Développement de l'enfant

L’ENFANT PAS À PAS
Voici venu le moment où votre enfant, rempli de la certitude de pouvoir compter sur la constance de votre amour et de votre attention, peut commencer à supporter les moments d’inconfort quand il doit chercher seul à s’occuper, prendre des petites décisions (« J’accepte que mes parents me mettent au lit ou je leur fais une scène ») et parfois se réassurer si vous êtes absents…
En s’appuyant sur les souvenirs de présence, il peut s’imaginer en lien avec ceux dont il a besoin et trouver à s’employer par lui-même. Il n’y a plus, pour les adultes qui l’entourent, cette nécessité de remplir, combler, boucher les espaces de besoins sans limites dont fait preuve un tout-petit. Bien sûr, l’enfant de 2 ans va continuer à exiger ce « tout amour ». Cet insatiable appétit de la présence, de l’attention, du corps, de la tendresse de l’autre ne s’éteint d’ailleurs que dans la mort, mais il peut supporter des moments de distance, des moments d’absence, des moments d’indisponibilité de ceux qui forment son entourage.
Plus. Ce vide de présence lui est nécessaire pour faire l’expérience qu’il a des ressources, que sa pensée est créatrice de solutions, qu’il peut supporter, sans s’effondrer, l’absence de l’autre et qu’il ne sera, en fin de compte, pas abandonné.
Ces dernières années, l’accent a beaucoup été mis, en éducation, sur la sécurité ressentie, créant ainsi, hélas, une pression mal pesée sur les épaules des parents. Oui, la sécurité qu’éprouve un petit dans l’attachement à ceux qui font son environnement quotidien est primordiale, mais la sécurité n’est précisément pas faite que de présence. Elle se dessine dans l’alternance de présence et d’absence, de vide et de plein, de don et de refus, de disponibilité et d’indisponibilité… C’est lorsque l’enfant peut faire lui-même l’expérience qu’il n’est pas détruit parce qu’il ne reçoit pas, parce qu’on ne l’anime pas, parce qu’il est éloigné un moment, parce que l’attention n’est pas centrée sur lui qu’il peut vraiment se sentir en sécurité et déployer toutes ses capacités.
Beaucoup de parents se disent épuisés face aux exigences de leur petit bout. Mais ils n’osent s’octroyer le droit de lui opposer un refus, de le faire attendre, de s’éloigner de lui par crainte de le frustrer ou, pire, de le « traumatiser » et de l’angoisser.
Face à des nouveautés, ressentir du stress ou même de l’angoisse est normal, et accepter cela pour son enfant n’est pas à confondre avec le fait de faire de lui une personne angoissée. Vivre avec de telles craintes représente des entraves qu’on ajoute à celles déjà dures que nous imposent nos vies où « on n’a pas le temps », où « on est débordé » et où « on se sent triste de passer sa vie à houspiller sa progéniture plutôt que d’en profiter ».
Alors, desserrer l’étau ne peut que faire du bien à tous ! Et si ça passe parfois par des pleurs et des grincements de dents, accepter de laisser grandir son enfant, c’est d’abord accepter de ne plus être le parent tout-puissant, généreux à souhait, à la patience sans limites, aimant jusqu’à se perdre, mordant sur sa chique pour ne jamais se montrer énervé, s’épuisant à donner…
Les petits ont bien plus de ressources qu’on ne l’imagine, si, dans leurs premiers mois, ils ont été nourris d’amour et d’attention. Leur faire confiance est un cadeau qui les fait grandir.
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