Santé et bien-être

L’adolescence, cette période de la vie que l’on assimile le plus aux hormones. À tort ou à raison ? Soyons courageux, mettons le nez dans toutes les joyeusetés hormonales qui accompagnent cette phase : odeurs, comportement, sommeil, transformations. On passe tout en revue, de l’hypothalamus à l’hypophyse, principaux fautifs de tous ces chamboulements.
Ce petit fumet qui se dégage au moment de l’adolescence, cette belle odeur de soupe aux poireaux, c’est complètement lié aux hormones. => VRAI / FAUX
Odeurs il y a, ne nous le cachons pas. Une manière de lutter contre ce petit désagrément olfactif ? D’abord expliquer le mécanisme. La puberté fait apparaître de nouvelles glandes sudoripares : les glandes apocrines. Elles sont responsables du changement brutal de l'odeur corporelle de nos chers enfants en passe de devenir ados. Ces glandes produisent plus de sueur, toujours plus riche, toujours plus odorante. Chez les filles, les ovaires fabriquent des œstrogènes qui vont dans le sang ; chez les garçons, c’est la testostérone qui travaille. Résultats ? Poils, cheveux plus gras, transpiration. C’est à ce moment-là que s’enclenche la puberté. Un ado qui transpire, c’est normal. Et pour l’hygiène alors ? En cas de période d’intense transpiration, usez de savons désinfectants de type Iso-Bétadine. Pensez aux antiperspirants naturels comme les produits à la pierre d’alun ou même au bicarbonate… et armez-vous de patience.
L’adolescence, c’est la période de la vie où l’on fabrique le plus d’hormones, c’est le grand bouillonnement. => VRAI /FAUX
En voilà une drôle d’idée à déconstruire. Comme on l’a dit plus tôt, des hormones, le corps en fabrique toute la vie. Et figurez-vous que vous, parents, en tant qu’adultes, vous produisez plus d’hormones que les enfants ou les adolescents. On associe l’adolescence, cette période de changements hormonaux, à une ébullition, à un pic hormonal, ce qui est en réalité, une simple vue de l’esprit. Les changements sont plus importants, par exemple, en matière de maturation du cerveau. Il est établi, par exemple, qu’un cerveau d’adolescent n’est pas accompli. Mais tout ce qui tourne autour de la puberté nous marque évidemment énormément. Nos enfants se transforment. Cette période est assimilée à des grandes mutations, à l’apparition des premiers comportements sexuels, des attitudes en dents de scie. Et elle arrive toujours trop tôt à nos yeux de parents. Mais ce n’est pas la période d’intense production hormonale que l’on veut bien croire. D’ailleurs, dans d’autres cultures, l’adolescence n’existe pas. Un patient a même confié un jour au docteur Heinrichs que cette période à laquelle on porte une véritable attention dans notre société ressemble de loin à une invention de pays riche. L’endocrinologie nous permettrait-elle de dédramatiser l’adolescence ?
Les écrans agissent de façon hormonale sur le sommeil de nos ados. => VRAI / FAUX
Indéniablement, les écrans ont un impact sur le sommeil. On vous le répète : la fameuse lumière bleue des ordis, télés, smartphones, tablettes… active les récepteurs situés dans la rétine. Ces capteurs de lumière vont bloquer l'envoi au cerveau de mélatonine, l’hormone du sommeil, et ainsi retarder le cycle naturel du sommeil. Le tout perturbe alors les rythmes circadiens, l’horloge interne. La solution pour tout réguler ? Se plonger dans un bain de lumière le plus tôt possible dans la journée pour retaper le rythme.
Mais, au fait, n’y a-t-il pas moyen de réguler le sommeil par les hormones ? Le docteur Heinrichs se met à rêver. Réguler la question du sommeil résoudrait beaucoup de problèmes. Notamment pour les questions liées au stress. Difficile à réaliser parce qu’il faudrait prélever du sang pour quantifier les besoins et voir comment le cortisol agit sur le stress au moment d’un visionnage de série, d’une partie de jeux vidéo, etc. Ce qui est complexe, mais pas impossible. Peut-être que dans un futur proche, donc, on administrera des hormones de synthèse pour permettre à nos ados de bien dormir.
Pour l’heure, gare à leur sommeil. Ils sont crevés et les rythmes qu’on leur impose ne correspondent pas du tout à leurs besoins. D’ailleurs, Claudine Heinrichs nous apprend qu’un des premiers signes de puberté, c’est la grasse matinée de nos petites marmottes.
« Calmer les hormones » ? C’est tout à fait possible. => VRAI / FAUX
On a coché cette case pour ne pas être trop sévère à l’égard des parents qui nous l’ont affirmé. Toutefois, « calmer les hormones » n’est pas le terme exact. Pour être plus précis, c’est le type de comportement qu’il est possible de refreiner. Notamment, les comportements sexuels, parfois très frénétiques chez les ados. Si on a vu que les hormones n’étaient pas tout à fait en ébullition, certaines pulsions sont plus virulentes que d’autres. La bienveillance et la bientraitance des parents à l’égard de leurs enfants peuvent jouer un vrai rôle qui va les canaliser. C’est-à-dire ? Lui permettre d’adopter un mode de vie équilibré, l’aider à se sentir maître de son corps, l’écouter, parler, lui faire faire du sport, l’aider à manger sainement… Autant de choses toujours plus évidentes à énumérer qu’à mettre en place, on en a conscience. Mais à ne pas sous-estimer.
Le stress de nos ados : la faute à cette maudite hormone qu’est le cortisol. => VRAI / FAUX
Tout n’est pas faux dans cette affirmation. Le stress est une réaction physiologique. Pour s’adapter à différentes situations rencontrées au cours de la vie, notre corps sécrète de l’adrénaline, véritable coup de fouet. Il sécrète également du cortisol, reconnu comme hormone du stress. Son rôle ? Aider à calmer un état de panique en augmentant le taux de glucose dans le sang.
Seulement, en trop grande quantité, le cortisol agit sur le métabolisme glucidique et la régulation de la glycémie, en augmentant la synthèse de glucose par le foie, ce qui peut entraîner des conséquences physiques. Encore une fois, il en est la conséquence, pas la cause. Les causes justement ? Elles sont multifactorielles : tous les petits stress quotidiens comme des retards répétés à l’école, des affaires oubliées, un culte de la performance développé, des problèmes familiaux, une pression scolaire ou même une prédisposition génétique.
La bientraitance est encore une fois la clé. Le rôle des parents consiste à entendre et reconnaître les difficultés et souffrances propres à chaque enfant. Et accepter que nous sommes tous inégaux face au stress. Dans une même fratrie, ce qui va glisser chez certains va paniquer les autres.
Le dérèglement hormonal peut conduire à des transformations physiques et psychologiques. Il faut rester vigilant et en guetter les signes avant-coureurs. => VRAI / FAUX
En réalité, ce terme générique de « dérèglement hormonal » ne veut rien dire. Comme on l’a répété tout au long de ce dossier, le corps fabrique une quantité incroyable d’hormones. Notre système endocrinien est un ensemble de glandes et de cellules qui fabriquent et libèrent les hormones dans le sang. Partant de ce principe, plusieurs dérèglements sont possibles. Chez les jeunes filles, par exemple, un excès de production d’hormones mâles pourrait entraîner obésité, hypertension, aménorrhée ou dysfonctionnement ovulatoire. L’hyperthyroïdie peut perturber le sommeil, l'hirsutisme peut entraîner un excès de pilosité. On peut parler de l’hyperfonctionnement des glandes sébacées qui provoque d’importants maux de tête ou une acné excessive. De l’hyperhidrose provoque une sudation excessive… À chaque inquiétude toujours penser à consulter votre médecin de famille.
On l’a vu, il existe plein de mythes et de fausses croyances autour du système hormonal, qu’on met à la va-vite au cœur de beaucoup d’explications. N’hésitez pas à pousser les portes d’un cabinet d’endocrinologie. Ces spécialistes sont habitués à voir passer des adolescent·e·s et leurs parents, parfois juste une fois, pour répondre à leurs questions et les rassurer. Le temps de discuter, de passer des tests, voire même parfois des échographies pour contrôler l’hypophyse, la thyroïde, etc. Le plus important est de poser toutes les questions qui vous passent par la tête. D’être écouté. Et peut-être, qui sait, de réguler vos hormones du stress et, pourquoi pas, libérer un peu d’endorphines.