Loisirs et culture

Avec Dalva, la réalisatrice française Emmanuelle Nicot, Bruxelloise d’adoption, signe son premier long métrage de fiction. Récompensé lors de la dernière Semaine de la critique du festival de Cannes, ce récit de reconstruction et de retour vers l’enfance aborde l’inceste sans jamais véritablement le nommer, et sous un angle finalement peu exploré, celui du sentiment d’injustice que peuvent ressentir ces enfants abimés.
Dalva est âgée de seulement 12 ans lorsque la police l’extrait précipitamment du domicile paternel. Sans autre définition de l’attachement, de la filiation, le comportement manipulateur et les actes innommables de son père sont pour la jeune fille qui se sent déjà femme une marque de l’amour qu’il lui porte.
Lors de l’avant-première au cinéma Palace ce jeudi 16 mars, éducateurs, éducatrices et psychologues présent·es dans la salle soulignent la justesse du propos, la proximité avec le réel du jeu de l’ensemble des jeunes actrices et acteurs, surtout de l’interprétation de Zelda Samson qui fait ses premiers pas dans le monde du cinéma. Timide devant l’audience, la jeune actrice principale raconte avoir passé son casting par hasard, via les petites annonces affichées dans son académie.
La réalisatrice évoque quant à elle les six années passées pour tisser son scénario, l’immersion prolongée dans un centre d’urgence pour enfants placés à Forbach, en Moselle (France), l’histoire d’une petite fille qu’elle rencontre là-bas. Ultra sensuelle et sexuée, cette enfant âgée de 6 ans à peine subit l’inceste avec son père. « C’est notamment de cet imbroglio que le personnage de Dalva est inspiré », décrit Emmanuelle Nicot.
Durant les « castings sauvages » qu’elle entreprend, caractéristiques de la cinéaste depuis ses premiers courts-métrages, les parents qu’elle rencontre lui avouent tou·tes que leur enfant ne connaît pas la signification du mot inceste. Comment dénoncer un mal qu’on ne sait pas nommer, alors ?
Interdit aux moins de 12 ans, Dalva est certainement un point d’entrée pour aborder la problématique et expliquer aux plus jeunes ce dont relève l’inceste. Un hommage aux institutions d’aide à la jeunesse, mais également un film qui tend vers la lumière en montrant que le déni des enfants permet de supporter l’insupportable, mais que l’amour répare.

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