit l’enfant à ne plus avoir confiance en ses propres ressources. Antidote : valorisez-le, encouragez-le !

« Ce que les parents font assez naturellement pour accompagner les petits vers leurs premiers pas, leurs premiers mots, leurs premiers tours de roues à vélo, devient soudain beaucoup plus compliqué dès qu'il s'agit d'école », relève la pédopsychiatre Gisèle George.

Positivez !

Pourtant, les soutenir est fondamental. Une attitude positive permet d'affronter les situations nouvelles au fil de la vie sans être obnubilé par la hantise de ne pas être à la hauteur. Il est plus constructif de la part d’un parent d’être un supporter plutôt qu’un coach. La différence ? Des parents-coachs vont entraîner l’enfant, le pousser à se surpasser… jusqu’à l’épuisement parfois.
Cette course à l’échalote est souvent demandée, exigée par les parents bien plus que par les professeurs eux-mêmes, tant ils craignent que leur rejeton ne soit pas prêt pour affronter l’avenir. Par peur sans doute que leur progéniture ne trouve pas sa place sur le marché du travail.
Caroline Geuzaine, psychologue au Centre de Planning Familial Estelle Mazy (Liège), souligne à quel point un stress peut naître chez l’enfant de la peur de perdre l’amour de ses parents si les résultats à l’école sont médiocres. « Les enfants doivent réaliser que l’amour qu’on leur porte n’est pas lié à un aspect de leur vie, à savoir l’apprentissage, explique-t-elle. Les jeunes enfants ont vraiment peur de perdre l’amour des parents ou des amis. Il faut que les enfants parviennent à dissocier leur valeur des jugements qu’on peut poser sur eux. »

Apprendre, ce n’est pas un drame

Prenons l’exemple du vélo. On ne s’inquiète en général pas de savoir comment l’enfant se débrouillera à vélo alors qu’il fait seulement ses premiers pas. Cette attitude est à garder dans d’autres domaines aussi. Ne surtout pas trop anticiper. « Chacun passe d’un palier à un autre au cours de son développement. Il y a bien sûr des moments plus stressants que d’autres, note Caroline Geuzaine. Mais il ne faut pas que la tension envahisse la vie. Il faut dédramatiser l’apprentissage. Certains enfants se braquent devant une nouveauté. Ils réalisent qu’ils ne savent pas encore ceci ou cela. Mais ils sont là pour apprendre ! Il faut leur dire qu’il est normal qu’ils ne sachent pas. »
D’autres conseils : évitez les compliments sur des qualités générales, vantez plutôt un acte ou une situation précise. Un « Tu es gentil » porte un jugement sur sa personne. Évitez aussi les phrases qui commencent par « C'est bien, mais... » Soulignez ce que l’enfant réussit et ce qu’il prend plaisir à faire : pédaler, cuisiner, promener le chien… « Prendre le temps de souffler, de s’asseoir à côté de son enfant, de parler de ce qui l’intéresse et de ce qui nous intéresse, c’est fondamental, explique Jean-Yves Hayez. C’est aussi une attente à avoir par rapport à soi. Celle de réussir à trouver du temps pour être ensemble ! Est-ce si grave d’aller dormir un peu plus tard si la soirée a été bonne ? Le sommeil en sera d’autant meilleur. »



V. J.

LA QUESTION

Mon enfant est-il stressé ?

Votre enfant exprime de manière récurrente une crainte de ne pas être à la hauteur ? Il est nerveux, il se ronge les ongles, il vous paraît particulièrement déconcentré, il est addict aux snacks, il rougit à tout-va, il est particulièrement taiseux ? Il est probable qu’un stress se niche là-dessous. N’hésitez pas à l’observer, à en parler avec lui.
« On ne se rend pas toujours compte que des enfants vivent mal un déménagement ou une séparation, met en garde Caroline Geuzaine, psychologue au Centre de Planning Familial Estelle Mazy. J’ai rencontré pas mal de parents qui ont l’impression que cela s’est bien passé, que les enfants l’ont bien vécu. Or, ces derniers ont une toute autre perception du changement. »
Une minimisation qui selon la psychologue peut trouver son origine dans une certaine culpabilité. Les parents sont à l’origine de la décision de la séparation. Et il est parfois plus facile de ne pas voir vraiment comme les enfants la vivent. C’est humain. Mais si l’erreur est humaine, persévérer l’est moins…

TEMOIGNAGES

Sandra, maman de Valentine, 1re primaire : « J’ai l’impression de retrouver à l’école de ma fille Valentine le management par la peur, typique dans le monde du travail. L’école se trompe de levier en travaillant sur la répression plutôt que sur l’envie. Au début de l’année, l’institutrice a même évoqué le renvoi pour ceux qui feraient des bêtises. Le langage, le registre de la menace, franchement non ! Et s’entendre dire en plus que sa fille est plus sensible que la moyenne est assez déroutant. D’accord, Valentine craint les évaluations et je suis attentive à ne pas ajouter du stress au stress. Je pointe alors ce qui fonctionne. Je l’encourage. Sans me censurer pour autant quand je vois que quelque chose ne va pas dans sa concentration, par exemple. »

 Valérie, maman de Laura, 8 ans : « J’incite Laura à se débrouiller. Je souligne ce qui fonctionne, son aisance. Elle sait que je suis là pour toute question, toute aide. Elle apprend aussi de ses essais, de ses audaces, et puis de ses erreurs. J’évite de trop l’assister. J’essaie qu’elle trouve des solutions à des problèmes qu’elle rencontre. Ma propre expérience m’est heureusement fort utile. J’avais tendance à couver mon aînée. J’ai observé qu’elle était vite déstabilisée. Elle manquait de confiance en elle. »

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