Société

Le flou reste majeur pour les élèves du qualifiant

Le gouvernement supprime les 7e secondaires technique de qualification et restreint l’accès aux 7e professionnelles

Le gouvernement supprime les 7e secondaires technique de qualification et restreint l’accès aux 7e professionnelles. À la rentrée, des élèves devront changer de voie en milieu de parcours. La ministre a assuré via un cadastre une alternative pour chaque formation supprimée. Mais quelle durée de formation ? Quel contenu ? En cours du jour ou du soir ? Quels coûts ? À quatre mois de la fin de l’année scolaire, ces élèves ne savent toujours pas.

Très concrètement, la décision est la suivante : à quelques exceptions près, les élèves achevant leur 6e secondaire qui reçoivent un CESS ne peuvent plus s’inscrire dans une 7e année. Ils et elles doivent se réorienter vers la promotion sociale, l’IFAPME ou l’enseignement supérieur pour poursuivre leur parcours comme ils et elles le projetaient initialement. Ce 10 mars, la ministre Glatigny assurait via un cadastre qu’une alternative serait trouvée pour chaque formation fermée. Certain·es élèves savent donc déjà que leur temps de trajet sera allongé pour terminer leurs études dans un autre établissement. Bien d’autres choses par contre restent incertaines.

Plus que des économies pour le futur : des élèves éjectés au milieu de leur parcours

La question aurait été différente si ça n’avait été que pour les futur·es élèves que la ministre de l’Éducation avait décidé de déterminer qui de l’enseignement qualifiant, qui de l’IFAPME et qui de l’enseignement de promotion sociale organise quelle formation. L’enjeu majeur, c’est que ce n’est pas pour le futur que la réforme est faite. C’est pour les élèves en cours de cursus, et dès la rentrée prochaine.
Les élèves aujourd’hui en 3e, 4e, 5e, 6e technique de qualification voient le programme d’études dans lequel ils et elles s’étaient inscrit·es bouleversé en cours de route. On leur annonce des alternatives, mais à l’heure d’écrire ces lignes, et malgré le cadastre publié, l’incertitude persiste. La durée de la formation alternative à cette 7e année sera-t-elle d’un an, d’un an et demi, de deux ans ? On ne sait pas. Quelle qualité d’encadrement (la promotion sociale fonctionnant en enveloppe fermée, le secteur est sous tension) ? On ne sait pas. Le contenu de formation sera-t-il proche ou assez différent de ce qui était initialement organisé ? On ne sait pas…
S’il juge que l’alternative n’est pas suffisamment acceptable, le gouvernement pourrait envisager de rétropédaler et maintenir la 7e ouverte. Mais d’ici là, pour les familles, c’est le sentiment d’une épée de Damoclès qui pèse sur leurs têtes. Parce que la détermination de ce qu’est une alternative « possible » ou « souhaitable » dépend d’une négociation entre les deux partenaires de gouvernement. Alors que les mesures d’économie et d’exclusions, elles, ont déjà été coulées dans le décret MR-Engagés.
Comme nous l’a dit un directeur d’école, « lorsqu’on ferme l’accès à un chemin en travaux, on annonce le cul-de-sac au début du chemin et non au bout, quand il n’est plus possible de faire demi-tour »…

Insécurités scolaires, mais aussi insécurités financières

De très nombreuses familles fréquentant l’enseignement qualifiant éprouvent des difficultés financières significatives. Une récente étude de la Ligue des familles auprès de 4 000 parents montre que la proportion de familles témoignant d’un besoin d’aide financière est deux fois plus importante dans le qualifiant que dans le général. 36% des familles du secondaire général témoignent avoir besoin d’une aide au financement des études, contre 64% dans le qualifiant.
Pourtant dans ce contexte, le gouvernement Degryse et la ministre Glatigny avancent aussi dans le noir. La Ligue des familles a ainsi dû batailler pour faire prendre conscience au monde politique que dans les alternatives envisagées à la 7e secondaire (promotion sociale notamment), les frais d’inscription de base comme complémentaires sont significatifs, que s’y ajoutent des frais de matériel, d’activités et de consommables qui aujourd’hui ne sont pas monitorés, que la législation encadrant les frais scolaires en secondaire ne s’y applique pas et que parmi les jeunes exclu·es, on retrouve un certain nombre d’élèves boursiers qui n’auront plus droit à cette aide financière en promotion sociale… Fin février, la ministre-présidente Élisabeth Degryse indiquait au Parlement que plusieurs centaines d’élèves de 7e technique de qualification ou de 7e professionnelle ont jusqu’à présent accès à des bourses d’études.
La Ligue des familles œuvre pour assurer le maintien de ces jeunes exclu·es en milieu de parcours dans des conditions financières identiques ou équivalentes à ce dont ils et elles auraient pu bénéficier en 7e. La ministre Glatigny a ouvert la porte à exonérer une partie des frais d’inscription, mais ne s’est pas avancée à ce stade sur les droits d’inscription complémentaires qui varient entre chaque établissement. Dans certaines formations, ils chiffrent à une centaine d’euros…