Vie pratique

La Mère, la Militante et l’Écrivaine

Dans ses romans à portée sociologique, l’autrice et penseuse féministe Wendy Delorme transcrit les questionnements parfois violents d’un monde en mutation sur des enjeux comme l’identité de genre, le travail du sexe ou encore l’homoparentalité.

Le rendez-vous est donné au Café Rosa. Un lieu associatif et culturel féministe à deux pas d’un campus de l’Université Lyon 2 (France) où elle est également enseignante-chercheuse. Dans sa carrière et bien avant d’être publiée, il y a d’abord eu la performance. Au début des années 2000, Wendy découvre la scène en intégrant une troupe néoburlesque queer (qui n’adhère pas à la binarité des genres et des orientations sexuelles dominantes, ndlr). Le but n’est pas tant l’érotisation du corps qu’une critique sociale très second degré qui passe par de l’effeuillage muet. Elle se glisse dans la peau de personnages tant féminins que masculins. Notamment celui de Wendy Babybitch.
« J’incarnais une femme blonde nymphomane émotionnellement instable toujours en train de vaciller sur ses talons hauts. Une mise en abime de la femme qui tient sur papier glacé, mais pas dans la vraie vie. C’était un super terrain d’expression. On est allé à l’Olympia et dans des clubs londoniens. Quelques ami·es se sont d’ailleurs professionnalisé·es, mais, aujourd’hui, c’est une casquette que j’ai rangée, même si je reste sensible à ces performances. »
Ensuite, l’écriture. Enfin, pas exactement, car dans la temporalité, l’écriture a toujours été présente dans la vie de la quadragénaire. « C’est ma grand-mère qui m’a donné le goût d’écrire. Elle était professeure des écoles et avait développé une méthode d’apprentissage alternatif de la lecture. Elle a affiné sa méthode sur moi, ce qui m’a permis d’arriver en CP (équivalent de la 1re primaire en Belgique, ndlr) en sachant parfaitement lire et écrire. Déjà enfant, ma grand-mère tapait mes poèmes à la machine à écrire et les envoyait à des éditeurs qui, évidemment, ne répondaient pas. C’est elle qui m’a donné la confiance nécessaire pour proposer mes manuscrits à des maisons d’édition une fois adulte ».
Un stylo-plume grandeur nature tatoué sur le bras, c’était l’écriture ou rien pour la Lyonnaise. Très tôt et toujours poussée par sa grand-mère, des artistes et autrices comme Camille Claudel ou Colette participent à son éveil féministe.
« J’ai été frappée en réalisant que le talent de ces femmes a été mis en lumière parce qu’elles étaient ‘la compagne de’. De Willy pour Colette et de Rodin pour Camille Claudel. Ma grand-mère m’a aussi fait lire George Sand, Benoîte Groult... Elle était profondément féministe, mais je pense qu’elle n’a jamais prononcé ce terme. Elle n’avait peut-être pas besoin de le nommer à l’époque, c’était une femme passionnée par son métier, autonome, sensible. Elle a certainement participé à mon éveil féministe aussi. »

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