Vie pratique

Laure, maman solo, vit en roulotte

La nuit est tombée et le vent souffle fort dans ce petit village des Cantons de l’Est où Laure a posé sa roulotte. Dans l’habitacle, la décoration soignée et le poêle réchauffent l’atmosphère. Une lampe marocaine ici, une méridienne là et, entre les deux, un pupitre, des partitions et une clarinette. Au bout, un coin cuisine. À l’opposé, un lit en mezzanine où dort Yuna, la fille de Laure.

C’est autour d’un thé et de quelques biscuits que Laure raconte ce qui l’a amenée à habiter dans ce décor. « En 2018, je me suis séparée du papa de Yuna. J’ai d’abord loué un appartement au deuxième étage, mais l’accès à la nature et aux animaux me manquaient terriblement. Cette connexion à la nature m’a forgée et j’avais envie d’offrir cela en retour à ma fille. La moitié de mon salaire passait dans l’appartement, je ne mettais rien de côté, je n’étais pas chez moi et je n’avais pas d’accès à un jardin. Le projet de roulotte était déjà dans un coin de ma tête depuis un certain temps et mon insatisfaction dans l’appartement l’a mise en avant-plan. Pour le finaliser, j’avais besoin d’un endroit où m’installer. J’ai demandé à mes parents si je pouvais utiliser le champ derrière chez eux ».

Laure est une jeune femme de convictions : pas question pour elle d’emprunter de l’argent à une banque. Elle demande alors à ses parents de lui prêter la somme de 8 000 euros pour l’achat de la roulotte. Somme qu’elle remboursera sur deux ans. Son père, bon bricoleur, l’a aussi aidée pour creuser la tranchée et tirer un câble électrique jusqu’à la roulotte. Aujourd’hui, c’est lui qui coupe le bois avec lequel elle se chauffe chaque jour.

Laure a sa fille en garde alternée. Cette situation à deux pas de ses parents la sécurise et lui permet de compter sur un réseau solide. « En tant que maman seule avec une petite fille une semaine sur deux, ce n’est pas toujours évident. La présence proche de mes parents est vraiment un filet de sécurité, cela nous permet d’être soutenues ».

« Quand on est seule, le réseau compte double »

C’est aussi grâce à son réseau que la jeune femme a rénové sa roulotte à moindre coût. Seule, impossible d’abattre les cinq cloisons, de poser le sol, d’identifier le poêle adapté à la surface de son habitat, d’en isoler les murs. Après plus de trois mois dans ce nouveau « chez elle », elle se dit satisfaite de son choix.

« J’aime quand c’est simple et qu’il n’y a pas de chichis. La dimension environnementale compte aussi beaucoup pour moi, j’ai envie de garder une empreinte écologique la plus faible possible. J’ai été élevée dans un esprit de sobriété qui s’harmonise bien avec ce mode de vie en habitat léger. C’est à la fois un soulagement et un défi de vivre ici. Au début, je redoutais de devoir me lever tôt pour allumer le feu afin que ma fille n’ait pas trop froid au réveil. Au final, ce rituel du matin se révèle agréable. J’aime prendre ce temps pour moi, j’en profite pour méditer. »

Cela ne veut pas dire pour autant que tout est simple. Pour le moment, Laure et sa fille dorment ensemble, puisqu’il est impossible de faire dormir Yuna dans sa chambre, à cause de l’humidité qui règne. Autre exemple, au retour de l’école, il fait à peine 7-8°C degrés dans l’habitacle, avant que ne soit lancé le chauffage. Ce n’est pas évident non plus pour Laure de se sentir dépendante de ses parents à 35 ans ou de vivre dans une telle promiscuité.

Mais, au final, la jeune femme se dit épanouie. « D’ici deux ans, je n’aurai plus de loyer à payer, ça me permet de penser ma vie de manière plus libre, de pouvoir voyager avec ma fille par exemple ».



Clémentine Rasquin

Les infos collectées sont anonymes. Autoriser les cookies nous permet de vous offrir la meilleure expérience sur notre site. Merci.
Cookies