Développement de l'enfant

Les morceaux, c’est quand il veut, comme il veut

Repas : pour votre enfant, les morceaux, c'est quand il veut, comme il veut

Une question que des parents posent quand leur grand bébé atteint l’âge de 1 an : « Est-ce qu’il peut manger de tout maintenant ? ». Beaucoup constatent que 1 an n’est pas à proprement parler un seuil quand il s’agit des repas : certes, les découvertes – de nouvelles saveurs, de nouvelles odeurs, de nouvelles textures… – se multiplient, mais les choses se poursuivent en fait progressivement… au rythme de l’enfant.

« On reste dans une "alimentation bébé", avec des repas spécifiques pour lui, selon Catherine Ghion, infirmière qui a travaillé dans une collectivité de jeunes enfants. Il y a une ouverture, mais ce n’est pas encore la grande ouverture qui fait dire qu’il mange "comme les grands". » En matière de diététique infantile, les professionnels peuvent se contredire, certains étant par exemple particulièrement attentifs aux risques allergiques. « Pour sortir des avis contradictoires, les parents ont intérêt à prendre leurs conseils auprès d’une seule source : le pédiatre, la consultation de l’ONE… », propose Catherine Ghion.
Autre question de parents : « Notre enfant peut-il désormais manger avec nous, à table ? » Là, chaque famille fait comme elle le sent. À chacune son style, son plaisir ! Pendant que vous donnez à manger à votre petit, il a peut-être envie d’avoir lui aussi une cuillère en main : il en découvre le maniement. Il fait ses essais, comme prendre la nourriture à pleine main, la mettre dans la cuillère et tenter d’approcher celle-ci de sa bouche. Avec le risque d’en mettre partout… selon vos limites à vous !

Pour les morceaux, rien ne presse

Votre enfant – un gourmand ? – découvre des nouveaux goûts dans son assiette. Et dans la vôtre. Nouveautés, qui ne le sont peut-être pas tant que ça pour lui : les petits morceaux et les aliments séparés (pommes de terre d’un côté, légumes de l’autre et morceaux de viande à part). À essayer, sans obligation. « Une grande disparité existe entre enfants, constate Catherine Ghion. Certains n’ont aucun problème avec les morceaux. D’autres ont du mal à s’habituer à ne pas avoir une texture tout à fait lisse en bouche, les morceaux ne leur plaisent pas, c’est une question de sensibilité. Ce rejet peut être très ciblé et ne concerner que certains aliments : il n’y a pas de logique là-dedans ! Avec de tels enfants, il faut simplement de la patience. Il s’agit d’y aller progressivement : passer du mixé à l’écrasé, puis de l’écrasé à des morceaux mélangés ensemble, séparer ensuite les morceaux… L’idée, c’est d’arriver à des aliments en morceaux et à des goûts séparés… à terme. » Pas de stress, donc, si votre petit bout mange tout mixé jusqu’à ses 18 mois ou jusqu’à ses 2 ans ! Le déclic se fera bien à un moment.

Pendant que vous donnez à manger à votre petit, il a peut-être envie d’avoir lui aussi une cuillère en main : il en découvre le maniement

« Faire évoluer la consistance des aliments a comme intérêt de stimuler, peu à peu, à l’intérieur de la bouche, la circulation de la nourriture avec la langue, non plus seulement de l’arrière vers l’avant, mais aussi de gauche à droite, précise Catherine Ghion. L’enfant est alors dans une pré-mastication (avec une nourriture molle), voire dans une vraie mastication (s’il mâche des morceaux durs). Et même s’il n’a pas encore de dents, il peut se débrouiller pour manger un morceau de banane par exemple : il le fait simplement avec ses gencives. »

Quelles bonnes habitudes ?

Les bonnes habitudes se prennent tôt. Les points à se rappeler sont simples. Évitez les grignotages entre les repas : votre enfant mange à heures régulières. Et donc, pas de biberon ou de biscuit à portée de main tout au long de la journée ! Naturellement, le matin et le soir, un peu de temps peut passer entre le biberon (qui remplit déjà bien l’estomac !) et le complément de repas (une tartine beurrée, par exemple). Proposez quatre repas – petit déjeuner, dîner ou « repas chaud », goûter de fruits et souper – par jour et, éventuellement, une collation au milieu de la matinée. Pour les menus, votre créativité est à l’œuvre, vous visez la variété.
Pour les purées, potages et autres compotes, privilégiez les légumes et les fruits locaux et de saison : riches en vitamines, sels minéraux et fibres, ils contiennent en général les éléments dont on a besoin à ce moment-là de l’année. Alternez les féculents (qui apportent en continu l’énergie dont l’enfant a besoin) : pommes de terre, riz, pâtes, semoule, pain, céréales… Pensez aussi légumes secs (lentilles, pois chiches, fèves…). Au repas chaud, 15 à 20 grammes de viande, volaille, poisson ou œuf sont suffisants. Les protéines sont importantes pour la croissance, mais trop de protéines, ce n’est pas bon (pour les reins et à cause d’un risque d’obésité). Variez les lipides, ou matières grasses, qui interviennent dans la maturation du système nerveux : huiles végétales (olive, colza, tournesol…) et beurre frais. Ne salez pas, ne poivrez pas les plats, mais ajoutez des herbes aromatiques si ça vous plaît. Atteindre l’équilibre alimentaire est possible avec, de temps en temps, un repas végétarien. Quel lait donner ? Du lait maternel ou du lait de suite, enrichi en fer, qui répond mieux que le lait de vache (plus protéiné) aux besoins de l’enfant. Il refuse le biberon ? Essayez le gobelet, la tasse ou le berlingot avec une paille. Il refuse le lait ? Proposez-lui de l’eau (toujours essentielle), pas de boissons sucrées. Souvent, dès 1 an, deux biberons sont pris, au lieu de trois. Vous pouvez alors introduire des laitages, riches en calcium : du yaourt entier non sucré ou du fromage pas trop salé. Mais en quantité limitée, pour éviter le trop de protéines. Les produits sucrés (biscuits, chocolat, bonbons, gâteaux…) présentent plein d’inconvénients : à réserver, et en mini-quantités, aux fêtes. Enfin, même si le médecin ne vous le rappelle plus systématiquement, continuez à donner de la vitamine D à votre enfant.

Moins de rondeurs

Bon à savoir : en cas de souci de santé de votre petit – troubles digestifs, problèmes de peau, infections à répétition au niveau respiratoire ou ORL –, il est important de consulter un pédiatre allergologue : cela peut être une allergie ou une intolérance alimentaires.
Une observation, enfin : les rondeurs de votre enfant s’adoucissent. Les raisons ? « Jusqu’à 1 an, il a grandi et grossi pas mal ; maintenant, la vitesse de croissance se ralentit. Tout ce qui était un peu rembourré perd sa graisse. Et puis, à 1 an, il bouge énormément et dépense beaucoup de calories. Son appétit peut aussi devenir fluctuant. Si c’est le cas, rien d’inquiétant à cela », rassure Catherine Ghion.

L’AVIS DE L’EXPERTE

Favoriser l’autonomie de l’enfant

Catherine Ghion, infirmière qui a travaillé dans une collectivité d’enfants

Un enfant de 12-15 mois pour lequel on suit les conseils généraux tels que l’ONE les donne ou tels qu’on les défend dans Le Ligueur et mon bébé n’a pas de raisons de prendre trop de poids. Bien sûr, les conseils, on peut régulièrement les rappeler : limiter fortement les produits sucrés, ne pas forcer l’enfant à finir ses rations…
C’est en imposant à un enfant de manger 250 grammes à un repas, pas plus, pas moins, qu’on risque de perturber son rapport à la nourriture. Mais si on lui donne des aliments adaptés dans des moments de repas bien circonscrits, et dans une ambiance où on favorise son plaisir de manger et son autonomie, il n’y a pas de risque qu’il mange trop.
Bien sûr, si des parents donnent à leur enfant un énorme biberon de lait avec du cacao, du sucre ou du miel et si cet enfant a ce biberon à sa disposition 24 heures sur 24, alors, là, il y a un risque d’obésité. Mais ce n’est pas ce qu’on préconise…

LES PARENTS EN PARLENT…

Un peu de tout
« Noah a toujours été un bon mangeur. Il est très fort dans la découverte des goûts. Il a très tôt mangé un peu de tout. Et donc, 1 an n’a pas été un cap particulier pour lui. Il reçoit de plus en plus les aliments en petits morceaux, mais il n’aime pas trop. Les fruits, il ne veut pas les manger crus et en morceaux : s’ils sont en morceaux, ils doivent être cuits et, s’ils sont crus, il les réclame mixés. Et donc, il accepte un morceau de pomme cuite, mais pas crue ! Pour les légumes, c’est plus simple : il les mange cuits et en morceaux. Il n’y a pas vraiment d’explication à tout ça. Depuis peu, comme il essaie de prendre la cuillère qu’on a en main, on lui en donne une et il adore chipoter avec. »
Claire, maman de Noah, 14 mois

Plus cool avec la seconde
« On est plus cool avec Noémie, 1 an, qu’on ne l’était avec son grand frère Alexis, au même âge. On se permet de lui donner de tout, même une chips à 1 an ! Alexis n’a goûté sa première chips qu’à 16 mois. Le soir, de retour de la crèche, on lui donne son bibi parce qu’elle a super faim, puis elle est souvent à table avec nous. Elle se montre très intéressée par ce qu’on mange, alors on lui donne un morceau de ceci ou de cela, même si c’est plus épicé que ce qu’elle a l’habitude de manger. C’est difficile de tout évacuer autour d’elle et, si on lui refuse quelque chose, elle pleure : j’avoue que c’est parfois par facilité qu’on la laisse goûter à tout. »
Marie, maman d’Alexis, 4 ans, et de Noémie, 1 an

EN SAVOIR +

  • Bon rappel pour les questions sur l’alimentation jusqu’à 18 mois : la brochure De nouveaux aliments en douceur…, éditée par l'ONE.
  • Vous manquez d’idées de repas ? Inspirez-vous de livres de cuisine ou de sites spécialisés. Ils sont nombreux et souvent bien alléchants. Deux titres, par exemple : Le grand livre des recettes de mon bébé de Céline Richonnet (soit 200 recettes de 5 mois à 3 ans) et Ma cuisine pour bébé. Mes recettes naturelles pour des petits plats sains et gourmands d’Angèle Ferreux-Maeght (soit 90 recettes sans sucres et sans gluten, de 4 mois à 12 mois et plus), parus l’un et l’autre aux Éditions Marabout.