Société

Deux familles touchées de près par le handicap nous ont ouvert leur porte le temps d’une rencontre. Sans tabous, parents et enfants racontent leurs hauts et bas. Témoignages croisés.
Jasmine a 19 ans, mais se sent encore petite fille. Elle habite à Bruxelles, dans la maison spacieuse de ses parents. Isabelle et Yvan n’avaient jamais été confrontés au handicap avant la naissance de leur premier enfant. Dès les premiers mois, le manque de connexion dans le regard de leur fille les frappe : « Elle réagissait peu. On pouvait casser un verre à côté d’elle, sans qu’elle cligne des yeux. On se doutait que quelque chose clochait ».
C’est à 9 mois que le diagnostic tombe : déficience intellectuelle. Selon une spécialiste, Jasmine ne sera jamais autonome. C’est la douche froide pour les jeunes parents. Le pédiatre relativise alors le diagnostic et les encourage à stimuler Jasmine au maximum, afin de développer son potentiel. « Après cette expérience, on a décidé de s’entourer exclusivement de gens bienveillants... médecins y compris ».
Même constat pour Ann-Sophie et Vincent : les troubles invisibles de leur fils Maxence suscitent souvent le jugement. À 7 ans, le jeune garçon passe plutôt pour un enfant mal élevé aux yeux des vieilles dames du quartier. Ann-Sophie a appris à s’adapter et ne se rend plus que dans des commerces où son fils est connu et accepté. « S’il dérange, on n’y va plus, tout simplement ». En plus d’être hyperactif, Maxence est dysphasique et dyspraxique. Cela se traduit notamment par un développement altéré du langage et par des gestes brusques et involontaires.