Crèche et école

L’égalité par les parents

On parle plus de collectif que de comité ou d’association. Pour coller à la dimension solidaire. Et comme on va le voir avec ce rapide tour d’horizon, ce n’est pas qu’une question d’appellation.

« S’accompagner entre parents ». Bernard Hubien (Ufapec) résume bien l’idée. Le témoignage d’une enseignante en début de dossier nous montre combien il est important que chacun·e veille sur l’autre dans un lieu de vie comme l’école, carrefour de plusieurs horizons, de plusieurs réalités. En cela, rien de mieux que l’implication de certains parents.

Dépasser les craintes

« Le tract et les cafés, il n’y a que ça de vrai ». Salarié d’un parti politique, Manu ne badine ni avec son engagement, ni avec celui des autres. Pour lui, se rassembler, se grouper, c’est l’enjeu clé des prochaines années. Mais, attention, les pièges sont nombreux qui tendent aux divisions.
« L’école joue un rôle. Mais on ne doit pas tomber dans l’idée d’avoir une poignée de zinzins qui se débattent seuls pour les autres. Chacun doit relever ses manches. Pas juste les bohèmes ou les militant·es. Avec les copains-copines, on va voir les parents, un par un, et on les engage sur des petites actions. ‘Tu peux venir animer le café mardi matin ?’, ‘Tu peux organiser la donnerie à la fin du mois ?’. Beaucoup sont timides au départ, il faut quasi aller les chercher par la main, mais une fois qu’ils sont dedans, c’est pour longtemps. »
Bernard Hubien confirme qu’il y a des craintes, en effet. « Le rapport à l’école varie selon les univers socio-économiques. Il y a aussi l’idée encore solidement ancrée que ‘les parents ne s’intéressent pas à l’école’ selon une certaine partie du corps enseignant et les autres parents eux-mêmes. N’importe quel père, n’importe quelle mère a besoin d’être considéré·e comme un·e adulte capable. Je me suis rendu dans une école pour rétablir des liens très tendus entre AP et PO. Les professeur·es étaient assis·es sur des chaises d’adultes. Moi, sur une chaise avec des accoudoirs et les parents sur des chaises de primaire. Pour les parents outillés, ce n’est pas un drame. Mais pour ceux qui n’ont pas les armes, c’est une cata ». C’est justement là où le collectif vient renforcer l’égalité. Ça veut dire quoi, tiens ?

« Toute une bande derrière »

Valérie, déléguée de sa classe, est devenue très copine avec Meryem, maman d’Amira. Cette dernière, en difficultés scolaires, est maintenue en P3 - pour rappel, on ne parle plus de redoublement. De la P1 à la P4, le parent peut contester. Meryem, pour plein de raisons diverses, demande à Valérie de l’assister à la chambre de recours.
« Je n’étais ni prête, ni formée. J’en parle à d’autres parents qui, à leur tour, se sont renseignés et m’ont indiqué les services d’une AMO (action en milieu ouvert) qui soutient le droit des jeunes. Au moment de défendre Amira, on a senti qu’il y avait tout une bande derrière qui nous soutenait. Ça a ému tout le monde. »
N’oublions pas que, comme on l’a vu précédemment, l’argent récolté à l’occasion des différentes activités permet au collectif de parents de financer de quoi renforcer la solidarité. On retrouve Bernard Hubien, fort marqué par une opération qui s’est montée dans une école en Province de Liège. À l’occasion d’une classe de neige, l’AP a décidé de fournir des bonnets et des pulls aux élèves. « On ne parle pas d’une école privilégiée, mais bien d’un établissement qui comprend 48% de familles au chômage. Cet élan de solidarité a suscité une véritable fierté pour tous les enfants qui arboraient fièrement les vêtements spécifiques aux couleurs de l’AP ».
De son côté, la Fapeo évoque différents projets menés avec Bibliothèque sans frontières, pour promouvoir la lecture auprès de familles éloignées du monde des livres. Ailleurs, on organise des cours de FLE (français langue étrangère), des opérations comme les Hirond’elles, via Molenbike, ou encore la Ligue des familles qui apprend à des mamans apprenantes en FLE à faire du vélo pour être pleinement autonomes et mobiles.

De grands nous

L’engagement n’est pas à sens unique. Des organismes comme la Fapeo ou la Coalition des parents de milieux populaires portent les intérêts des enfants et des familles à l’école. Véronique de Thier et Joëlle Lacroix de la Fapeo évoquent un collectif qui se réunit tous les mardis, uniquement pour se concentrer sur des problématiques qu’il fait remonter à la direction ou au PO dans un véritable souci de partenariat.
« Le collectif contribue à des changements de mentalité. Le groupe qui se crée visibilise, mobilise. Il montre aux autres parents d’autres façons de penser ou, à l’inverse, expose des problématiques communes. Ce qui fragilise le parent plus que tout à l’école, c’est l’individualisme. L’engagement collectif, c’est ça : voir les thématiques qui nous concernent toutes et tous aller au-delà du ‘je’ simple et individualiste et trouver partout autour de soi le moyen que ces ‘je’ se multiplient pour en arriver au ‘nous’. »
Voilà qui résume bien l’implication à l’école. C’est un moyen de prendre conscience de la nécessité des grands nous.

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