Développement de l'enfant

Les bruits de prouts l’attirent !

Bababa baaa tata tin haammm… La gamme des sons que produit votre bébé s’élargit encore ce mois-ci. Les vocalises se diversifient et s’affinent. Ce début de langage chantonnant deviendra un jour un « Je t’aime de tout mon cœur plein d’amour » ou « J’veux encore des friiiites », mais pas tout de suite.

Depuis ses 3-4 mois, votre bébé gazouille et produit quelques syllabes : ses premières vocalises. Il rigole à certains bruits et tente de les reproduire. L’enfant de moins de 1 an explore les sons : il claque sa langue et adore écouter attentivement les différents bruits de bouche qu’un « grand » fait pour attirer son attention. Comme la petite Yara qui s’amuse des prouts que son papa produit avec sa bouche (lire le témoignage de Leïla, sa maman, ci-dessous). Même sans les mots, la communication se construit un peu tous les jours. Il y a les mimiques qui trahissent parfois la joie, parfois la peine, la contrariété… sans compter tous ces bisous envoyés, ces câlins et ces non, non, non de la tête qui veulent parfois dire non, parfois dire… oui. Toutes ces formes de communication précèdent l’arrivée du langage.
Faire non avec la tête, c’est déjà un bon début. Car, à 10 mois, c’est trop tôt pour prononcer des mots. Tourner la tête de droite à gauche permet de montrer son désaccord. Et très vite, ce sont des cris ou des pleurs qui prennent le relais pour exprimer l’excitation, le malaise, la peur, la frustration… Des émotions sur lesquelles vous, parents, pouvez mettre des mots.

Pour aider votre enfant à s’intéresser à la langue, un seul conseil : parlez-lui

Car votre bébé comprend de mieux en mieux la langue dans laquelle il est baigné. Il s’est habitué à la musique de sa langue maternelle, il reconnaît les intonations qui la caractérisent et même certains mots. Le processus d’acquisition du langage est bien en route.
En s’approchant de son premier anniversaire, votre enfant saisit de mieux en mieux le sens de certains mots. Il reconnaît déjà son prénom, même s’il ne parvient pas encore à le dire lui-même.

Immersion, puis production

Dans quelques mois, après avoir bien entendu, intégré et enregistré la langue dans laquelle il est immergé au quotidien, votre enfant sortira ses premiers mots. Il commencera par des mots simples, composés de deux syllabes identiques (comme papa, mama, tata, toto ou nènè, par exemple). Au début, seules les oreilles averties le comprendront. Mais avec du temps et de l’entraînement, sa prononciation s’affinera et votre petit perroquet se fera comprendre par un cercle plus grand de personnes. « C’est trop gai de reconnaître les mots ou tentatives de mots de notre Gaston, raconte Muriel, il dit "cocor" pour encore, "lolo" pour de l’eau… Chaque fois qu’il babille, je tends l’oreille avec amusement et j’essaie de deviner ce qu’il me dit. »
« Et quand sortent les "vrais" mots ? », nous demande une maman légèrement impatiente. Pour la plupart des enfants, ils sont entendus entre leurs 12 et 18 mois. Parfois plus tôt, parfois plus tard. « Progressivement, après son premier anniversaire, un enfant maîtrise une petite dizaine de mots. Il poursuit son apprentissage pour connaître, entre 18 et 24 mois, une véritable explosion lexicale », explique Myriam Piccaluga, professeure des sciences du langage à l’Université de Mons. Mais tous les enfants ne suivent pas ce schéma. Certains parlent plus tôt, d’autres plus tard ; sans que cela ne soit problématique.

Et s’il ne dit rien ?

Pour aider votre enfant à s’intéresser à la langue, un seul conseil : parlez-lui. Directement, en le regardant et sans bruit de fond comme la télé ou la radio qui pourraient parasiter l’échange. N’hésitez pas à décrire ce que vous faites, à nommer les objets avec lesquels il joue ou les actions qu’il est en train de faire : « On passe à table, on va manger », « Tu as vu ton doudou, il est où ton doudou ? Ah, il est là ton doudou… » Tous ces échanges sont intéressants pour un enfant. Vous pouvez faire « radio papote » pour votre loupiot sans hésiter. Ce petit être curieux de tout et curieux de vous adorera vous entendre et, petit à petit, vous comprendre… vous parler.

ZOOM

Nos petits parlent aussi avec les mains !

La communication signée avec son bébé (on parle aussi de communication gestuelle associée à la parole) est une tendance qui arrive doucement chez nous. Le principe ? Apprendre au petit, depuis ses 6 mois environ (mais cela peut commencer plus tôt), des gestes qui lui permettent, dès ses 9-10 mois, de se faire comprendre et de communiquer avant même de pouvoir parler. Bref, des gestes qui facilitent les interactions entre lui et ses tout proches.
Pour certains adultes, parler avec les mains, c’est naturel et spontané : on agite une main pour dire au revoir, on joint les mains sous une oreille pour annoncer l’heure du coucher et on envoie tendrement des bisous en soufflant au creux d’une paume. Et les bébés imitent souvent ces gestes avec entrain.
Pour aller plus loin dans ce type de communication et mieux comprendre votre enfant qui ne parle pas encore, vous pouvez vous appuyer sur la langue des signes francophone de Belgique (un courant l’utilise telle quelle, un autre s’en éloigne nettement). Bien sûr, ces signes s’accompagnent toujours de vos paroles – et donc, cette façon de faire ne retarde pas l’acquisition du langage chez l’enfant.
« Manger », « boire », « dormir », « pipi », « caca », « fini », « encore »… Des ateliers permettent aux parents de s’initier aux gestes de base. Mais, répétons-le, chaque famille est libre d’inventer ses propres codes et de les partager avec son entourage.

LES PARENTS EN PARLENT…

Fous rires partagés
« Ma petite Yara "dialogue" beaucoup avec son grand frère, le fils de mon mari. C’est un ado tout long, mince et plutôt timide en général. Avec sa petite sœur, il se lâche et fait le clown. Il est le seul à savoir la faire rire si fort et si souvent. Il fait cette drôle de grimace : les yeux ronds et les joues remplies d’air, il produit un bruit bizarre en dégonflant ses joues. Chaque fois, ça se termine en fou rire partagé. Je ne sais pas si ce sont les plaquettes dentaires de son frère, ses yeux ou les bruits qui font marrer la petite, mais ça l’amuse beaucoup. Et c’est beau de voir cette complicité s’installer. En règle générale, notre petite princesse est attirée par les bruits de la ferme qu’elle essaie d’imiter et tous les bruits de bouche qui ne sont pas des mots : quand son papa fait "toc toc" avec ses joues, "prout" avec sa bouche ou quand il l’embrasse bruyamment. Et puis, elle s’amuse aussi à faire de drôles de sons, parfois on dirait qu’elle chantonne, mais souvent elle crie pour se faire entendre. »
Leïla, maman de Yara

Trois langues dès le début, c’est compliqué
« Lucas ne parle pas encore, même s’il a bientôt 1 an et demi. Il fait non avec la tête, il produit des sons mais ce n’est compréhensible ni en français, ni en allemand, ni en néerlandais. Notre fils est plus physique. Il marche bien, il fonce partout et il adore suivre un ballon qui roule. On ne se tracasse pas pour la langue. À chacun son rythme. Et puis, avec une langue pour chacun de ses parents et une troisième langue à la crèche, apprendre à parler, c’est sûrement plus compliqué au début. Heureusement pour lui, les pleurs et les cris se comprennent dans toutes les langues ! »
Jean-Christophe, papa de Lucas

L’AVIS DE L’EXPERTE

Le langage s’apprend dans l’interaction

Myriam Piccaluga, professeure des sciences du langage à l’Université de Mons

Une étude que j’aime beaucoup a été réalisée aux États-Unis avec des bébés de 10 mois. Pendant un mois, ils ont été étudiés en quatre groupes :

  • les bébés du premier groupe bénéficiaient d’histoires racontées en chinois de vive voix ;
  • ceux du deuxième groupe regardaient et entendaient les histoires en chinois en vidéo ;
  • le troisième groupe écoutait les histoires sur bande audio ;
  • et le quatrième groupe n’écoutait pas d’histoire : c’était un groupe test.

Après un mois, seuls les bébés qui ont été en interaction directe pouvaient faire la différence entre certains sons chinois. Le langage s’apprend dans l’interaction. Entendre du chinois en audio ou en vidéo, ça ne sert à rien du tout si personne ne parle directement à l’enfant dans cette langue.

EN PRATIQUE

Les livres, oui, la télé, non !

  • « La lecture est un des éléments qui favorisent l’accès à une syntaxe et un lexique riches, explique la spécialiste du langage Myriam Piccaluga. La lecture est une pratique familiale qui favorise l’apprentissage d’une langue. »
  • Évitez d’installer votre bébé devant un écran de télé pour qu’il « apprenne » quelque chose. Les spécialistes répètent que les écrans sont inappropriés et même toxiques pour les moins de 3 ans. Toutes les infos sur www.yapaka.be.

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