Développement de l'enfant

Le bain avec papa et maman, stop ou encore ?

Prendre un bain avec son tout-petit, on adore. Mais jusqu’à quel âge peut-on se le permettre ?

Prendre un bain avec son tout-petit, on adore. Mais jusqu’à quel âge peut-on se le permettre ? Être la maman ou le papa de l'enfant change-t-il quelque chose ? Natalie Penninger, professeure et spécialiste de la petite enfance nous répond.

Le bain est un moment de complicité par excellence. Quand l’enfant est tout petit, il permet de tisser un lien très fort, dans un élément propice à la détente. Vers 3 ans, l'enfant commence à observer et à poser des questions. Devrait-on alors mettre fin à ce rituel ?
Pour Natalie Penninger, tout dépend du feeling de la famille. « Tant que le plaisir est partagé et que chacun respecte le corps de l’autre, il n’y a pas de limite d’âge. Le bain partagé entre le parent et son enfant n’a rien de sexuel. C’est juste un moment propice aux jeux calmes et à la détente ».
Le rapport avec la nudité - une question bien personnelle - joue naturellement un rôle important. « En général, les enfants ne ressentent pas de pudeur avant l’âge de 8 ans, en tout cas en ce qui concerne leur maman », explique-t-elle. S’agissant du papa, les petites filles peuvent ressentir le besoin de mettre des limites plus tôt. Les papas également peuvent souhaiter mettre fin à ce rituel dès que l’enfant n’est plus un bébé. « Le bain entre un enfant et sa maman reste souvent dans les habitudes familiales plus longtemps ».

Plutôt un moment de jeu

D’après l’experte, ce que l’enfant veut surtout, c’est avoir quelqu’un avec qui jouer, et pas quelqu’un pour comparer l’évolution des corps. Elle constate par ailleurs que les premières questions sur la différence entre filles et garçons apparaissent de plus en plus à l’école.
« Parler de zizi et de kikine avec son enfant n’est plus tabou comme cela a pu l’être autrefois. Ce n’est pas parce qu’on prend le bain ensemble que l’enfant va poser plus de questions. Une fois que l’enfant a obtenu une réponse, il passe à autre chose », assure-t-elle.
Certains enfants profitent aussi du bain pour encore téter le sein de leur maman, mais il n’y a rien de mal à y voir. « L’enfant veut juste s’assurer que le lait qui l’a nourri n’est plus là », explique Natalie Penninger.

À propos des parties intimes, expliquez simplement à votre enfant que chacun a ses propres attributs, qu’ils sont différents entre une fille et un garçon et qu’on ne touche pas celui de l’autre

Savoir mettre des limites … et respecter les siennes

Ce n’est pas pour autant qu’il ne faut pas mettre de limites. Même si l’enfant n’a pas d’arrière-pensées, il convient de poser des limites concernant les parties intimes. « N’en faites pas tout un plat, conseille la spécialiste, expliquez simplement à votre enfant que chacun a ses propres attributs, qu’ils sont différents entre une fille et un garçon et qu’on ne touche pas celui de l’autre ».
Natalie Penninger insiste sur l’importance de mettre des mots sur la propriété corporelle. « Au-delà du bain et du cercle familial, c’est l’occasion de faire comprendre à l’enfant que personne ne peut le toucher à ces endroits sans son accord ».
Que ce soit par gêne ou tout simplement par besoin d’intimité, l’enfant finira par manifester le désir de se laver seul. Souvent, il vous le dira, tout simplement. D’autres signes peuvent aussi attirer votre attention. Par exemple si l’enfant baisse les yeux en se voyant nu ou s’il essaye de cacher ses parties intimes. « Soyez attentifs à ces signes et écoutez-les. En cas de doute, posez la question à l’enfant sans lui demander de justification », conseille-t-elle.
Il est aussi possible que le malaise vienne de vous. Pour encourager votre enfant à prendre son bain seul, misez sur le côté ludique. « Les enfants adorent jouer avec les contenants et les contenus. Dans le bain, plutôt que des petits canards, donnez-lui des gobelets de différentes tailles, un arrosoir ou une petite passoire. Mettez de la mousse afin qu’il découvre différentes textures ». Le laisser s’amuser seul dans son bain est important afin qu’il développe son imagination et découvre son corps par lui-même. « Très vite, il appréciera sa nouvelle liberté, seul dans sa baignoire. »

Un besoin de parent ?

Dans certains cas, notamment dans les familles monoparentales, c’est le parent qui apprécie ce rituel. « Prendre un bain ensemble peut résulter d'un besoin de rester dans une relation fusionnelle, ce qui n’est pas le mieux pour l’enfant », développe Natalie Penninger, tout en précisant qu’à partir de 2-3 ans, on peut avoir d’autres moments de complicité, en jouant ou en lisant une histoire, par exemple.
« Laisser son enfant se laver seul, c’est accepter qu’il grandisse. Pour son autonomie future, il est important que l’enfant connaisse et comprenne son schéma corporel. Donc même si vous aimez tout deux vous laver ensemble, il faut responsabiliser votre enfant quant à son hygiène corporelle et privilégier, à terme, d’autres moments de plaisirs partagés », conclut Natalie Penninger.

EN PRATIQUE

Question de vocabulaire

Zézette, mimi, prune… on dit quoi pour le sexe de notre fille ? Pour les petits gars, c’est facile, le zizi a même eu droit à une chanson de Pierre Perret. Mais pour les filles, le sujet semble plus délicat. Les petits noms désignant le sexe féminin semblent varier d’une région, voire d’une famille, à l’autre. Une maman nous a avoué utiliser le mot « porte-monnaie » pour désigner le sexe de ses filles, « parce que c’est précieux ». Une grand-mère nous a avoué ne pas savoir comment nommer le sexe de sa petite-fille, comme si ce mot était tabou.
« On doit pouvoir nommer les choses, même si ce n’est pas facile, souligne Bruno Humbeeck, psychopédagogue. Différents registres existent pour parler de sexe. Dans le registre enfantin, on parlera de zizi ou de zézette, par exemple. Dans le registre scientifique, on utilise le mot pénis. Le registre usuel parle simplement de sexe… En tant que parent, l’idéal est de rester dans un registre familier et accessible à l’enfant. Le petit ne comprend pas les métaphores, elles sont donc à éviter. Si on parle de prune, l’enfant imagine une prune et une prune, ça se mange. Il faut aussi éviter d’être trop compliqué, pour éviter tout malaise. Des mots simples permettent à un enfant de se sentir à l’aise avec sa sexualité. »

DES PARENTS EN PARLENT...

Stop !
« À un moment, ma fille posait beaucoup de questions sur mon zizi et tirait dessus. Je lui ai expliqué que ça me dérangeait et depuis elle ne le fait plus. »
Grégoire, une fillette de 5 ans

Un moment complice
« À sa demande, je prends parfois encore le bain avec mon fils. Entre une mère et son enfant, je ne vois pas où est le problème. »
Sabine, un fils de 8 ans 

Un apprentissage
«  Le bain ensemble, d’accord, mais chacun son corps. Je ne veux pas que mon fils touche ma zézette ou mes seins. Avec l’allaitement de mon deuxième enfant, il a eu un soudain regain d’intérêt pour ceux-ci. Je préfère aussi qu’il se décalotte lui-même. Parfois, c’est lui qui me demande de fermer la porte et de ne pas le déranger. Je reste à son écoute et respecte ses demandes. »
Madeline, un fils de 4 ans