Développement de l'enfant

Les papas ne sont pas les mamans, et vice versa

L'ENFANT PAS À PAS

Des années après l’époque où mes enfants étaient nourrissons, il me revient encore des rêves envahissants et stressants : occupée par les multiples tâches et activités de la vie, j’oublie de m’occuper du bébé dont je suis responsable et le retrouve sec et sans vitalité parce qu’il n’a pas été nourri…

Ce rêve qui a maintes fois encombré mes nuits et même mes journées tant il me préoccupait semble être le lot de nombreuses autres mères. Timidement avoués et partagés, de tels songes sont les témoins de l’état de vigilance qui anime, jour et nuit, les parents d’un tout-petit. Ils signent la plus grande responsabilité que la nature impose : celle de veiller à la vie d’un bébé. Le pédopsychiatre Daniel Stern ajoute : « Ce qui rend l’expérience maternelle si singulière, c’est qu’elle oblige une femme à se préoccuper de choses tout à fait nouvelles et à agir sous l’emprise d’impulsions qui lui sont inconnues. La réalité de la responsabilité frappe les femmes de plein fouet ! » Voilà aussi ce qui, chez la femme, rend son ouïe plus alerte, ses capacités d’anticiper plus affinées, ses exigences plus pointues…
J’ai questionné quelques papas autour de moi. Aucun n’a fait ces étranges rêves. Sont-ils donc vraiment le lot exclusif des femmes ? Cela pourrait-il expliquer la vitesse de réactivité plus grande chez les femmes lorsqu’un petit fait appel à des bras consolateurs ? Cela pousse, certainement, à ne pas espérer que les manières de faire soient identiques chez celle qui a porté l’enfant et chez celui qui entoure la mère. Et tant mieux pour le bébé ! Même si sa couche n’est pas « serrée comme il le faudrait », même s’il est un peu secoué après une tétée, même si le pull choisi n’est pas de la bonne taille… ces petites variations d’expériences lui sont supportables et même bénéfiques, et elles lui indiquent qu’il rencontrera beaucoup de diversités d’être et de faire dans le futur.
Ah, cet éternel débat - stérile - sur les façons de faire singulières des pères ou des mères ! Il occupe fréquemment le terrain d’échanges entre femmes et fait souvent - et objectivement - problème dans le couple parental…
Peut-être qu’une façon de sortir de l’impasse qui consiste à exiger de l’autre de « faire du même » est de ne pas se poser en examinateur ni d’interférer dans ce qu’il fait. Mais de regarder avec du recul ce que cet autre fait et d’accepter que c’est différent, et que c’est bien aussi. Ou encore de s’intéresser de plus près à ses pratiques, ce qui permet des ouvertures à la nouveauté ou de bienveillants réajustements si nécessaire…
De toute façon, il y a place pour deux autour d’un tout-petit. Et lorsqu’on peut fonctionner ensemble dans l’équipe parentale, tout le monde est gagnant.

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