Vie pratique

Trouvez-vous que l’autre grand-mère prend trop de place ? Avez-vous déjà ressenti de la jalousie en voyant vos petits-enfants en compagnie du grand-père « d’en face » ? Les rivalités entre grands-parents existent pour mille et une raisons. Parce que les parents privilégient plutôt les uns que les autres. Parce que le lien s’est (mieux ?) noué à coups de gâteries chez la mamy de l’autre côté. Parce qu’on se met aussi des idées en tête, persuadé(e) que la petite sourit plus à Babou qu’à Mamou. Comment gérer cette jalousie et faut-il en avoir honte ? Des mamys et des papys nous disent comment ils se débrouillent ou pas avec ce sentiment encombrant…
« L’anniversaire de mon petit-fils se fête chez les parents de mon gendre, Laurent. J’enrage. Les 6 ans de sa sœur se feront chez moi ! » Gabriel, 62 ans
- Laure, 59 ans… animale
Je me suis retrouvée un jour comme un animal, revendiquant mon territoire. C’était un dimanche à la maison, avec les grands-parents réunis. Mon petit-fils n’avait pas 2 mois. Comme toute bonne hôtesse, je faisais le service pendant que l’autre grand-mère jouissait du bébé. Un moment donné, je n’en pouvais plus et j’ai dit à haute et intelligible voix : « C’est à mon tour, maintenant ! ». Croyez-moi, je me suis fait peur !
- Marc, 70 ans, constate…
Un de mes petits-enfants a une relation privilégiée avec son grand-père maternel. C’est aux parents de faire la part des choses. Seuls eux savent pourquoi la relation a évolué comme ça - et encore, n’y a-t-il pas beaucoup d’inconscient dans tout ça ? Moi, je connais mes limites. Je comprends et accepte que pour certains grands-parents le petit-enfant est synonyme de désir de vie. Je ne suis pas un homme de compétition, même mes propres enfants n’étaient pas un enjeu.
- Sabine, 57 ans, prend sur elle
Je sens bien que ma belle-fille tient à ce que les familles s’entendent et se voient. Oh, pas trop souvent ! Mais deux à trois fois par an, dans la bonne humeur. Alors, je me surveille, tente de rester à ma place même si ça me démange de jouer un peu des coudes. D’autant plus que l’autre grand-mère ne prend pas toutes ces précautions, elle ! Quand elle veut voir notre petit-fils, elle ne se gêne pas pour le dire. Mieux, elle en intime l’ordre !
- Majo, 58 ans, trop bien éduquée
J’habite à Toulouse. 1 000 kilomètres me séparent de mes petits-enfants. Comment voulez-vous que je ne sois pas jalouse des grands-parents maternels qui habitent à deux pas des ces petits bouts ? Mais je ne dis rien, je ne veux pas commencer à me plaindre. Inutile de donner des soucis à mon fils. Je me contente de voir mes petits-enfants durant les longs congés, mais est-ce suffisant pour qu’ils tiennent véritablement à moi ? Durant l’année, ils doivent m’oublier. Et surtout ne me parlez pas de Skype, rien ne vaut le contact direct !
- Françoise, 63 ans, le cœur gros
Moi non plus, je ne veux pas embêter les enfants avec tout ça, mais j’ai parfois de petits pincements au cœur. J’ai souvent l’impression que mes petits-enfants s’amusent davantage chez les autres grands-parents. Parfois, j’essaie de savoir auprès de l’aînée de mes petites-filles (ou auprès de leur mère, mais elle, elle ne me répond pas !) ce qu’elles y font. « On cueille des framboises », me souffle la petite. Je rétorque : « Mais chez nous, il y a des lapins, hein, tu aimes bien les lapins ? »
- Danny, 72 ans, mamy câline
Moi, je passe des heures à papoter au lit avec ma petite-fille quand elle passe la nuit chez moi. Je suis sûr qu’elle préfère dix fois plus nos moments câlins qu’un séjour à Disneyland.
- Yves, 69 ans, même pas peur
Je ne vous comprends pas. Vous êtes une majorité à craindre que vos petits-enfants vous échappent et vous n’en parlez jamais avec leurs parents. De quoi les grands-parents doivent-ils avoir peur ? Pourquoi ne pas dire à votre fille, à votre fils (ou au couple) que vos petits-enfants vous manquent ? Pourquoi ne pas proposer l’une ou l’autre activité à partager avec eux ? Moi, je trouve qu’il faut être franc avec eux, d’un côté comme de l’autre, on est des adultes, on peut avoir des échanges d’adultes.
- Patrick, 64 ans, culpabilisé
J’ai déjà tenté le coup et mon fils m’a regardé tout étonné en me disant que je ne m’étais jamais occupé autant de lui que de mes petits-enfants. Cette réponse m’a désorienté.
- Véronique, 61 ans, l’élue
Ma fille vient de mettre un deuxième garçon au monde. L’autre jour, elle m’a dit, un peu amère : « Décidément, je serai toujours la belle-mère ». Elle n’a pas tort : je sais que mes filles confieront toujours leurs enfants à moi d’abord. Elles ont confiance dans ma manière de faire, elles se souviennent qu’elles les ont vécues.
- Jacqueline, 66 ans, disponible
C’est moi qui garde la plupart du temps les enfants de ma fille. Est-ce parce que je suis sa maman ? C’est vrai que nous avons une histoire commune, celle de mettre au monde un bébé… Mais je crois qu’on m’appelle souvent à la rescousse parce que je travaille à mi-temps, je n’ai pas de vie de couple et que je n’habite pas trop loin.
- Anne, 68 ans, grand-mère de référence
Les grands-parents du côté de mon gendre disent que je suis taillable et corvéable à merci. Je ne suis pas d’accord. Moi, je suis très contente de voir mes petits-enfants au minimum deux fois par semaine. Je vais les chercher au sport ou à l’académie, je les conduis à l’école, chez la logopède… j’ai déjà fait le tour de toute l’équipe qui les éduque ! Ça me permet de garder un lien avec le monde, de pouvoir continuer à être concernée par la société au quotidien.
- Myriam, 61 ans, ah la vie moderne !
Les rencontres avec mes petits-enfants sont programmées. Chaque semaine, je sais que je les vois tel et tel jour. Chez les grands-parents du conjoint de ma fille, il n’y a pas de régularité. Il faut dire que la famille a eu quelques soubresauts, s’est décomposée pour se recomposer ensuite. Le grand-père a aujourd’hui des enfants qui ont l’âge de ses petits-fils. Difficile pour lui de faire vivre tout ce petit monde ensemble.
- Jean-Pierre, 65 ans, au pays des Bisounours
Sommes-nous des privilégiés ? Quand je compare mon histoire à celle des autres papys et mamys, je me rends compte que chez nous, tout baigne… Nous nous entendons très bien avec les parents de ma belle-fille. On ne se voit guère parce que près de 600 kilomètres nous séparent, mais nous sommes malgré tout complices. Quand nous gardons les petits-enfants, la grand-mère d’en face nous téléphone toujours très gentiment pour nous demander si on n’a pas besoin d’un coup de pouce. Et vice versa.
ZOOM
La rivalité des grands-parents en chiffres
En 2011, Plus Magazine aux Pays-Bas a réalisé un sondage sur la rivalité entre grands-parents en Europe. Quelques chiffres triés sur le volet.
- 17 % des grands-parents interrogés pensent que les autres grands-parents ont un meilleur contact avec les petits-enfants.
- 60 % des grands-parents, conscients de cette rivalité, en souffrent.
- Les mamys en souffrent davantage (73 %) que les papys (48 %).
- Les autres grands-parents sont plus proches de leurs petits-enfants : parce qu'ils habitent plus près (51 %), parce qu'ils voient leurs propres enfants plus souvent (41 %), parce qu'ils ont davantage de temps (5 %) ou de moyens financiers (3 %).
- 31 % des mamys et papys le disent à ceux de l’autre bord.
- 22 % se taisent.
- 41 % cherchent à voir davantage leurs petits-enfants.
- Seuls 8 % des grands-parents en parlent avec leur enfant.
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