Grossesse

Le déni de grossesse n’est pas un mensonge

« Tu faisais l’autruche ! », « Pas possible de ne pas savoir »... Le déni de grossesse reste difficilement concevable aux yeux du grand public. Pourtant, ça arrive à tous les âges, dans tous les milieux et toutes les situations familiales.

Le déni de grossesse reste un mystère, et les raisons, parfois enfouies dans l’inconscient ou dans l’histoire familiale, varient d’une personne à l’autre. La seule certitude, pour Sophie Van Oost, psychologue, c’est que le déni de grossesse existe. Ce qui est parfois difficile à croire. « Pour la personne qui est en déni, il n’y a pas d’ambiguïté, elle n’est pas enceinte, elle n’est vraiment pas au courant et c’est un choc total pour elle d’en prendre conscience », explique-t-elle.
Et encore plus chez les adolescentes qui n’identifient pas les signes d’une grossesse. Elles continuent à perdre du sang chaque mois. « Ce ne sont en fait pas des règles, mais une espèce de mémoire du corps. Et l’arrêt des règles, pendant le déni, peut s'interpréter par un stress, un nouveau régime alimentaire, etc. », poursuit la psychologue. Il n’y a pas non plus d’âge, de milieu social, ni de situation familiale propre au déni de grossesse. Une femme qui a déjà eu un ou des enfants peut très bien faire un déni de grossesse.

Le construire dans sa tête

Lorsque la maman n’est pas consciente de sa future maternité, l’enfant ne prend pas sa place dans le ventre de sa mère. L’utérus se positionne à l’arrière du corps, comme si l’enfant se tenait à carreau car il n’a pas de place consciemment. Le corps de la femme ne se modifie pratiquement pas. On ne peut donc pas l’accuser d’avoir menti ou dissimulé sa grossesse. Des tels reproches sont même horribles à entendre pour une femme en état de choc lorsqu’elle apprend la nouvelle. « L'annonce de la grossesse a souvent un effet immédiat sur le corps. Le ventre peut devenir proéminent en quelques heures. Si le ventre sort en deux heures, c’est que la maman l’accepte assez facilement et est prête à l’accueillir », indique la psychologue.
Mais un enfant existe aussi dans la tête de sa mère. Même lorsque l’enfant est souhaité et attendu, une femme doit réaliser progressivement ce qui se passe. Si elle l’apprend à 6 mois, elle doit faire ce travail en accéléré. La maman a alors besoin d’être aidée, et accompagnée pour se préparer psychologiquement à la maternité.

Déculpabiliser la maman

Les enfants nés après un déni de grossesse ne sont pas en moins bonne santé que les autres. Ils ont un poids normal à la naissance et ne sont pas plus disposés que d’autres à des troubles psychiques. « Il faut voir comment la maman gère sa culpabilité. Puisqu’elle ne savait pas, elle a sans doute bu du vin… On sait que psychiquement, l’info a été bloquée. Il ne faut donc pas s’en vouloir », insiste Sophie Van Oost. Il faut au contraire apaiser la maman. Surtout si elle est désormais psychologiquement prête à accueillir son enfant.
Certains professionnels recommandent qu’un suivi particulier soit organisé autour des jeunes filles qui ont vécu un déni de grossesse. Et il ne faut pas hésiter, plus tard, à expliquer à l’enfant ce qui est arrivé, afin qu’une bonne relation puisse se mettre en place entre eux.



S. G.

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Et le papa ?

Il ne faut pas négliger le futur papa. « Le père, après la révélation, est autant en état de choc que la future maman, se sent souvent trahi et soupçonne sa compagne de lui avoir dissimulé la vérité », explique Sophie Van Oost. La présence bienveillante de professionnels, et leur capacité à évoquer des situations similaires, peuvent l’apaiser, recommande la psychologue qui évoque l’effet de contamination du déni sur les proches.

Le chiffre

Les dénis partiels (levés pendant le 2e trimestre) ou complets représentent 2 accouchements sur 1 000.

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